Vallaud Belkacem, Bayrou et un accord avec le PS... Quelles sont ces étonnantes accusations ?
Une manœuvre de François Bayrou pour éviter la censure ? C'est ainsi que certains politiques comprennent la nomination de Najat Vallaud-Belkacem en tant que "conseillère maître à la Cour des comptes" officialisée dans le mercredi 16 juillet par le compte-rendu du Conseil des ministres. Le document précise que la nomination de l'ancienne ministre a été faite "sur proposition du Premier ministre" alors que la procédure veut que la proposition émane du premier président de la Cour des comptes.
La rumeur sur la nomination de Najat Vallaud-Belkacem courait déjà depuis une semaine avant l'annonce officielle après un article du Canard enchaîné affirmant qu'il s'agissait d'une stratégie de François Bayrou pour s'attirer les grâces du Parti socialiste (PS), notamment de ses députés. L'ancienne ministre n'est autre que l'épouse de Boris Vallaud, le président du groupe du PS à l'Assemblée nationale. Il est vrai que la nomination tombe au lendemain des annonces du Premier ministre sur le budget 2026 et des réactions de toutes les forces d'opposition appelant à une censure du gouvernement, le PS y compris. Selon l'analyse du Canard enchaîné, François Bayrou chercherait à convaincre les députés PS de ne pas voter une motion de censure lors de l'examen du budget 2026 à l'octobre prochain en offrant des postes de choix à des proches.
Le PS dissuadé de censurer Bayrou ?
A gauche et à l'extrême droite aussi, la nomination de Najat Vallaud-Belkacem à la Cour des comptes est vue comme une manœuvre politique. Le Rassemblement national (RN) dénonce un "système" et l'élu de la Somme Jean-Philippe a prévu "avec les députés RN de la Commission des Finances, [d'attaquer] devant le Conseil d'État dans les prochains jours cette nomination scandaleuse". De l'autre côté de l'échiquier politique, c'est La France insoumise (LFI) qui déplore des tentatives de soudoiement qu'elle espère vaines "Ça en dit long sur la manière dont le PS est vu par ce gouvernement : des magouilleurs sans principe. J'espère que c'est faux et que le PS censurera avec nous Bayrou à la première occasion", a réagi le député Antoine Léaument jugeant cette nomination "inquiétante".
Le PS a effectivement déclaré que "la seule perspective possible, c'est la censure" du gouvernement après les annonces de François Bayrou sur le budget 2026. Mais cette nomination peut-elle changer la donne ? Non répond Najat Vallaud-Belkacem qui ne siège pas à l'Assemblée, mais a un mari député. "Mettre la pression du Boris [Vallaud]… Quelle blague", assure-t-elle sur X rappelant que l'élu des Landes "a déposé une motion de censure il y a quelques jours à peine".
Une "procédure de recrutement professionnel parfaitement objective"
Les craintes et, parfois, les accusations de manœuvre politique sont rejetées par la nouvelle conseillère de la Cour des comptes. Rappelant sa réticence à répondre aux scandales et aux "absurdités", Najat Vallaud Belkacem a assuré que "la voie qu'[elle a] volontairement utilisé pour la Cour est celle du concours" et n'a "pas grand-chose à voir avec une nomination 'politique'". L'ancienne ministre est bien passée par la voie officielle, a confirmé le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici, mais celle-ci n'est pas un concours à proprement parler.
Najat Vallaud-Belkacem n'a eu, comme les autres candidats, qu'à déposer une candidature et être auditionnée par la commission d'intégration avant d'être classée par ordre de mérite et, en l'occurrence, nommée selon la procédure de recrutement rappelée sur X par Hervé Joly, spécialiste des élites administratives. Pierre Moscovici a lui-même assuré sur Franceinfo qu'aucune faveur n'a été faite à la nommée, insistant sur la légitimité de la nomination : "Je ne suis pas son copain, j'ai été son collègue. Elle est arrivée par une procédure de recrutement professionnel parfaitement objective, parfaitement collective et sans que je sois intervenu en quoi que ce soit".
Certains s'interrogent toutefois sur les compétences de Najat Vallaud-Belkacem a siégé à la Cour de comptes. L'instance impose des critères à ses membres : avoir plus de 45 ans et plus de 20 ans d'expérience professionnelle, notamment en tant qu'administrateur de l'Etat ou fonctionnaire. La femme politique coche toutes les cases, si ce n'est qu'elle n'est pas une haute fonctionnaire. Théoriquement, la commission d'intégration a "évalué les compétences, les motivations et les aptitudes à exercer les fonctions de magistrat financier au grade de conseiller/conseillère maître" de Najat Vallaud-Belkacem avant d'approuvé sa nomination.