Nouveau gouvernement : Bayrou bientôt remplacé ? Quelles options pour Macron ?
Le gouvernement Bayrou a survécu à sept motions de censure depuis sa nomination, mais la prochaine risque de lui être fatale. Nommé en décembre 2024, après l'échec du gouvernement de Michel Barnier sur le vote du budget 2025, François Bayrou pourrait, à son tour, tomber lors de l'examen du budget 2026 dont le mot d'ordre est "économie". Le Premier ministre a pris ses dispositions pour éviter une censure : il a préparé le terrain et annoncé dès la mi-juillet ses pistes de réflexions pour réaliser des économies de 43,8 milliards d'euros, soit plus de deux mois avant le début du débat sur le projet de loi de finances à l'Assemblée nationale. Un temps qu'il espère mettre à profit pour trouver un accord majoritaire sur le budget 2026 et éviter la censure de son gouvernement.
L'exécutif paraît toutefois mal embarqué. Dans des réactions à chaud, tous les partis d'opposition ont fustigé les annonces de François Bayrou et l'ont menacé d'une censure en cas de maintien des mesures présentées dans le projet de loi de finances. Des forces politiques étaient déjà catégoriques quant à leur volonté de renverser le gouvernement à l'instar de LFI. D'autres attendaient de connaître le projet pour le budget 2026 et ont promis la censure face aux mesures annoncées, notamment le PS et le RN. La réussite d'une motion de censure est désormais une perspective sérieusement envisageable dont les conséquences seraient la démission du gouvernement Bayrou et la nomination d'un nouveau Premier ministre avant celle d'un nouvel exécutif.
Un cinquième Premier ministre en trois ans ?
Il avait fallu attendre huit jours entre la démission de Michel Barnier, le 5 décembre, et la nomination de François Bayrou, le 13, puis l'attente s'était prolongée de dix jours jusqu'à la nomination du nouveau gouvernement survenue à la veille du réveillon de Noël. Des délais qui s'expliquaient par la censure en partie surprise du précédent locataire de Matignon. Le RN avait soufflé le chaud et le froid jusqu'à la dernière minute. Avec des négociations lancées plusieurs mois à l'avance, la censure ou non du gouvernement Bayrou pourrait être plus facile à prévoir et Emmanuel Macron pourrait anticiper la nomination d'un Premier ministre, chargé ensuite de former un gouvernement.
Une coalition allant du PS à LR ? La fin d'une chimère
Mais après Elisabeth Borne, Gabriel Attal, Michel Barnier et François Bayrou qui pourrait prendre la tête du cinquième gouvernement du second mandat d'Emmanuel Macron ? Comme lors des précédents remaniements et à deux ans de la présidentielle 2027, le président de la République refuserait certainement de voir un gouvernement de gauche ou d'extrême droite se former. Sa volonté pourrait être, une nouvelle fois, de mettre son parti à la tête du gouvernement de coalition allant de la gauche socialiste à la droite républicaine.
Une équation déjà posée à plusieurs reprises en 2024, mais qui n'a jamais trouvé de solution. La gauche socialiste a toujours refusé de prendre part à un gouvernement à majorité macroniste et ne devrait pas changer de position. Quant à la droite, qui a accepté de rejoindre le gouvernement après la nomination de Michel Barnier, elle pourrait être refroidie par l'expérience après l'année écoulée : le maintien à peine trois mois du gouvernement Barnier et un "en même temps" critiqué sous le gouvernement Bayrou, malgré des victoires de la droite. Reste que le patron de LR se plait dans son rôle de ministre de l'Intérieur et pourrait vouloir le conserver au sein d'un futur gouvernement. La droite qui souhaite peser lors de la prochaine présidentielle risque d'être tiraillée entre la mise en avant que lui offre une participation au gouvernement et son effacement progressif entre le macronisme penchant vers la droite et la droite dure floutant parfois dangereusement la frontière avec l'extrême droite.