Les départements qui peuvent basculer

Les départements qui peuvent basculer Plusieurs dizaines de départements sont susceptibles de basculer à droite à l'issue des élections, les 22 et 29 mars. On fait le point.

Une vague bleue déferlant sur toute la France à l'issue des élections départementales. Ce scénario, redouté par le Parti socialiste, pourrait tout à fait se produire si on en croit les différents sondages sur les départementales réalisés depuis plus d'un mois. Si la défaite ne fait (presque) aucun doute, l'ampleur de la fessée, elle, reste inconnue. Bien sûr, le PS espère limiter la casse et mise sur des résultats honorables. Mais il risque tout de même de perdre plusieurs départements. Actuellement, il en détient 61 (sur 101). Il pourrait, selon les observateurs, en perdre au moins 20. D'autres estimations tablent sur 30 à 40 départements perdus.

 

Au total, l'état major du PS craint d'ores et déjà d'être éliminé dans 500 cantons sur les 2000 en jeu lors du scrutin dès le premier tour. Les pronostics les plus pessimistes tablent sur 1000 cantons où la gauche serait rayée de la carte à l'issue des résultats des élections départementales. Les zones de turbulence sont nombreuses et couvrent la quasi-totalité du pays. Même le grand-ouest, où la gauche fait preuve d'une capacité particulière de résilience est cette fois menacée. Dans le nord et l'est, mais aussi dans le sud, le scénario catastrophe se profile. Voici, par grandes régions, les départements qui peuvent réellement basculer.

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Les départements qui peuvent basculer aux élections départementales. © Linternaute.com

Les départements qui peuvent basculer en Bretagne et Loire-Atlantique

En Bretagne, l'Ile-et-Vilaine  n'est pas à l'abri d'un basculement en faveur de la droite. La gauche devrait conserver les cantons de Rennes mais les cantons périphériques pourraient être déterminants car le PS y a perdu de nombreuses places fortes aux dernières municipales. Le FN, lui, semble trop embryonnaire pour venir jouer les poils à gratter. En Loire-Atlantique, réputée très à gauche, un changement de couleur n'est pas à exclure non plus. Si Nantes est bien rose PS, les tensions autour du dossier Notre-Dame-des-Landes ont laissé des traces entre les socialistes et l'ELLV, qui font listes séparées dans la plupart des cantons.

Les départements qui peuvent basculer en Ile-de-France

En Ile-de-France, l'Essonne pourrait elle aussi tomber dans le besace de l'UMP. Un département à haute valeur symbolique puisqu'il est lié au Premier ministre, Manuel Valls. Il en a été le député, et a exercé la fonction de maire à Evry. Malgré son étiquette de frondeur, qui le différencie un peu de la majorité gouvernementale, le président du département, Jérôme Guedj, subit le désamour du PS à l'échelle nationale. Et, pour ne rien améliorer, les divisions entre le PS et le Front de gauche sont localement très profondes.

Autres départements franciliens menacés par la vague bleue en Ile-de-France : la Seine-et-Marne (bonne dynamique UMP depuis les municipales), mais aussi, le Val-de-Marne. Dans le Val-de-Marne, un des derniers bastions communistes de France avec l'Allier, le torchon brûle en effet entre les différentes sensibilités de gauche. Plus surprenant encore, le changement de couleur politique probable de la Seine-Saint-Denis, acquis à la gauche depuis sa création en 1968 ! L'UMP et l'UDI dirigent désormais 21 villes sur un total de 40, mais il ne faut pas oublier, cela dit, que François Hollande a recueilli 65 % des suffrages à la présidentielle.

Les départements qui peuvent basculer dans le nord et l'est

Dans la Somme, même si la gauche part unie, la gauche pourrait ne pas résister à la poussée de la droite, qui a réussi à s'entendre avec l'UDI dans 20 des 23 cantons. Surtout que le taulier local, le président du conseil départemental, Christian Manable, ne brigue pas un nouveau mandat pour cause de cumul des mandats.

