Les Français ne veulent pas travailler plus, le sondage qui va déplaire à Bayrou

Les Français ne veulent pas travailler plus, le sondage qui va déplaire à Bayrou Alors que François Bayrou estime que la France ne travaille pas assez, les Français sont en majorité à penser le contraire.

La France ne "produit pas assez et ne travaille pas assez", a lancé François Bayrou lors d'une conférence de presse consacrée à la préparation du budget 2026. Une phrase choc, qu'il lie directement à l'endettement du pays. "Si notre production par habitant était dans la même gamme que celle de nos voisins européens, nous n'aurions pas de déficit budgétaire", assure-t-il, déplorant par la suite un "taux d'emploi plus faible" chez les jeunes et les séniors.

Mais qu'en pensent les Français ? Selon le sondage L'Opinion en direct Elabe pour BFMTV, réalisé auprès de 1 000 résidents représentatifs de la population, plus de la moitié des Français sont en désaccord avec le Premier ministre sur son affirmation. Seuls 39% des sondés pensent en effet que les Français ne travaillent pas suffisamment. Dans le détail, 66% des électeurs d'Ensemble et 57% des électeurs de la droite acquiescent en entendant la phrase de François Bayrou, tandis que 84% des sympathisants du NFP secouent la tête. Les électeurs du RN, eux, sont très divisés (51% ne sont pas d'accord avec le locataire de Matignon).

Alors produire plus, oui : les quasi trois-quarts des sondés estiment que la politique industrielle "doit être une obsession pour notre nation". Mais pas en travaillant plus. Pour faire en sorte qu'il n'y ait plus de déficit budgétaire, les personnes interrogées estiment qu'il s'agit plutôt de faire des économies. Les trois-quarts souhaitent une diminution du train de vie de l'Etat (dépenses de fonctionnement, nombre de comités/conseils/autorités, doublons de compétences, etc), et 43% veulent une réduction globale des dépenses publiques. Un peu plus d'un tiers des sondés souhaitent également que les entreprises ayant fait le plus de profits paient plus d'impôts. Quant aux dépenses sociales, 28% estiment qu'elles devraient baisser.

Le surendettement nuit-il gravement à notre indépendance ?

Déficit public, dette… Tous ces mots restent globalement flous. Le site vie-publique.fr définit le déficit comme le solde (négatif) entre les recettes du budget de l'Etat et ses dépenses : le pays dépense plus qu'il ne gagne. Pour compenser cette différence, l'Etat emprunte, ce qui est rassemblé dans une dette. Est-ce mal pour un pays d'avoir de la dette ? 84% des sondés estiment que le surendettement "menace gravement notre indépendance". Et qu'est-ce que le surendettement ? Selon le site economie.gouv.fr, il s'agit de "l'impossibilité manifeste de faire face à l'ensemble de ses dettes non professionnelles exigibles et à échoir".

Si la France n'est pas en capacité de rembourser sa dette, il paraît logique de devoir contrôler les dépenses pour inverser la tendance. Mais est-ce réellement le cas ? En réalité, non, même si c'est assez complexe. Chaque année, la France rembourse sa dette, qui est financée par des investissements. Pour faire simple : il est possible d'acheter des parts de la dette française, comme un investissement long terme, qui est remboursé chaque année peu à peu, avec un intérêt à la fin. Dans une mécanique assez similaire aux actions achetées aux entreprises. La dette des pays est un investissement souvent jugé très stable et sûr, c'est un placement financier utilisé souvent pour les assurances vies. 

Que la France ait une dette n'est donc pas problématique en soi. L'enlever totalement ne serait donc pas vraiment utile. Mais le diminuer, oui, dans un but bien précis : le protocole n°12 du traité de Maastricht (signé en 1992), créant l'Union européenne, précise que le déficit public annuel ne doit pas excéder 3% du PIB, et que la dette reste inférieure à 60% du PIB. En 2025, il est estimé que le déficit atteindra 5,4% du PIB. La dette - chiffrée à 3 305,3 milliards d'euros en 2024 -, a elle constitué 113% du PIB. Ceci dit, si les pays ne respectant pas les règles européennes sont menacés d'amende, aucun d'entre eux n'a jamais été sanctionné.