Macron au Salon de l'agriculture : et maintenant ? Après les heurts, quelles annonces ?

Macron au Salon de l'agriculture : et maintenant ? Après les heurts, quelles annonces ? Après les heurts qui ont éclaté au Salon de l'agriculture, Emmanuel Macron s'est entretenu avec les agriculteurs et a promis plusieurs mesures.

Lors d'une journée d'ouverture du Salon de l'agriculture particulièrement tendue, Emmanuel Macron a promis de réunir à l'Elysée "l'ensemble des organisations syndicales, l'ensemble des filières agricoles", dans trois semaines. Après les heurts et les huées provoqués par la visite du chef de l'État, Emmanuel Macron s'est longuement entretenu avec les agriculteurs dans les allées du Salon. D'après le président de la République, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau et la ministre déléguée Agnès Pannier-Runacher, ainsi que le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, "rassembleront les banques et l'ensemble aussi des secteurs pour pouvoir mettre en place ces plans de trésorerie", et cela dès la semaine prochaine. Ce plan de trésorerie d'urgence permettra de soutenir les agriculteurs français. Il a également annoncé le lancement d'"un recensement dans chaque région des exploitations qui sont dans les plus grandes difficultés de trésorerie pour pouvoir les accompagner".

Le chef de l'État a déclaré qu'il souhaitait la mise en place de "prix planchers qui permettront de protéger le revenu agricole". "C'est la chose la plus engageante qu'on ait jamais faite", a assuré Emmanuel Macron. Les prix seront basés sur les indicateurs de coût de production sur lequel chaque filière a dû se mettre d'accord. Il précise qu'il souhaite rendre ces indicateurs "opposables". Emmanuel Macron s'est aussi engagé à "reconnaître notre agriculture et notre alimentation comme un intérêt général majeur de la nation française". Cette dénomination serait inscrite dans la loi, "ce qui permettra de protéger notre agriculture de manière ferme et solide", a expliqué le président. Emmanuel Macron a insisté sur le fait de vouloir éviter qu'un pesticide soit interdit en France avant le reste de l'Union européenne. Il explique cette volonté en affirmant que cela pourrait nuire aux relations de concurrence.

Des heurts dans les allées

Samedi, des heurts ont éclaté entre manifestants et service de sécurité dans les allées du Salon. Alors que des agriculteurs ont tenté de forcer le passage sur plusieurs stands, les forces de l'ordre dont la compagnie CRS 8 ont été déployée. Des chants d'insultes à la destination d'Emmanuel Macron ont été entonnés. "Macron démission", "fumier", "barre toi", ont été entonnés au moment où le président a officiellement coupé le ruban lors de son inauguration du Salon.

Des centaines de tracteurs ont rejoint la capitale vendredi 23 février matin à l'appel de la Coordination rurale. "On ne nous écoute pas en région, donc on se rapproche des décideurs", a déclaré au micro de France Bleu, Nicolas Bongay, président du syndicat dans le Doubs. D'autres organisations syndicales, notamment la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, ont organisé une seconde manifestation dans Paris pour se rendre devant l'entrée du Salon de l'agriculture à la veille de son ouverture. À quelques heures de l'inauguration de l'édition 2024 du salon agricole, les agriculteurs attendaient donc le président Emmanuel Macron et son Premier ministre, Gabriel Attal, de pied ferme.

Le 60ème Salon de l'agriculture ne sera pas une édition comme une autre les syndicats l'ont assuré et l'événement risque de se dérouler dans un climat de tension, au moins entre les politiques et les agriculteurs. Car ce sont surtout les visites des membres de l'exécutif et des autres représentants politiques qui sont dans le viseur.

Des sifflets pour Emmanuel Macron

Les renseignements étaient sur le qui-vive et anticipaient d'éventuelles perturbations autour de l'arrivée du président de la République qui "risque d'être sifflée", d'après une note consultée par BFMTV. Les agriculteurs eux-mêmes ont prévenu de l'accueil bruyant qui pourrait être réservé au chef de l'Etat. "On pourra jamais empêcher le président de rentrer. Par contre, l'ambiance à l'intérieur du salon, on va la gérer et [ce sera] plutôt des sifflets que des acclamations" a ainsi glissé le président de la FDSEA du Tarn-et-Garonne, Francis Ambrogio, au micro de la chaîne d'information. Le syndicaliste a prévu de se rendre sur Paris avec des collègues à bord d'un bus. Ils sont plusieurs syndicats "à faire venir leurs adhérents" en bus selon les services de renseignement et "beaucoup des adhérents des Coordinations rurales prévoient de rentrer dans le salon 'comme simples visiteurs' pour être présent à l'intérieur", prédit la note.

"On ne va pas bloquer le salon parce que nos agriculteurs vont y porter leur production et la vendre, mais on va interpeller les politiques qui seront présents", a assuré de son côté le co-président de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, José Perez, au quotidien La Dépêche. Plusieurs têtes de partis politiques ont d'ores et déjà annoncé leur venue. Le président du Salon de l'agriculture, Jean-Luc Poulain, a demandé aux responsables politiques de ne pas se livrer à une "récupération facile du malaise agricole".

Emmanuel Macron critiqué pour sa proposition de débat

Avant même le lancement du Salon de l'agriculture, le chef de l'Etat était déjà l'objet des critiques à propos du grand débat qu'il a dit vouloir organiser avec les acteurs du monde agricole. Les représentants des deux principaux syndicats agricoles, la FNSEA et Jeune agriculteurs, ainsi que celle de la Coordination agricole ont annoncé qu'ils ne participeront pas à l'échange organisé par l'exécutif. Tous ont dénoncé une "mascarade" ou une tentative de manipulation. Même du côté de la grande distribution les critiques fusent. Michel-Edouard Leclerc a refusé de participer à ce qu'il considère comme "grossière manipulation" ou un "coup de com' pas vraiment au niveau de la situation" fait dans une annonce "foireuse".

Non seulement de ne pas participer au débat, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau a demandé sur le réseau social X à ce que le rendez-vous soit annulé : "Les conditions d'un dialogue plus apaisé ne sont pas réunies et la dignité des agriculteurs est bafouée par cette démarche qui porte le sceau de la provocation. Dans ce climat d'exaspération, et face aux risques de débordement, nous demandons à ne pas tenir ce débat.