Un revenu minimum de 1 500 euros pour les agriculteurs ? La proposition de Ciotti ne fait pas l'unanimité

Un revenu minimum de 1 500 euros pour les agriculteurs ? La proposition de Ciotti ne fait pas l'unanimité L'annonce du patron des Républicains a pris de court son propre camp, tandis que certains agriculteurs rejettent une mesure d'"assistanat".

"Aucun agriculteur ne doit gagner moins de 1 500 euros net par mois", a déclaré Éric Ciotti le 28 janvier dans les colonnes du Journal du Dimanche. A la surprise générale, le président du parti Les Républicains a défendu la mise en place "d'un dispositif d'accompagnement financier des agriculteurs qui vivent sous le seuil de pauvreté". Il proposait de financer celui-ci à l'aide des sanctions infligées aux "distributeurs qui ne respectent pas la loi" EGalim et par la suppression de "certaines aides dépensées à perte, notamment pour la politique de la ville". Sur France 2, il suggérait également de piocher dans le financement de l'Aide médicale d'Etat (AME).

La proposition d'Éric Ciotti a déclenché une levée de boucliers dans son propre camp. "C'est une idée qui est à contrepied de ce que nous défendons et c'est très éloigné des demandes des agriculteurs", a réagi la vice-présidente LR du Sénat, Sophie Primas, auprès de Public Sénat. "Et quand je lis qu'Éric Ciotti propose de financer en partie cette mesure en prenant sur la politique de la ville, c'est opposer les urbains aux ruraux", déplore-t-elle. "Accepter un SMIC agriculteurs, ce n'est pas du tout dans leur ADN, les agriculteurs demandent à vivre de leur activité", renchérit Pascale Gruny, vice-présidente LR de la commission des Affaires sociales du Sénat.

Pas de nouvelle "allocation"

"Un revenu minimum, c'est encore être assisté", confirme un producteur de fruit interrogé par RMC. Sans compter qu'"économiquement, fixer un revenu minimum, ça ne tient pas parce que les agriculteurs sont des chefs d'entreprise", pointe Jean-Marie Séronie, agroéconomiste indépendant, auprès de Public Sénat.

"Je vous rassure tout de suite, il ne s'agit en aucun cas d'une allocation, d'un revenu universel ni d'une nouvelle forme d'assistanat", s'est défendu Éric Ciotti dans un messages aux sénateurs. La mesure qu'il défend "consiste, provisoirement et dans une situation de crise grave, à soutenir le revenu des agriculteurs les plus pauvres de façon à ce qu'ils ne quittent pas la profession", explique-t-il. Sur France 2, il a répété ne pas vouloir créer une nouvelle "allocation", précisant que son objectif était que "le cumul de tous les dispositifs fasse que l'on relève le revenu des agriculteurs."