Bertrand Cantat poursuivi pour la mort de Krisztina Rady ? Ce que risque le chanteur
Tout part du documentaire Netflix "De rockstar à tueur : le cas Cantat". "Son visionnage m'a conduit à ressortir le dossier en recherches des causes de la mort ouvert à la suite du décès de Kristina Rády", a expliqué le procureur dans un communiqué. Il a rouvert l'enquête pour "violences volontaires par conjoint ou concubin". Des investigations qui visent donc Bertrand Cantat qui a partagé la vie de la Hongroise entre 1993 et 2003.
L'artiste avait été condamné à huit ans de prison pour le meurtre de Marie Trintignant en 2003. À sa sortie de prison en 2007, il logeait chez son ex-femme, Krisztina Rády, retrouvée pendue à son domicile en janvier 2010. L'autopsie avait conclu à un suicide. Plusieurs enquêtes ont été ouvertes ces dernières annes pour déterminer si Bertrand Cantat a joué un rôle dans ce décès, mais toutes ont été classées sans suite. Quinze ans après sa mort, une nouvelle enquête peut-elle mener quelque part ?
"Après examen, ayant constaté que le reportage diffusé sur Netflix contenait plusieurs affirmations et témoignages ne figurant pas dans les quatre dossiers ci-dessus évoqués, j'ai pris la décision de rouvrir ce dossier de violences volontaires au début de ce mois", a indiqué le procureur sur Franceinfo. C'est notamment le témoignage anonyme d'un infirmier qui a fait la différence : il affirme que la femme s'était présentée aux urgences après "une altercation avec son compagnon" avec un "décollement du cuir chevelu et des bleus, des hématomes", signifiant qu'elle avait "été très violemment attrapée par les cheveux ou traînée par les cheveux".
"On applique le droit pénal comme il l'était à l'époque des faits"
Que risque Bertrand Cantat si des violences ont poussé Krisztina Rády au suicide ? Le chanteur ne pourra pas être jugé responsable de la mort de son ancienne conjointe. "On applique le droit pénal comme il l'était à l'époque des faits", rappelle le procureur sur Franceinfo. Or, en 2010, il n'existe pas de peines pour suicide forcé, c'est-à-dire pour du harcèlement ayant conduit la victime à se suicider ou à tenter de se suicider. C'est en 2020 qu'une loi a été adoptée pour protéger les victimes de violences conjugales : elle établit qu'en cas de violences ou de harcèlement moral au sein du couple ayant mené au suicide de la victime, le conjoint risque des peines de dix ans d'emprisonnement et 150.000 euros d'amende.
Le chanteur de Noir Désir risque toutefois d'être poursuivi pour des violences volontaires, ce qui poserait la question de la prescription. Les poursuites pour violences conjugales peuvent être engagées jusqu'à 6 ans après la commission des faits, un délai dépassé depuis longtemps dans la cas de l'affaire Krisztina Rády. Mais lorsque les violences sont qualifiées de crimes, comme celles ayant entraîné la mort de la victime la prescription est portée à 20 ans. Cela signifie que le musicien peut encore être mis en cause pour des violences sur sa compagne. Mais pas pour sa mort.
Bertrand Cantat peut comparaître pour des violences conjugales si celles-ci sont avérées. Pour de tels faits, le code pénal prévoit, en cas d'incapacité totale de travail, cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende. Lorsque ces violences sur conjoint ont mené à la mort sans intention de la donner, l'infraction est passible de 20 ans de prison.