Ministre de l'Intérieur : Darmanin reste à Beauvau

Ministre de l'Intérieur : Darmanin reste à Beauvau Gérald Darmanin fera bien partie du nouveau gouvernement d'Elisabeth Borne. C'est désormais officiel, le ministre de l'Intérieur reste en poste.

Emmanuel Macron et sa Première ministre Elisabeth Borne ont tranché. Le nom de Gérald Darmanin figure bien sur la liste dévoilée par Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Elysée, cet après-midi. Celui qui est ministre de l'Intérieur depuis 2020 reste donc à son poste, place Beauvau. Ce n'est pas une grosse surprise pour le fidèle d'Emmanuel Macron, qui s'est beaucoup impliqué dans la campagne présidentielle et a su devenir l'un des ministres les plus médiatisés du gouvernement. Pourtant, sa reconduction ne fera pas que des heureux. 

Ce n'est pas par hasard si, en mars dernier, Gérald Darmanin a mis sur les rails un projet de loi d'orientation et de programmation prévoyant les grandes lignes de la stratégie du ministère de l'Intérieur, pour les cinq années à venir, concernant la sécurité. Le ministre avait bien l'intention de pouvoir porter ce projet jusqu'au bout et d'assurer sa propre succession. Il faut dire que Gérald Darmanin a su se rendre utile au camp Macron. On se souvient de l'émission "Programme contre programme" de BFMTV, dans l'entre-deux tours de la présidentielle : face à Jordan Bardella, lieutenant RN de Marine Le Pen, c'est Gérald Darmanin qui avait été choisi pour défendre le président sortant. Il avait alors marqué les esprits en évoquant sa mère "femme de ménage" et son origine "ouvrière". 

Un maintien critiqué

Pourtant, Gérald Darmanin est loin d'être la figure la plus populaire du gouvernement. Et pour cause : depuis 2017, il a fait l'objet de plaintes successives pour violences sexuelles, pour des faits remontant à 2009. La plaignante, Sophie Spatz, accuse Gérald Darmanin de viol, de harcèlement et d'abus de confiance. Alors qu'il était chargé de mission au service des affaires juridiques de l'UMP, Gérald Darmanin aurait selon elle demandé des faveurs sexuelles en échange de "services". Le 13 septembre 2021, la juge d'instruction en charge de l'enquête a prononcé la fin des investigations et n'a pas mis Gérald Darmanin en examen. Le 13 janvier 2022, le parquet de Paris a requis un non-lieu. L'actuel ministre a été visé par une autre plainte, datant de 2018, déposée par une habitante de Tourcoing, pour abus de faiblesse : elle accusait Gérald Darmanin de l'avoir obligée à des relations sexuelles en échange de l'obtention d'un logement et d'un emploi en 2015, alors qu'il était maire de la ville. L'enquête a également été classée sans suite.

La nomination de Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur, le 6 juillet 2020, avait déclenché de nombreuses critiques, notamment du côté des militants et militantes féministes. Au-delà des accusations dont Darmanin fait l'objet, il se retrouvait à diriger les services en charge de l'enquête qui le visait. Par la suite, son soutien inconditionnel aux policiers, son refus catégorique de parler de "violences policières", lui ont valu autant de soutiens à droite que de critiques à gauche. Mercredi 18 mai sur CNEWS, la syndicaliste policière Linda Kebbab (UNITÉ SGP) appelait de ses vœux "la continuation de l'action qui a été entamée sur le mandat précédent". Mais le maintien de Darmanin à Beauvau provoquera aussi son lot de critiques et de déçus.

Gérald Darmanin est-il candidat aux élections législatives ?

Jeudi 5 mai, l'actuel ministre de l'Intérieur avait annoncé sa candidature aux élections législatives pour la majorité présidentielle, dans la 10e circonscription du Nord. Une décision que Gérald Darmanin annonçait avoir prise "après en avoir parlé avec le président de la République". Il mènera sûrement campagne, mais se désistera, en cas de victoire, pour son suppléant Vincent Ledoux, qui l'avait déjà remplacé à l'Assemblée à partir de 2020, lors de sa première nomination à Beauvau. En cas de défaite, en revanche, ce serait un désaveu pour le ministre de l'Intérieur. La circonscription où il se présente, toutefois, avait placé Emmanuel Macron en tête dès le premier tour de la présidentielle.

Qui sont les derniers ministres de l'Intérieur ?

Voici la liste des prédécesseurs de Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur :

  • Christophe Castaner (octobre 2018-juillet 2020)
  • Gérard Collomb (mai 2017-octobre 2018)
  • Matthias Fekl (mars 2017-mai 2017)
  • Bruno Leroux (décembre 2016-mars 2017)
  • Bernard Cazeneuve (avril 2014-décembre 2016)
  • Manuel Valls (mai 2012-avril 2014)
  • Claude Guéant (février 2011-mai 2012)
  • Brice Hortefeux (juin 2009-février 2011)
  • Michèle Alliot-Marie (mai 2007-juin 2009)
  • François Baroin (mars 2007-mai 2007)
  • Nicolas Sarkozy (juin 2005-mars 2007)
  • Dominique De Villepin (mars 2004-mai 2005)
  • Nicolas Sarkozy (mai 2002-mars 2004)
  • Daniel Vaillant (août 2000-mai 2002)
  • Jean-Pierre Chevènement (juin 1997-août 2000)
  • Jean-Louis Debré (mai 1995-juin 1997)