Sophie Pétronin : pourquoi l'ancienne otage est retournée au Mali

Sophie Pétronin : pourquoi l'ancienne otage est retournée au Mali PETRONIN. Quelques mois après avoir été libérée, Sophie Pétronin est repartie clandestinement au Mali. Pourquoi la septuagénaire est retournée sur place ?

[Mis à jour le 3 novembre 2021 à 14h21] Enlevée, retenue pendant quatre ans, libérée puis de retour dans le pays de ses ravisseurs. L'ancienne otage française Sophie Pétronin est de nouveau installée au Mali, a dévoilé la rédaction internationale de Radio France, mardi 2 novembre 2021. Travailleuse humanitaire de 76 ans, elle a regagné le pays illégalement et y est à nouveau installé depuis le mois de mars 2021. Alors qu'un visa est nécessaire pour rejoindre le Mali, les autorités, et particulièrement le Quai d'Orsay, ont toujours fait barrage pour empêcher la septuagénaire d'obtenir le précieux sésame pour entrer sur le territoire. Qu'importe, Sophie Pétronin s'est lancée dans un périlleux plan B, rejoignant le Sénégal, où l'obtention d'un visa n'est pas obligatoire, prétextant des vacances. Elle est ensuite parvenue à rejoindre clandestinement le Mali, via des bus et moto-taxis. Et ce, accompagnée de son fils.

Pourquoi Sophie Pétronin est-elle retournée là où elle a été enlevée du 24 décembre 2016 au 8 octobre 2020 ? Selon Radio France, la septuagénaire n'a pas supporté sa nouvelle vie en Suisse à l'issue de sa libération. Installée à Porrentruy, commune au nord du pays, à la frontière avec la France près de Montbéliard, elle n'avait, depuis son retour, qu'une chose en tête : retourner au Mali et retrouver sa fille adoptive, âgée de 19 ans, prénommée Zeinabou et vivant à Bamako. Eloignées l'une de l'autre pendant plus de quatre ans, elle se sont revues, comme l'a raconté Sophie Pétronin à Médiapart. "Nous déplorons le retour de Sophie Pétronin au Mali. Il y a une forme d'irresponsabilité vis-à-vis de sa sécurité à elle mais aussi vis-à-vis de la sécurité de nos militaires", a commenté Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement.

Sophie Pétronin enlevée pendant quatre ans

La septuagénaire avait été enlevée le 24 décembre 2016 à Gao, dans le nord du Mali, alors qu'elle y vivait depuis le début des années 2000 et y dirigeait l'ONG "Association d'Aide à Gao", destinée aux enfants. Le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour enlèvement et séquestration en bande organisée. Sophie Pétronin avait fait une apparition à la mi-juin 2018 dans une vidéo où elle en appelait à l'intervention d'Emmanuel Macron, avant de ne plus donner de nouvelles. Pendant le confinement, son fils avait été convoqué par les autorités françaises afin qu'il se rende au quai d'Orsay. Lors de ce déplacement, Sébastien Chadaud-Pétronin avait eu connaissance que l'État français avait une preuve de vie récente de sa mère, qui datait du début du mois de mars 2020.Elle était détenue par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), un groupe terroriste affilié à Al-Qaïda.

"Je vais revenir" avait lancé Sophie Pétronin à sa libération

Sophie Pétronin a été libérée le jeudi 8 octobre 2020 après quatre années de captivité au Mali.  L'humanitaire de 75 ans avait rejoint l'aéroport de Senou-Bamako en présence de trois autres otages. L'opposant parlementaire malien Soumaïla Cissé enlevé au mois de mars ainsi que deux Italiens du nom de Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccalli ont aussi été libérés. Les circonstances de la libération de l'ancienne otage n'ont pas été communiquées par l'Élysée. Cependant, un responsable de la médiation a anonymement fait part à l'AFP en début de semaine des conditions pour que Sophie Pétronin soit délivrée : "dans le cadre de négociations pour obtenir la libération de Soumaïla Cissé et de Sophie Pétronin, plus d'une centaine de prisonniers jihadistes ont été libérés ce week-end sur le territoire malien". Cette information a été confirmée par un responsable des services de sécurité maliens, selon le Parisien.

Dès son retour en France, Sophie Pétronin avait dit vouloir retourner dans cette région pour voir l'état de son organisation, que son assistant a pris en charge depuis le début de sa captivité. "Je vais aller en France, en Suisse et après je vais revenir voir un peu ce qui se passe ici. J'ai pris l'engagement pour les enfants, ça fait presque quatre ans que je n'ai pas vu comment se déroulent les programmes", avait-elle affirmé lors d'une rencontre avec des journalistes à l'ambassade de France à Bamako. Son fils, Sébastien Chadaud-Petronin, avait quelque peu refroidi les ardeurs de sa mère. "Attends-toi à ce que je cadre certaines choses, tu n'iras pas où tu veux", lui avait-t-il lancé. Il l'a finalement accompagnée dans son entreprise de retourner au Mali.