Guerre Israël-Hamas : Gaza sous les bombardements, les violences dépassent les frontières

Guerre Israël-Hamas : Gaza sous les bombardements, les violences dépassent les frontières Alors que les frappes israéliennes sur la bande de Gaza ne cessent de s'intensifier, le ministère de la Santé de l'enclave palestinienne, contrôlé par le Hamas, fait état d'un nouveau bilan de 22 600 morts.

Presque trois mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, les frappes de l'armée israélienne ne cessent de s'intensifier dans la bande de Gaza. Jeudi 4 janvier, les bombardements ont fait plusieurs dizaines de morts et une centaine de blessés dans l'enclave palestinienne, selon le Hamas. Tsahal a expliqué avoir ciblé des "terroristes qui voulaient placer un engin explosif près de soldats" et un dépôt d'armes du Hamas à Khan Younès, ville du sud de la bande de Gaza devenue l'épicentre des opérations militaires. Alors que l'intensité des frappes ne diminue pas, le ministère de la Santé controlé par le Hamas a dévoilé un nouveau bilan, vendredi 5 janvier, qui fait état de 22 600 morts et 57 910 personnes blessées depuis le début du conflit, le 7 octobre. Parmi ces morts figurent les 162 personnes tuées par l'armée israélienne dans les dernières 24 heures, a précisé le ministère de la Santé.

Par ailleurs, le ministère contrôlé par le Hamas a annoncé le décès de quatre Palestiniens en Cisjordanie lors d'une incursion de soldats israéliens, mardi 2 janvier. L'armée israélienne, de son côté, a indiqué que "des terroristes" avaient "ouvert le feu et jeté des explosifs sur nos troupes" au cours "d'une opération antiterroriste à Azzoun", localité de Cisjordanie. L'armée israélienne a également annoncé avoir ouvert une enquête sur la mort d'une détenu Palestinien : un soldat israélien est "soupçonné d'avoir ouvert le feu" sur le détenu placé sous sa "supervision". L'enquête doit "examiner les circonstances du tir".

Un retour des colons sur la bande de Gaza ?

"La promotion d'une solution encourageant l'émigration des habitants de Gaza est nécessaire", a déclaré Itamar Ben Gvir, ministre israélien de la Sécurité nationale, lundi 1er janvier. Pour ce membre du gouvernement, le départ de la population gazaouie serait "une solution correcte, juste, morale, et humaine". La veille, le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich, avait déjà estimé que les Palestiniens devaient être "encouragés" à émigrer vers d'autres pays. Dans une interview accordée à la radio militaire, il déclarait qu'il souhaitait voir les colons juifs s'installer de nouveau dans la bande de Gaza. "Pour avoir la sécurité, nous devons contrôler le territoire et pour contrôler militairement le territoire sur le long terme, nous avons besoin d'une présence civile", avançait-il.

L'enclave palestinienne avait été libérée de la présence israélienne en 2005, quand l'État hébreu avait rappelé son armée et ses quelque 8 000 colons. "Nous aiderons à réhabiliter ces réfugiés dans d'autres pays d'une manière appropriée et humaine, avec la coopération de la communauté internationale et des pays arabes autour de nous", ajoutait le ministre des Finances le 31 décembre. En mars dernier, le ministre en visite à Paris avait alors nié l'existence d'un peuple palestinien : "Il n'y a pas de Palestiniens car il n'y a pas de peuple palestinien."

L'armée israélienne a annoncé avoir débusqué et détruit l'une des résidences du chef du bras armé du Hamas, Yehya al-Sinwar, vendredi 29 décembre. La maison était située près de la ville de Gaza, au nord de l'enclave palestinienne. Yehya al-Sinwar ne se trouvait vraisemblablement pas à l'intérieur, il aurait fui vers Khan Younès, au nord de la bande de Gaza, au début du conflit. Tsahal a assuré que l'habitation détruite était reliée à un tunnel de 20 mètres de profondeur et de 218 mètres de long qui était alimenté en électricité et climatisé. Considéré comme le commandant de la branche armée du mouvement terroriste palestinien, avec Mohammed Deif, Al-Sinwar serait aussi l'organisateur du massacre du 7 octobre en Israël.

Alors que les frappes de l'armée israélienne se poursuivent dans l'ensemble de la bande de Gaza, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a une fois de plus dénoncé les conditions d'acheminement de l'aide humanitaire aux Gazaouis, vendredi 29 décembre. La situation est de plus en plus désastreuse dans l'enclave palestinienne qui compte quelques 2,4 % d'habitants, dont 85 % ont été déplacés à cause des bombardements selon l'ONU. Dans le sud du territoire, "la population traumatisée" et "épuisée" s'entasse sur "une parcelle de terre de plus en plus réduite", a assuré le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths, sur X, vendredi. "La quantité d'aide acheminée, nécessaire et urgente, continue d'être limitée et rencontre de nombreux obstacles logistiques", a déploré le commissaire général de l'Unrwa, Philippe Lazzarini.