L'Oise, département voisin, au sud de la Somme, pourrait elle aussi basculer. Et l'extrême droite, en position de force, pourrait même tirer son épingle du jeu au nez et à la barbe de l'UMP. Le patron frontiste local, Michel Guiniot, se montrait en tout cas confiant. "Ça va décoiffer", nous assurait-il, début mars. Le FN a de quoi se réjouir : aux dernières européennes, il avait réalisé des scores énormes dans 10 cantons (plus de 40 % des voix). Et il suffit d'en gagner 11 pour s'emparer du département. L'Aisne est aussi dans le viseur du Front national, tout comme le Pas-de-Calais. A quelques encablures plus à l'Ouest, l'Eure pourrait aller aussi échapper au PS, au profit de l'UMP. Une fois encore, la gauche devrait pâtir d'un contexte national difficile.

Une bonne partie de l'est du pays risque, sinon de basculer, au moins de voir une forte poussée FN. La Marne, la Meuse, la Haute-Marne et la Moselle, aux mains de la droite, devraient le rester, mais le FN peut tout à fait venir jouer les perturbateurs, surfant sur d'excellents scores acquis aux européennes.

Les départements qui peuvent basculer dans le centre du pays

On pourrait assister à une déferlante bleue en  Indre-et-Loire. Si la majorité PS-FG-EELV détient actuellement une confortable avance (24 des 37 sièges), elle semble très divisée, alors que la droite, elle, a su faire bloc. Une droite qui entend bien reprendre le département qu'elle avait perdu en 2008, s'appuyant sur l'éclatante victoire de Serge Babary aux municipales de 2014 à Tours. Dans le même secteur, les Deux-Sèvres (aucun chef de file), la Haute-Vienne (perte historique de Limoges aux municipales) et l'Allier (désunion) pourraient aussi effectuer la bascule. La Corrèze, département symbolique car associé au président François Hollande (ex-maire de Tulle et président du Conseil général), est également menacé à sa droite. Droite qui avait dirigé le département sans interruption entre 1970 et 2008, avant l'arrivée de François Hollande. Ce dernier avait d'ailleurs failli perdre le département en 2011, le conservant avec un tout petit siège d'avance. Aux dernières municipales, le PS a échoué à s'imposer dans les grosses villes (sauf à Tulle). Un signe ?

Les départements qui peuvent basculer dans le Sud

Dans le Sud-Est, trois départements pourraient être ravis à la gauche : l'Isère, la Drôme, et, un peu plus au nord, l'Ain. Dans la Drôme, la gauche préside depuis onze ans mais, comme un symbole, elle a perdu presque toutes les grosses villes lors des dernières municipales. Et le président du conseil général, le PS Didier Guillaume a refusé de briguer un nouveau mandat. Officiellement, pour limiter le cumul. Mais en coulisses, il se murmure qu'il craindrait une lourde défaite. La gauche par au combat en ordre dispersé face à une droite unie et structurée.

Le Sud de la France pourrait également voir sa couleur politique changer. Dans le Lot-et-Garonne, par exemple, la gauche ne devrait pas conserver sa majorité, alors que l'UMP est en reconquête depuis ses bons résultats aux municipales de 2014 (avec notamment la victoire de Didier Benquet à Marmande, une ville qui était socialiste depuis... 1983). Les Pyrénées-Atlantiques (un centre historiquement très puissant, qui fait alliance avec l'UMP) et les Pyrénées-Orientales sont également susceptibles de succomber à la droite, tout comme en Haute-Garonne, où le maire UMP de Toulouse, Luc Moudencn juge d'ailleurs la victoire "possible". L'Aveyron, le Gard et l'Hérault sont également concernés par une bascule à droite. Ce dernier département, c'est le FN qui pourrait même  s'imposer à l'issue du second tour.

Dans les Bouches-du-Rhône, la gauche apparaît comme désunie. Jean-Noël Guérini, le président sortant, a quitté le PS, et a réussi à présenter des candidats arborant ses nouvelles couleurs (La force du 13) dans tous les cantons. Difficile de dire quel score il peut effectuer. Une chose est sûre : l'UMP, bien sûr, compte profiter de cet éparpillement. Mais le PS a d'ores et déjà prévenu qu'il donnerait ses voix à la Force du 13 au second tour, le cas échéant. Dans le Sud, le Var, à droite, et le Vaucluse, aux mains du PS, peuvent être considérés comme départements susceptibles de revenir au parti lepéniste.