Julien Denormandie Premier ministre ? Le chouchou du président a beaucoup de soutiens
Proche d'Emmanuel Macron malgré son départ dans le secteur privé en septembre 2022, Julien Denormandie pourrait faire son retour en macronie. Son nom est évoqué pour remplacer Élisabeth Borne à Matignon.
Julien Denormandie fait partie des noms qui reviennent avec insistance pour occuper le poste de Premier ministre et donc, pourquoi pas, remplacer Élisabeth Borne. Il est l'un des "mormons" de la Macronie, et profite de la confiance de poids lourds de l'entourage du chef de l'État. Julien Denormandie est quelqu'un de très estimable et en phase avec ses idées" déclarait François Bayrou ce dimanche sur BFMTV. De quoi jouer en la faveur de son retour en politique.
De son côté, l'ancien président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand milite également pour sa nomination à Matignon. Un profil de macroniste pur et dur qui permettrait de ne pas trop braquer la droite, en effet, certains responsables LR avaient salué son action en tant que ministre de l'Agriculture de 2020 à 2022. De plus, le principal concurrent de Julien Denormandie, Sébastien Lecornu n'est pas bien vu par certains proches du chef de l'État. Le secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler souhaiterait voir à Matignon un profil moins influent. "Si c'est Lecornu, ce sera sans moi" aurait enfin déclaré le président du MoDem, François Bayrou d'après Politico
Secrétaire d'État auprès du ministre de la cohésion des territoires de juin 2017 à octobre 2018, Julien Denormandie a ensuite été nommé ministre chargé de la Ville et du Logement. Une fonction occupée d'octobre 2018 à juillet 2020, avant de prendre en charge le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation jusqu'en mai 2022. Depuis, retour dans le privé pour le natif de Cahors (Lot). Il a été recruté par Sweep, une jeune pousse de conseil en réduction des émissions de carbone pour les entreprises. Il occupe le poste de chief impact officier. "Mon objectif est de pouvoir mettre à profit mon expérience pour aider les entreprises à s'équiper d'outils solides qui leur permettront d'atteindre avec succès leurs objectifs climatiques" expliquait-il. Avant de prendre ses quartiers à Matignon ?
Julien Denormandie Premier ministre, une hypothèse crédible
A 43 ans, Julien Denormandie pourrait-il devenir le 26e Premier ministre de la Ve République ? Son nom ferait partie de la liste resserrée parmi laquelle Emmanuel Macron pourrait faire son choix, à moins de conforter Élisabeth Borne dans ses fonctions. Pour Denormandie, il s'agirait là d'une récompense de loyauté envers le chef de l'État. Homme de l'ombre, taiseux, Julien Denormandie n'en est pas pour autant moins bosseur.
Bien au contraire. Son profil "techno" et connaisseur des dossiers pourrait plaider en sa faveur, dans l'hypothèse où Emmanuel Macron cherche à s'entourer d'un chef de gouvernement particulièrement méticuleux. Et avec qui il peut échanger sans langue de bois sur les sujets. Si les deux hommes se tutoient, Julien Denormandie pourrait pâtir de son image de "Macron bis" qui lui est accolée. Alors, encore un peu de patience pour "Idéfix" comme il serait surnommé, d'autant qu'il se s'est jamais confronté à l'épreuve du suffrage universel direct, n'ayant jamais été élu.
Julien Denormandie, un ancien ministre discret
Si aujourd'hui son nom est cité pour devenir Premier ministre, Julien Denormandie a failli ne jamais entrer au gouvernement. Et pour cause. L'un des artisans de l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir en 2017 était en passe de rejoindre le secteur privé avant d'être rattrapé par la manche par le nouveau président de la République, qui lui confia le secrétariat d'État auprès du ministre de la Cohésion des territoires.
Fin juin 2017, celui qui est diplômé de l'école nationale du génie rural, des eaux et des forêts décroche une fonction ministérielle. Ses prérogatives consistent alors à épauler Jacques Mézard dans la politique de la ville, de l'urbanisme ou encore du logement. Malgré la mise en place de dispositifs de défiscalisation ou encore du bail mobilité, cet anti-lumière subit les foudres des coupes budgétaires pour le secteur du logement social en se faisant siffler lors du congrès annuel du secteur pour sa première année au ministère. Qu'importe, il se replonge dans les dossiers, avance et parvient à convaincre les professionnels du domaine. "Il a eu un comportement de très bon élève, il a écouté et pris beaucoup de notes", expliquait André Yché, président de CDC Habitat, à L'Opinion. De quoi renverser la vapeur malgré un maintien des coupes de budgets, bien que moindres grâce à son action.
Celui qui fut promu ministre de la Ville et du Logement en octobre 2018, sous l'autorité de de la ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault, avait également du assumer la baisse de 5€ des APL, bien qu'opposé à la mesure. Marcheur de la première heure, Julien Denormandie prend son envol à l'été 2020 lorsqu'Emmanuel Macron le nomme ministre de l'Agriculture du gouvernement Castex. L'ingénieur agronome porte alors des mesures de soutien aux agriculteurs, autorise l'usage de pesticides néonicotinoïdes pour assurer la récolte des betteraves et entend réformer l'assurance-récolte. Évidemment non sans s'attirer des critiques, malgré sa discrétion.
Biographie de Julien Denormandie
Issu d'une famille dont l'oncle était ingénieur forestier tout droit sorti de l'Ecole nationale du génie rural et des forêts, Julien Denormandie a emprunté le même chemin en intégrant, en 2000 l'AgroParis Tech. Il est alors âgé de 20 ans. Deux ans plus tard, il suit le même cursus que son oncle et, diplômé après deux nouvelles années d'études, intègre la direction des Relations économiques extérieures du ministère de l'Economie et des Finances. De 2004 à 2008, il voit alors défiler quatre ministres à la tête du portefeuille (Hervé Gaymard, Thierry Breton, Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde). Après un passage de deux ans à l'ambassade de France au Caire au titre de conseiller économique, il intègre la direction générale du Trésor, chargé du Moyen-Orient.
C'est en 2012 que sa carrière va s'accélérer. Recruté en tant que conseiller de Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, mais aussi de Pierre Moscovici, ministre de l'Economie et des Finances, Julien Denormandie doit travailler avec... Emmanuel Macron, alors secrétaire général de l'Elysée. Une collaboration de deux ans qui a failli aboutir à la création d'une start-up liant enseignement et numérique, épaulée par un certain Ismaël Emilien. Le projet tombe à l'eau lorsqu'Emmanuel Macron décroche Bercy à l'été 2014. Dans ses valises, le futur président de la République embarque Julien Denormandie, le nommant directeur adjoint de cabinet. Là encore, il restera en poste pendant deux ans.
C'est alors qu'au fil des mois mûrit le projet d'une candidature à l'élection présidentielle dans la tête d'Emmanuel Macron. Julien Denormandie quitte Bercy pour lancer En Marche. Il rédige les statuts du nouveau parti, occupe le poste de secrétaire général adjoint aux côtés de Richard Ferrand et oeuvre à tout point de vue pour porter LREM au pouvoir. Il occupe les postes de de secrétaire d'État auprès du ministre de la cohésion des territoires, ministre chargé de la Ville et du Logement, puis ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation avant de rejoindre le secteur privé le 5 septembre 2022 et la start-up Sweep.