"Une pause humanitaire urgente est nécessaire"

Plusieurs raids menés par l'armée israélienne ont suscité de vives réactions et des critiques, toutes portant sur le nombre conséquent de civils parmi les victimes palestiniennes. Le chef de la diplomatie européenne a d'ailleurs dénoncé "un affligeant manque de discernement dans les opérations militaires d'Israël à Gaza", rappelant que trois otages ont été tués "par erreur" par Tsahal le 15 décembre. "Cela doit s'arrêter, une pause humanitaire urgente est nécessaire" a ajouté le diplomate.

Les Etats-Unis, alliés historiques d'Israël commencent également à exercer des pressions sur Benyamin Nétanyahou, notamment par rapport à l'arrivée effective insuffisante d'aides humanitaires dans la bande de Gaza. Les pressions ne sont pas seulement politiques, les civils et les familles des otages appellent aussi le Premier ministre israélien à ralentir ou à cesser les opérations militaires, des messages semblant traduire l'indignation après la mort d'otages causée par Tsahal ou par l'attaque de l'hôpital Kamal Adwan au nord de gaza durant le week-end. A cela Benyamin Nétanyahou et l'armée israélienne ont répondu en promettant de se battre "jusqu'au bout" pour la libération des otages et en assurant que le Hamas s'était implanté dans l'établissement médical. Tsahal a également fait part du recadrage opéré auprès de ses soldats après la mort tragique des trois otages.

Lire aussi

Un peu plus de 132 otages toujours retenus par le Hamas

L'armée Israélienne a annoncé, vendredi 15 décembre, que le corps du franco-israélien Elya Toledano avait été retrouvé et ramené en Israël. Le jeune homme de 28 ans participait au festival de musique Tribe of Nova, le 7 octobre, quand il s'est fait enlevé par le Hamas avec son amie Mia Shem libérée le 30 novembre. Quelques 240 personnes auraient été enlevées ce jour là. Trois autres otages ont été tués le vendredi 15 décembre par l'armée israélienne "par erreur". Il resterait donc 132 personnes retenues en otage par le Hamas.

En une semaine de trêve, 105 otages avaient été libérés par le Hamas en plus d'une vingtaine d'étrangers et de binationaux travaillant en Israël en échange de 240 prisonniers palestiniens. C'est plus que ce que prévoyait l'accord initial avec 50 otages rendus contre 150 prisonniers. 49 femmes, 28 hommes, tous adultes, et 33 mineurs ont été libérés. 138 otages, dont 20 femmes et deux enfants sont encore aux mains du Hamas, selon le cabinet du Premier ministre israélien, mardi 5 décembre. Un nombre rabaissé à 136 après la découverte des corps de deux otages, ceux d'Eden Zakaria et du soldat Ziv Dado, par l'armée israélienne le 12 décembre.

Les dernières libérations sont survenues le jeudi 30 novembre avec la remise en liberté de huit otages dont une Franco-Israélienne, le jeune femme Mia Schem. Avant elle, trois enfants Franco-Israéliens âgés de 12 à 16 ans avaient été libérés par le Hamas : Eitan Yahalomi ainsi que Sahar (16 ans) et son frère Erez Kalderon (12 ans). Ces libérations avaient été saluées par les autorités, mais la Première ministre avait rappelé que "quatre de nos compatriotes sont encore otages" et que "leur libération est notre priorité absolue."

Avant la fin de la trêve, le Hamas s'était dit prêt à prolonger la durée de la pause humanitaire pour libérer plus d'otages et retrouver davantage de prisonniers palestiniens. Le 29 novembre, un haut responsable du bureau politique du Hamas, Ghazi Hamad, disait au nom du groupe islamiste chercher à élargir les termes de l'accord initial pour que des otages autres que les femmes et les enfants soient relâchés. Un accord qui n'a jamais vu le jour.

Quel est le bilan de la guerre entre Israël et le Hamas ?

Le bilan de la guerre qui se déroule à Gaza est difficile à établir, les chiffres livrés par le Hamas ne pouvant être vérifiés de manière indépendante et donc distingués de la propagande. Selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, 21 978 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza depuis le début du conflit le 7 octobre. Le mouvement palestinien avait également fait état de plus de 50 000 blessés. Questionné sur ce bilan il y a de ça, plusieurs semaines déjà, le porte-parole du Pentagone avait admis que, concernant les victimes civiles à Gaza, "il [fallait] compter en milliers".

Du côté israélien, le bilan de l'attaque du Hamas a été revu à la baisse, vendredi 10 novembre, passant de 1 400 à 1  140 morts. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, après identification des corps, il semblerait que nombre d'entre eux appartenaient à des hommes du Hamas. Mercredi 13 décembre, l'armée israélienne a par ailleurs précisé que 115 soldats sont morts depuis l'attaque du 7 octobre dernier, selon son dernier bilan.

Côté français, 40 personnes ont été tuées en Israël lors des attaques du Hamas le 7 octobre, d'après le dernier bilan communiqué par la Première ministre, Élisabeth Borne, lundi 6 novembre. Alors que huit Français étaient portés disparus depuis le 7 octobre, lundi 27 novembre, trois jeunes franco-israéliens ont été libérés par le Hamas. Une quatrième otage, la jeune Mia Scham a été libérée le 30 novembre.