La puissance de l'ouragan Mélissa est-elle liée au changement climatique ?

La puissance de l'ouragan Mélissa est-elle liée au changement climatique ? L'Ouragan Melissa, surnommée "la tempête du siècle", touche les côtes de la Jamaïque. Sa montée fulgurante en puissance serait-elle liée au changement climatique ?

Melissa, la tempête tropicale devenue ouragan, est sur le point de toucher la Jamaïque alors qu'elle a déjà fait quatre morts. Elle est susceptible de toucher 1,5 million de personnes. Cet ouragan pourrait être le plus violent de l'année selon les experts. Classée en l'espace de 24 heures en ouragan de catégorie 4, la tempête tropicale Melissa, accompagnée de vents soufflant à un peu plus de 110 kilomètres par heure, est à présent accompagnée de vents de 225 km/h. Elle s'est finalement encore renforcée en catégorie 5, soit le niveau maximum de l'échelle de Saffir-Simpson.

Les ouragans puissants seront de plus en plus nombreux à l'avenir. En effet, dans son dernier rapport d'évaluation, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a conclu que "la proportion de cyclones tropicaux de catégorie 4-5 augmentera très probablement à l'échelle mondiale avec le réchauffement". Une autre étude, réalisé par World Weather Attribution, portant sur l'ouragan Milton l'année dernière a révélé que le changement climatique avait rendu les vents 10% plus forts et les précipitations environ 20 à 30% plus intenses.

Les scientifiques expliquent également que les tempêtes qui s'intensifient rapidement tout en stagnant sont en augmentation alors que le climat se réchauffe, selon l'AFP. Kerry Emanuel, météorologue et climatologue au MIT, explique à l'AFP qu'en observant les tendances "on pourrait bien avoir affaire à un marqueur du changement climatique". En effet, le réchauffement atmosphérique "tend à réduire l'intensité, et le réchauffement de la température de surface de la mer tend à augmenter l'intensité", explique David Gilford, scientifique à l'organisation à but non lucratif Climate Central à l'AFP.

Dans le cas de l'ouragan Melissa, la température des eaux est passée au-dessus de 1,4°C du fait du changement climatique, selon une première analyse de Climate Central. Ces températures sont devenues au moins 500 fois plus probables par le réchauffement causé par l'homme. L'augmentation des précipitations serait elle aussi influencée par le changement climatique : "Nous estimons qu'il y aura entre 25 et 50% de précipitations supplémentaires lors d'une tempête comme Melissa en raison du changement climatique" indique David Gilford.

Jill Trepanier, experte en climatologie des ouragans à l'Université d'État de Louisiane, avertit sur la dangerosité des tempêtes comme Melissa : "Il peut s'agir d'ondes de tempête prolongée. Il peut s'agir de précipitations abondantes sur une période prolongée, et le bassin-versant ne peut pas le supporter. Il peut s'agir de la vitesse extrême du vent sur une longue période de temps. La plupart des infrastructures ne peuvent pas le supporter". Dans un rapport, rédigé par la scientifique l'année dernière sur les tempêtes stagnantes, est indiqué que ces événements se produisent généralement dans les Caraïbes en octobre, près des côtes.