Entre la patronne des Ecologistes et le patron des chasseurs, ça chauffe !

Entre la patronne des Ecologistes et le patron des chasseurs, ça chauffe ! La secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier et le patron de la Fédération de la chasse Willy Schraen se sont récemment écharpés sur les sujets de l'écologie et de l'Europe.

Aux antipodes. À l'approche des élections européennes, et dans un contexte de vive contestation du monde agricole, deux camps qui se disent pourtant alliés des agriculteurs semblent toujours dans la contradiction la plus totale. Chef des écologistes, Marine Tondelier a rencontré le patron de la Fédération des chasseurs, Willy Schraen dans le cadre d'un entretien accordé au Point. Ce dernier est également tête d'une liste Alliance rurale pour le scrutin de juin prochain. Un échange qui oppose deux France totalement différentes et qui paraissent aujourd'hui irréconciliables. 

"Si tu n'es pas écolo, tu es un salaud !"

La simplification des normes européennes fait partie des revendications principales des agriculteurs depuis le début des manifestations et des blocages aux quatre coins du pays. Des normes, trop encombrantes et complexes pour Willy Schraen : "Il faut un bac +12 pour remplir un dossier de politique agricole commune (PAC)" indique-t-il dans Le Point. Selon lui, les écologistes ont notamment contribué à imposer ces normes. Ce dernier souhaite que les agriculteurs bénéficient de davantage de latitude, moins de contrôles, mais n'hésite pas à tirer à boulets rouges sur les écologistes : "Au nom de l'écologie punitive, on fait peut à tout le monde. Si tu n'est pas écolo, tu es un salaud" lance-t-il. Cela a le mérite d'être clair. 

D'un côté, Marine Tondelier remet en cause les marges trop importantes des industriels. De l'autre, le président de la Fédération des chasseurs pointe du doigt les habitudes de consommation des Français qui préfèrent "acheter le produit à 2 euros le kilo plutôt que celui à 4 euros même s'il y a un petit drapeau français dessus". "Avec ou sans vous on a toujours un problème, alors autant faire sans vous" indique Willy Schraen à Marine Tondelier. "Vous noterez qu'il veut déjà me supprimer" rétorque-t-elle. Si Willy Schraen n'a de cesse de remettre sur la table l'idéologie écologiste et leurs actions, Marine Tondelier préfère tempérer : "La ruralité ce n'est pas que vous ! Les ruralités sont diverses. Votre expérience n'est pas forcément la nôtre. Chez les Écologistes, on a organisé une première journée des ruralités en octobre". 

"J'ai l'impression qu'on vit dans deux mondes parallèles"

"Vous êtes minoritaire mais vous avez une influence considérable" regrette Willy Schraen. "Maintenant ça suffit ! On brûle l'Amazonie, le vivant s'effondre partout et vous ne voyez que des normes. J'ai l'impression qu'on vit dans deux mondes parallèles et cela m'inquiète" indique Marine Tondelier, toujours dans les colonnes du Point. Si les deux personnages semblent irréconciliables, ce n'est pas le thème de la chasse qui devrait les rapprocher. "Les chasseurs, qui ne représentent que 1,5 % de la population, empêchent 98,5 % des Français de se promener" analyse la patronne des Écologistes. De son côté, Willy Schraen tient à mettre en avant la notion de propriété privée, notamment concernant certaines parcelles dédiées à la chasse en France. "Vous proposez de faire de la France un grand kolkhoze écologique". 

Si Marine Tondelier reste une européenne convaincue, ce n'est pas toujours le cas du patron de la Fédération des chasseurs. "Chaque pays doit être souverain sur la paix, le social et l'économie. Je crois plutôt à une Europe qui revienne à son traité fondamental" explique-t-il. Une chose est sûre, un seul sujet semble les rapprocher : la paix. "C'est la plus grande force de l'Europe" indique Marine Tondelier, "sur la paix, je serai toujours un Européen convaincu" conclut Willy Schraen.