Famine à Gaza : une seule solution permettrait de faire face à la pénurie de nourriture
100 personnes sont mortes de faim en une semaine dans la bande de Gaza, dont 80 enfants, selon les chiffres du ministère de la Santé palestinien vérifiés par l'Unicef. Plus de personnes sont mortes de malnutrition ou dénutrition ces derniers jours, qu'entre le début de la guerre, le 7 octobre 2023, et le mois de juillet 2025. Signe que la famine, contre laquelle toutes les organisations humanitaires alertaient, s'est installée dans l'enclave palestinienne. Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a lui-même affirmé le mercredi 23 juillet que la famine faisait rage à Gaza : "Je ne sais pas comment on pourrait appeler cela autrement que des gens mourant de faim en masse, et c'est créé par l'homme".
"La totalité de la population de Gaza, soit plus de 2,1 millions de personnes, est en situation de grave insécurité alimentaire" et "à peu près une personne sur quatre, soit 470 000 personnes, est confrontée à une situation de famine", précise Baptiste Chapuis, responsable du plaidoyer et des programmes internationaux de l'Unicef, sur RFI. L'humanitaire ajoute que "71 000 enfants risquent de mourir" s'ils ne reçoivent pas "un traitement d'urgence pour malnutrition aiguë".
Les témoignages sur des familles gazaouies qui "n'ont pas mangé depuis plusieurs jours", "n'ont pas eu accès à de l'eau potable" et sur des enfants avec "la peau sur les os" se multiplient. La faute à l'absence de nourritures entrant en quantité suffisante dans la bande de Gaza et aux distributions alimentaires qui se transforment en tueries. Même les services médicaux des organisations sanitaires ne peuvent plus faire face, car ils manquent de fournitures médicales basiques.
Israël bloque et contrôle la distribution d'aide humanitaire
Le mercredi 23 juillet, plus d'une centaine d'ONG humanitaires ont prévenu la communauté internationale de la "famine de masse qui se propage" à Gaza et ont pointé la responsabilité d'Israël. L'Etat hébreu contrôle effectivement l'accès à la bande de Gaza depuis le début du conflit et bloque l'entrée des convois humanitaires depuis des mois. Il a même organisé un blocus total entre le 2 mars et le 19 mai 2025. Sous la pression de certains alliés, le Premier ministre israélien a levé le siège, mais n'autorise "l'arrivée que de quantités minimales d'aides, de sorte que la descente de Gaza vers la famine progresse un peu plus lentement", rapporte The Guardian.
S'il contrôle l'entrée de la nourriture dans des quantités bien inférieures aux rations de famine pour les 2,1 millions d'habitants de Gaza, Israël a aussi la main sur la distribution des rares denrées. Le pays a décidé de mettre en place quatre points de distribution militarisés et de les confier à une à la Fondation humanitaire de Gaza (GHF). Mais depuis le début des activités de la GHF, des milliers de Palestiniens ont été blessés alors qu'ils venaient récupérer des rations de nourritures et plus de 800 personnes ont été tuées dans les mêmes conditions selon l'ONU. Les distributions alimentaires, déjà insuffisantes, sont devenues des "pièges mortels" selon les habitants de Gaza et les organisations humanitaires présentes.
Israël nie pourtant fermement être à l'origine de la famine dans la bande de Gaza. "À Gaza aujourd'hui, il n'y a pas de famine causée par Israël", a déclaré le porte-parole du gouvernement israélien David Mencer. "Il s'agit d'une pénurie provoquée par le Hamas" a-t-il ajouté accusant le mouvement palestinien d'empêcher la distribution et de piller l'aide.
Des tonnes d'aides alimentaires bloquées aux portes de Gaza
La communauté internationale se mobilise pour renforcer l'aide humanitaire apportée à Gaza avec des dizaines de millions d'euros promis par le Royaume-Uni, la Suède ou l'Australie fin juillet. Mais la priorité est de parvenir à faire entrer l'aide déjà présente aux portes de Gaza à l'intérieur de l'enclave. Ces aides sont "en attente côté égyptien et jordanien" et retenues sur place par le blocus d'Israël comme l'affirme l'ONU, des ONG et plusieurs nations, dont la France.
Faire parvenir cette nourriture et ce matériel médical pourrait empêcher la famine de progresser et de faire de nouvelles victimes : "Nous avons des stocks alimentaires, d'eau potable et d'essence qui permettent de faire tourner les hôpitaux et les centres de santé et qui sont prépositionnés. Nous pouvons aujourd'hui donner accès à l'aide à la population palestinienne et aux enfants. Mais on nous empêche de faire notre travail", déplore Baptiste Chapuis. Et le représentant de l'Unicef d'ajouter : "La conséquence ? C'est simple : on assiste à une catastrophe qui est d'origine humaine et des enfants meurent de faim tous les jours."
Israël n'est toutefois pas décidé à lever le blocus et les pressions ou menaces exercées par la communauté internationale ont été sans effet sur la politique de siège de Benyamin Nétanyahou. Il faut dire qu'elles n'ont jamais été accompagnées de sanctions. Seule la Cour internationale de justice a prononcé des sanctions et un mandat d'arrêt contre le dirigeant israélien, des mesures qui n'empêchent pas la poursuite du blocus.