Près de 15 000 enfants immigrés sont arrivés en France sans leurs parents en un an, les plus vulnérables inquiètent les autorités

Près de 15 000 enfants immigrés sont arrivés en France sans leurs parents en un an, les plus vulnérables inquiètent les autorités Ces enfants, dont des fillettes vulnérables, font face à des difficultés considérables en France. Ils vivent parfois des drames humains.

Le chiffre, dévoilé début septembre, a de quoi inquiéter. 14 782 migrants mineurs sont arrivés en France en 2022. Près de 15 000 enfants qui ont la particularité d'avoir été accueillis seuls, sans aucun parent à leurs côté. Ce chiffre colossal est supérieur de plus de 30% au nombre de mineurs non accompagnés (MNA) pris en charge par les services de l'aide sociale à l'enfance l'année précédente. Si plus des deux tiers d'entre eux sont âgés de 16 ans ou plus, selon le rapport annuel de la Mission nationale mineurs non accompagnés (MMNA) du ministère de la justice, certains ont à peine plus de 10 ans. Et tous sont plus vulnérables que les autres réfugiés.

Pour ces mineurs, l'insécurité est omniprésente. Ce sont souvent des violences, quelles qu'elles soient, qui les poussent à migrer. La Côte d'Ivoire et la Guinée sont les deux principaux pays d'origine de ces jeunes migrants puisque 34% des mineurs non accompagnés arrivés en France viennent d'un de ces deux pays. Suivent la Tunisie, le Mali, l'Afghanistan, l'Algérie et d'autres. Mais d'autres violences prennent le relai durant la migration et se poursuivent une fois arrivée au point de chute, en Europe.

La traître des êtres humains, qui peut prendre la forme d'exploitation sexuelle, de servitude domestique ou de contrainte à commettre des délits, est un des pires fléaux capables de prendre au piège les migrants mineurs non accompagnés. Les trafiquants peuvent s'approcher de leurs victimes mineures durant leurs voyages, mais certains "viennent recruter [les mineurs] directement aux abords des foyers de l'aide sociale à l'enfance" français prévient le MMNA.

Des enfants sans protection suffisante

Les jeunes filles, qui représentent 6,8% des mineurs arrivés en France en 2022, sont particulièrement victimes de ces traîtres d'êtres humains. Beaucoup migrent pour fuir des violences qu'il s'agisse de "mutilations sexuelles féminines, d'un mariage forcé et/ou de violences domestiques ou intrafamiliales". Des maltraitances qui reviennent dans les témoignages des migrantes issues de différents pays : Côte d'Ivoire, Guinée, République démocratique du Congo ou encore Albanie.

Mais les routes migratoires et les terres d'accueil ne sont pas toujours synonymes de sécurité. Les arrivées plus nombreuses de migrants ont mis en tension les centres d'accueil français et les dispositifs départementaux de protection de l'enfance. Ces derniers disent manquer d'hébergements pour accueillir les mineurs dans des lieux adaptés avec des ressources sanitaires et médicales suffisantes. Résultat : les migrants mineurs se retrouvent en errance et peuvent être victimes du trafic d'êtres humains car sans défense, ni ressource. Une fois pris dans ces réseaux, rares sont ceux qui se plaignent aux autorités, de peur d'être renvoyés dans leur pays d'origine.

Une étude de l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille et la faculté de médecine d'Aix-Marseille publiée le 8 septembre dans la revue The Lancet montre que sur 273 femmes réfugiées interrogées, plus d'une sur quatre a été victime de violences sexuelles au cours de ses douze derniers mois sur le territoire français. Ces migrantes courent un risque dix-huit fois plus important d'être victimes de viol que les Françaises. Une situation préoccupante qui appelle une réponse immédiate indique Anne Desrues, sociologue et enquêtrice pour l'étude au Monde : "La violence sexuelle est un motif de départ, un impondérable du parcours migratoire, et un crime dont on ne les protège pas en France".