Nouveau Premier ministre : qui pour succéder à Elisabeth Borne à Matignon ?

Nouveau Premier ministre : qui pour succéder à Elisabeth Borne à Matignon ? Alors qu'Elisabeth Borne doit dresser le bilan de sa première année à Matignon le 14 juillet 2023, l'hypothèse de son remplacement après la crise de la réforme des retraites est évoquée. Qui pourrait être nommé à sa place ?

[Mis à jour le 19 juin 2023 à 13h32] Après avoir affronté 17 motions de censure avec succès lors de sa première année à Matignon, Elisabeth Borne résistera-t-elle à un éventuel remaniement ? Difficile à dire, car si la Première ministre ne fait pas l'unanimité auprès des Français et ne satisfait pas Emmanuel Macron, le chef de l'Etat peinerait à trouver un meilleur successeur. L'échéance du 14 juillet, fin des "100 jours d'apaisement" et date à laquelle la cheffe du gouvernement doit dresser le bilan d'une année très mouvementée, pourrait être une échéance déterminante. A moins que des changements interviennent avant ?

Malgré les vents contraires soufflés par Emmanuel Macron, Elisabeth Borne s'accroche à son poste à Matignon sans renoncer à la réforme des retraites, qui pourrait lui coûter sa place, et en annonçant de nouveaux grands chantiers comme pour s'imposer pour la suite du quinquennat. Pourtant, le départ d'Aurélien Rousseau, bientôt ex-directeur de cabinet d'Elisabeth Borne, divulgué par Le Parisien pourrait être annonciateur de celui de la Première ministre. Plusieurs personnes auraient été sollicitées pour ce poste, mais personne n'aurait répondu favorablement à cet appel. Qui pourrait faire mieux que la Première ministre en l'état, soit sans majorité ?

Quelle est la stratégie d'Emmanuel Macron ?

Deux choix s'offrent à Emmanuel Macron analyse Le Monde : "Un remaniement managérial, qui signifierait l'échec de ministres issus de la 'société civile' ou un remaniement à visée politique, qui poursuivrait la droitisation du quinquennat". Cette deuxième option n'est pas si évidente puisque dans les rangs des Républicains on revendique l'indépendance par rapport au gouvernement. Sur certains textes comme la loi immigration, la droite ne veut pas se confondre avec la majorité et au contraire souligne ses positions.

Il reste une dernière option : un remaniement interne, en piochant au sein de la majorité présidentielle. Le Monde juge que cela "se limiterait à un remaniement destiné à resserrer le collectif et à lui donner un second souffle. Il s'agit à la fois de réduire une équipe de plus quarante ministres et secrétaires d'État et de se séparer des membres du gouvernement qui peinent à exercer leurs fonctions." 

Renaissance planche sur un rapprochement avec Les Républicains 

Stéphane Séjourné, le chef de Renaissance, a alors invité ses députés à "une réunion politique" pour évoquer "la stratégie de la majorité" selon le Figaro. Cela serait donc l'occasion de plancher sur un rapprochement avec Les Républicains. Le chef de l'État s'est même entretenu le 6 juin à l'Élysée avec Nicolas Sarkozy, comme l'a révélé L'Express et depuis c'est avec l'ancien Premier ministre et patron du parti Horizon, Edouard Philippe, que le chef de l'Etat a échangé. Les deux hommes pousseraient Emmanuel Macron à droitiser son gouvernement en suivant la logique de l'ancien chef d'Etat : "Quand la France penche à droite, il faut nommer un Premier ministre de droite."

Un accord de gouvernement entre la majorité et la droite qui est également plébiscité par une majorité de Français à en croire le sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro publié le 18 juin. Ils seraient même 48% à vouloir qu'un Premier ministre issu de la droite soit nommé pour remplacer Elisabeth Borne.

