Pierre Moscovici, le Premier ministre "technique" qui coche toutes les cases ?

Pierre Moscovici, le Premier ministre "technique" qui coche toutes les cases ? Premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici est cité comme potentiel futur Premier ministre. S'il a comme atout son expérience politique et technique, il n'est pas certain qu'il trouve l'appui suffisant à l'Assemblée.

Peut-il faire son retour en politique ? Pierre Moscovici, qui a renoncé à tout mandat en 2019 pour retourner à la Cour des comptes et être nommé Premier président de l'institution en 2020 par Emmanuel Macron, est-il celui que le chef de l'Etat nommera en tant que prochain Premier ministre ? Le nom du haut fonctionnaire est en tout cas cité parmi les options sérieuses pour Matignon. Sans apparaître comme un favori, Pierre Moscovici pourrait être une solution pour former un gouvernement hybride : technique sans être trop éloigné de la dimension politique requise pour Matignon.

Le Premier président de la Cour des comptes, qui est aussi un ancien ministre de l'Economie de François Hollande et qui a officié en tant que commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, a l'avantage de maîtriser les dossiers économiques les plus délicats. Un atout de taille lorsqu'on sait qu'un des prochains grands rendez-vous du Parlement portera sur l'examen du projet de loi de finances 2025, lequel doit être présenté en Conseil des ministres, et donc finalisé, fin septembre, soit dans moins d'un mois.

A l'heure de l'aggravation du déficit public et alors que la dette publique a dépassé les 3 100 milliards de dollars - ce qui inquiète la Commission européenne depuis très attentive à la situation française -, la nomination de Pierre Moscovici à Matignon pourrait se justifier pour la nécessité de bien gérer le pays d'un point de vue économique et malgré le contexte politique marqué par un blocage institutionnel. "Réduire notre dette est une ardente obligation. Ce n'est ni de gauche ni de droite : c'est d'intérêt général" assurait le patron de la Cour des comptes dans les colonnes du Point en juillet 2024. Voilà qu'il pourrait, en cas de nomination à Matignon, agir lui-même pour la réduction de la dette en trouvant des compromis entre les différentes forces politiques sur des textes pensés par des experts et des personnes d'expérience telles que lui.

Pierre Moscovici censuré par la droite ou la gauche ?

Reste qu'être Premier ministre est inévitablement politique et que la nomination à Matignon de Pierre Moscovici ne peut être envisagée par Emmanuel Macron que si le Premier président de la Cour des comptes est assuré du soutien d'une majorité d'élus à l'Assemblée nationale, explicite ou tacite. L'homme de 66 ans a appartenu à un seul camp durant toute sa carrière politique : celui des socialistes et des sociaux-démocrates. Un passé qui pourrait lui valoir le soutien de la gauche, mais ce n'est pas si simple. Comme Bernard Cazeneuve, Pierre Moscovici divise puisqu'ayant été ministre sous François Hollande dans une période considérée par certains comme responsable du déclin de la gauche. Mais le haut fonctionnaire affichant désormais un profil plus technique que politique peut-il convaincre suffisamment largement à gauche et au sein du NFP ?

Et quid de la droite ? Laurent Wauquiez, qui a repris les rênes du parti, a exclu la nomination d'une personnalité de son parti à Matignon, laissant le champ libre aux personnes issues de la gauche. Et les représentants du parti Les Républicains se sont dits ouvert à un travail collaboratif, tant qu'il repose ou inclut les textes de leur "pacte législatif". Aucun veto n'a été posé contre le nom de Pierre Moscovici, mais rien ne garantit non plus un soutien suffisant derrière le haut fonctionnaire. Le profil et les chances du patron de la Cour des comptes à résister à une motion de censure convaincront-ils Emmanuel Macron de faire de lui le prochain Premier ministre ? Et auquel cas, Pierre Moscovici répondra-t-il favorablement à la proposition ? Ni l'un, ni l'autre ne se sont entendus sur le sujet.