Une artiste tacle Macron et refuse qu'il utilise sa chanson, la réponse du chef de l'Etat

Une artiste tacle Macron et refuse qu'il utilise sa chanson, la réponse du chef de l'Etat Emmanuel Macron a répondu à la chanteuse française Zaho de Sagazan, qui lui avait demandé ce samedi de ne plus utiliser ses chansons s'il n'agissait pas pour Gaza.

La chanteuse Zaho de Sagazan a publié samedi 26 juillet une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron. Dans ce texte, posté sur Instagram, elle interpelle le président français sur son inaction dans le cadre du conflit en cours à Gaza, et lui demande de ne plus utiliser ses musiques pour alimenter sa communication politique.

Récompensée aux Victoires de la musique cette année, l'artiste dénonce l'usage répété de sa chanson La Symphonie des éclairs, dans les "communications" sur les réseaux sociaux du président de la République. "Mais pendant que vous célébrez "la lumière", la sensibilité, la compassion, sous les nuages, à quelques kilomètres de chez nous des enfants vivent l'enfer" écrit-elle. 

Zaho de Sagazan lui demande "avec gravité" de ne pas utiliser "les mots des artistes", s'il n'agit pas "pour les vies qu'ils défendent". "Ne décorez pas votre communication avec mes chansons si, par ailleurs, vous laissez faire un massacre" écrit la chanteuse de 25 ans. "Nous ne sommes pas là pour enjoliver l'action."

"Vous avez le pouvoir d'agir"

Dans sa lettre, la chanteuse évoque le sort du peuple palestinien, "bombardé, affamé, humilié par le gouvernement israélien, dirigé aujourd'hui par une coalition d'extrême droite". Tout en condamnant "les crimes atroces commis par le Hamas" le 7 octobre 2023, elle affirme qu'"une société est en train d'être effacée, sous les yeux du monde" pendant que "ce monde regarde ailleurs. Ou pire : il justifie, relativise, temporise".

Face à cette situation, elle appelle Emmanuel Macron à agir : "Vous avez le pouvoir d'agir. Ayez le courage et la dignité de le faire". Pour elle, "reconnaître l'Etat palestinien", en septembre prochain comme l'a annoncé  Emmanuel Macron le 24 juillet dernier, "est un geste symbolique nécessaire, mais il ne suffit pas". 

Dans cette publication likée plus de 150 000 fois, elle réclame "des actes forts et immédiats" : "Exigez un cessez-le-feu total, mettez fin à la coopération militaire, faites que l'aide humanitaire, bloquée depuis des semaines par Israël, puisse enfin passer, sanctionnez les violations du droit international, soutenez les enquêtes pour crimes de guerre." Selon l'artiste, "il s'agit d'exiger des actes, pas des mots". Elle conclut : "Il s'agit de retrouver notre cœur. Notre lucidité. Et notre humanité".

Le président partage les "exigences" de la chanteuse

Mentionné par Zaho de Sagazan dans sa publication, mais aussi par de nombreux internautes dans les commentaires, Emmanuel Macron lui a répondu ce dimanche en début de soirée. "J'ai lu vos mots. Je les entends. Je les ressens", a-t-il écrit dans un message éphémère, rapporté par Le Monde. "Comme vous, je refuse que la douleur soit recouverte par le silence". Le président de la République affirme que "la France ne fournit aucune aide militaire, ni directe ni indirecte, aux opérations menées par l'armée israélienne à Gaza" et dit partager "l'exigence" de la chanteuse : "la situation s'aggrave, ce que nous faisons collectivement ne suffit pas", a-t-il écrit, l'assurant qu'il n'allait "pas détourner le regard".

"Suite à mes échanges avec nos partenaires, je suis optimiste sur le fait que nous pourrons reprendre très vite nos actions humanitaires pour répondre aux besoins les plus urgents des civils", a-t-il estimé. Le chef de l'Etat appelle à ce que "les violations du droit international soient sanctionnées", et ce, "sans ambiguïté". À noter qu'Emmanuel Macron n'a pas réagi à l'utilisation de la chanson dans sa communication politique.

Cette prise de parole s'inscrit dans un contexte de protestation croissante en France face à la situation dans la bande de Gaza. Le même soir, Amnesty International a projeté sur la vasque olympique le message "Stop Génocide à Gaza", à l'occasion du premier anniversaire des Jeux de Paris 2024. Une action destinée à "rappeler le sort tragique des populations civiles" dans le territoire palestinien. Zaho de Sagazan avait, elle, participé à la cérémonie de clôture des JO l'an dernier.