Cependant, l'incertitude à la tête des Républicains rendrait méfiant le président qui n'a pas oublié l'échec d'un accord sur les retraites. Les leaders du parti de droite refusent de se positionner publiquement sur une éventuelle alliance comme Olivier Marleix, sur BFMTV : "Nous n'avons rien à voir avec le président de la République, notre projet n'est pas le même, donc il n'y aura pas d'alliance." 

Qui pourrait prendre la relève d'Elisabeth Borne à Matignon ?

Le remplacement d'Elisabeth Borne n'est pas encore confirmé, mais en coulisses des noms de potentiels successeurs circuleraient selon l'Express. La facilité pousse à imaginer certains des ministres forts du gouvernement s'installer à Matignon à l'instar de Bruno Le Maire ou de Gérald Darmanin. Tous deux macronistes issus des rangs des Républicains, ils pourraient théoriquement élargir la majorité à droite. Reste que le premier s'est amarré à Bercy et ne semble pas vouloir changer de portefeuille - même pour s'installer à la tête du gouvernement ? Le ministre de l'Economie ne répondrait toutefois pas au profil de collaborateur exécutant recherché par le chef de l'Etat à Matignon et nourrirait des ambitions plus importantes en vue de 2027. Quant au ministre de l'Intérieur, il reste l'une des personnalités les plus clivantes du gouvernement et se traîne des projets de loi encombrants comme la loi immigration ou encore son ancienne opposition au mariage pour tous, vestige d'une idéologie peut-être trop droitière ?

Parmi les ministres possiblement en course, Sébastien Lecornu pourrait aussi avoir sa chance, selon plusieurs titres de presse politique. Passé de secrétaire d'Etat à ministre de la Défense, l'homme a gravi les échelons en évitant les scandales, en restant plutôt anonyme et serait apprécié d'Emmanuel Macron. Sur le papier, le ministre remplit de nombreux critères qui pourraient en faire l'exécutant de Matignon sans effacer l'Elysée. Reste que peu de personnes semblent croire en cette nomination. Autre sérieux prétendant plusieurs fois cité : Julien Denormandie. L'ancien ministre de l'Agriculture qui n'est pas sans rappeler Emmanuel macron à ses débuts a quitté la politique mais n'exclut pas son retour, à condition que celui-ci se fasse à un poste de poids. Seul son âge et son manque d'expérience seraient des freins pour certains macronistes.

D'autres hypothèses ont perdu en force. François Bayrou, patron du MoDem et fidèle de la première heure d'Emmanuel Macron s'est lui-même considéré hors-jeu au micro de RTL. En cause ? Un procès pour complicité de détournements de fonds publics européens prévu à l'automne 2023. Richard Ferrand, ancien président de l'Assemblée national aurait également dit non à Matignon selon Libération, mais sa réponse ne serait pas catégorique. Du côté de la droite, le président LR du Sénat, Gérard Larcher a un temps été cité. Le sénateur aurait pu entériner une forme de coalition entre la majorité et la droite, mais aurait refusé la proposition peu enthousiaste à l'idée de travailler avec Emmanuel Macron.

Une autre femme Première ministre ?

Catherine Vautrin est l'une des rares, pour ne pas dire la seule, citée comme potentielle successeuse à Elisabeth Borne. L'ancienne ministre de Jacques Chirac avait quasiment été nommée en 2022 avant que le choix ne porte finalement sur l'actuelle cheffe du gouvernement. Les qualités et les inconvénients de la politique LR sont les mêmes, mais la nommer après Elisabeth Borne pourrait donner l'impression d'avoir fait une erreur la première fois. 

Quels sont les ministres en danger en cas de remaniement ?

Les noms les plus menacés seraient ceux de Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de la vie associative, qui traîne comme un boulet l'affaire du fonds Marianne. Pap Ndiaye est affaibli par sa gestion de l'affaire Lindsay. Olivier Dussopt et Eric Dupond-Moretti pourraient payer leurs affaires judiciaires en cours. Pour les remplacer, Franceinfo estime que "des profils plus aguerris, rompus aux plateaux télé, avec un CV plus politique, sont ciblés".