L'horreur des prisons syriennes se dévoile : torture, massacres... Ce qui a été découvert dépasse l'entendement

L'horreur des prisons syriennes se dévoile : torture, massacres... Ce qui a été découvert dépasse l'entendement La prison de Saydnaya en Syrie, théâtre des pires exactions du régime, a été libérée par des rebelles du groupe HTS. Les récits d'associations et d'anciens détenus décrivent l'enfer vécu par des milliers d'hommes et de femmes.

L'enfer carcéral. Dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 décembre 2024, les rebelles syriens menés par le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS) - qui ont chassé le dictateur Bachar al-Assad - ont libéré une des prisons du régime, celle de Saydnaya, située à quelques dizaines de kilomètres au nord de Damas. Construit en 1987, cet établissement pénitentiaire est perçu comme le symbole des pires exactions des forces de l'ex-président syrien. Elle est composée de deux bâtiments, un premier dit "blanc" pour les soldats de l'armée syrienne accusés de manque de loyauté envers le régime. Un deuxième "rouge" dédié à l'emprisonnement des civils. Si l'arrivée des rebelles a permis de libérer des centaines de personnes dont des femmes et des enfants, Saydnaya fut le théâtre, pendant de nombreuses années, d'atrocités sans nom. 

"On émasculait les enfant de 13 ans, Saydnaya était une boucherie humaine"

Dans un rapport publié en 2022, l'Association des détenus et disparus de Saydnaya (ADMSP) estime à 30 000 le nombre de prisonniers torturés à mort, ou exécutés, entre 2011 et 2018 dans l'enceinte de la prison. Des corps qui n'ont jamais été restitués aux familles. Un nouveau rapport de l'ONG Amnesty International paru en 2017 évoque lui "les exécutions de milliers de personnes" organisées "discrètement et méthodiquement" par le pouvoir syrien. Le récit évoque purement une "extermination" humaine. "Beaucoup d'autres personnes détenues à la prison militaire de Saydnaya ont été tuées après avoir été torturées à maintes reprises", précise l'organisation de défense des droits de l'Homme. 

Dans les colonnes du Monde, Hamed Al-Zawid, un chauffeur de taxi de 39 ans indique qu'il a fait deux séjours à Saydnaya, en 2017 puis 2022 pour insultes à l'armée. Il se rappelle d'abord avoir "été torturé et tabassé, à chaque fois, lors des interrogatoires qui ont suivi (son) arrestation", avant même son transfert en prison. Les détenus étaient "torturés à coups de barre de fer et de câble électrique, les bourreaux du régime s'attardaient à briser corps et âme jusqu'à ce que mort s'ensuive", précise le média. Alors que la barbarie ne semble pas avoir de limites, "on émasculait les enfant de 13 ans, la prison de Saydnaya en Syrie était une boucherie humaine", ajoute Claude Moniquet, spécialiste du renseignement sur CNEWS ce mardi 10 décembre 

Les "saloirs", typiques de la prison de Saydnaya

D'anciens prisonniers, toujours selon le rapport de l'ADMSP, racontent avoir vu des salles de pendaison par groupe et des pièces remplies de sel surnommées "les saloirs", servant à entreposer des cadavres avant de les enterrer dans des fosses communes. Une pratique courante dans l'aile ouest de Saydnaya. Toujours pour Le Monde, Hamed Al-Zawid se souvient lui de "corps dissous par des produits chimiques. La privation de nourriture, d'eau et de soins médicaux était généralisée", peut-on lire. "La prison de Saydnaya était un outil pour maintenir le pouvoir, un outil de terreur", analyse de son côté Majd al-Dik, un opposant syrien réfugié en France pour RFI

"Violemment passés à tabac durant deux ou trois heures" avant la pendaison

Les conditions de détention dans la prison de Saydnaya étaient, elles, effroyables. Il était possible de trouver jusqu'à neuf prisonniers dans une cellule de quatre mètres carrés. De plus, elle aurait par moments accueilli jusqu'à 20 000 détenus selon Amnesty International, alors qu'elle a été conçue pour abriter 5 000 individus au maximum. Entre 2011 et 2015, des dizaines d'exécutions par pendaisons ont été menées chaque semaine. Amnesty International qualifie cette prison "d'abattoir humain". Des pendaisons qui, selon l'ONG, suivaient un rite bien particulier, elle évoque également des "pendaisons de masse".

Avant la pendaison, les victimes étaient condamnées à mort lors d'un "procès" devant un tribunal militaire. Les autorités appelaient ce jour de pendaison "la fête". "On assure aux détenus concernés qu'ils vont être transférés dans une prison civile. Au lieu de cela, ils sont emmenés dans une cellule située au sous-sol du bâtiment rouge, où ils sont violemment passés à tabac durant deux ou trois heures", indique le rapport. "Ensuite, au milieu de la nuit, les yeux bandés, ils sont transférés vers le bâtiment blanc, dans des camions de livraison ou des minibus. On les emmène alors dans une salle du sous-sol, où ils sont pendus. Une à deux fois par semaine, entre 20 et 50 personnes sont ainsi exécutées par pendaison", poursuit l'organisation. Avant un dernier trajet, pour tous, vers la même direction, la fausse commune.