Un test "anti-woke" pour enseigner : ces profs n'auront pas le choix
"Pourquoi la liberté de religion est-elle importante pour l'identité des États-Unis?" "Quels sont les trois premiers mots de la Constitution?" Ces deux questions figurent parmi celles posées aux enseignants venant de Californie ou de l'État de New York pour pouvoir enseigner en Oklahoma.
Dans l'un des Etats les plus conservateurs des États-Unis, les nouveaux professeurs issus de ces deux Etats jugés trop progressistes doivent en effet passer un examen "anti-woke" pour être autorisés à enseigner. L'objectif affiché ? Vérifier que les enseignants adhèrent aux valeurs traditionnelles promues par l'État dirigé par le gouverneur républicain Kevin Stitt, et ainsi "protéger les enfants de l'endoctrinement" d'une idéologique woke ou LGBTQ+, rapporte BFMTV.
50 questions
Baptisé "America First" en hommage au slogan favori de Donald Trump, le test a été lancé pour la première fois le 15 août, comme l'a révélé CNN le même jour. Il comporte 50 questions portant sur l'histoire américaine, l'éducation civique et les principes constitutionnels. Mais selon la presse américaine, certaines questions sont beaucoup plus litigieuses. Par exemple, les enseignants doivent choisir parmi une série de réponses à choix multiples les paires de chromosomes qui déterminent le sexe biologique d'après le média américain.
Les candidats qui échouent à cette évaluation ne reçoivent pas de certificat d'enseignement et ne peuvent donc pas enseigner dans les écoles publiques de l'Oklahoma à la rentrée. Dans le même temps, l'Oklahoma est confronté à une pénurie d'enseignants, offrant des bonus pouvant monter jusqu'à 50 000 dollars pour attirer des enseignants. D'autant plus que l'Etat est critiqué après être tombé en bas du classement du système d'éducation publique.
Pour l'instant réservé aux enseignants formés en Californie et à New York, le test pourrait bientôt s'étendre à huit autres États, selon Ryan Walters, surintendant de l'instruction publique de l'Oklahoma. "Nous ne permettrons pas que ces plans et manigances de la gauche se réalisent ici, en Oklahoma", a déclaré Walters à CNN. "Ils tentent de déformer l'esprit de nos enfants pour en faire des combattants de la justice sociale, au lieu de les aider à exploiter pleinement leurs talents pour trouver un bon emploi et vivre une vie épanouissante."
Ce test pourrait toutefois être illégal : les syndicats rappellent que la loi oblige l'Oklahoma à reconnaître les diplômes d'enseignants délivrés dans d'autres États. Comme le souligne RFI, il y a de "fortes chances" que cette mesure soit contestée en justice.
Un test conçu par une société conservatrice
Le test a été élaboré par PragerU, une société de médias cofondé en 2009 par le commentateur d'extrême droite Dennis Prager. L'entreprise se présente comme "l'organisation médiatique la plus influente au monde, promouvant les valeurs américaines de vie, de liberté et de quête du bonheur à travers des contenus éducatifs gratuits pour tous les âges". Son matériel pédagogique est désormais utilisé dans les écoles publiques de dix États américains.
La PDG de l'entreprise, Marissa Streit, a indiqué à CNN que certaines questions visaient à "réparer les dommages causés par l'idéologie du genre imposée et enseignée par d'autres tests comme le test PRISM", une formation qui fournit des ressources de soutien aux jeunes LGBTQ+ en Californie. Selon le média américain, le partenariat entre l'Oklahoma et PragerU est "un signe clair de l'influence" croissante de l'entreprise dans le système éducatif américain, "dans le cadre des efforts de l'administration Trump pour remodeler l'éducation selon les valeurs MAGA". Depuis son investiture, le président américain s'est engagé à purger les institutions culturelles et éducatives des influences " woke ", allant jusqu'à retirer les États-Unis de l'Unesco, en raison d'un soutien à " des causes culturelles et sociales woke et clivantes ". Une politique suivie à la lettre par plusieurs États profondément républicains, dont l'Oklahoma.