Jugé incompétent sur l'hébergement d'urgence, l'Etat attaqué en justice par 5 grandes villes

Jugé incompétent sur l'hébergement d'urgence, l'Etat attaqué en justice par 5 grandes villes Les maires EELV et PS de cinq communes ont décidé de poursuivre l'Etat devant la justice administrative. Ils dénoncent des "carences" en matière d'hébergement d'urgence.

330 000. C'est le nombre de personnes sans domicile en France, d'après la Fondation Abbé Pierre. Un chiffre alarmant qui ne joue pas en faveur du gouvernement et de l'Etat en matière de mal-logement. Justement, l'Etat français vient d'être attaqué en justice par les maires écologistes et socialistes de 5 grands villes. Les élus lui reprochent certaines "carences" en matière d'hébergement d'urgence et réclament une "refonte" d'un système "à bout de souffle". 

Un système "inefficace et absolument indigne"

Bordeaux, Grenoble, Rennes, Lyon et Strasbourg. Voici les 5 communes liguées contre l'Etat et qui souhaitent le poursuivre devant la justice administrative. "Le constat est posé depuis des mois, voire des années avec des alertes extrêmement claires" regrette Jeanne Barseghian, maire EELV de Strasbourg, au cours d'une conférence de presse en ligne. Elle dénonce un système désormais "inadapté, insuffisant, inefficace et absolument indigne" vis-à-vis des populations sans domicile.

Ces municipalités n'en sont pas à leur coup d'essai. Deux mois plus tôt, elles avaient déjà tenté des recours devant leurs préfectures respectives, sans réponse. Voilà pourquoi elles ont décidé, cette fois-ci, de déposer des "recours indemnitaires contentieux". Autrement dit, les villes demandent le remboursement des dépenses assumées pour l'hébergement d'urgence "dont l'Etat est responsable" a indiqué Jeanne Barseghian. 

La mairie de Rennes réclame plus de 3 millions d'euros

Les sommes réclamées par les communes sont relativement variables d'un maire à l'autre. La ville de Grenoble réclame 51 000 euros. Bordeaux, 130 000 euros. 300 000 euros sont réclamés par Lyon, et pas moins de 918 000 euros par Strasbourg. Enfin, avec un recours déposé le 9 février dernier, Rennes et sa maire Nathalie Appéré réclament plus de 3 millions d'euros à l'Etat français. "Nous ne pouvons plus, seuls, faire face" a-t-elle déclaré.

Le maire de Lyon Grégory Doucet déplore les proportions prises par cette situation, et fait écho à des "demandes restées sans réponses". L'élu écologiste de Grenoble Eric Piolle, lui, regrette la promesse d'Emmanuel Macron datant de 2017 et affirmant que personne ne devrait dormir dans la rue d'ici la fin de son premier quinquennat. De son côté, si elle avait participé à la première opération à destination des préfectures, la maire de Paris, Anne Hidalgo (PS) ne se joindra pas à cette nouvelle démarche aux côtés de ses cinq homologues.