Censure contre Lecornu : le PS pose ses conditions, une fin de semaine à haut risque pour le Premier ministre

Censure contre Lecornu : le PS pose ses conditions, une fin de semaine à haut risque pour le Premier ministre Le Premier ministre reste sur un siège éjectable. Si le PS a donné un peu de répit au gouvernement en ce début de semaine, il a fixé ses conditions sans lesquelles, il votera une motion de censure, peut-être dans les prochains jours.

Ce lundi 27 octobre, les débats se poursuivent à l'Assemblée tandis que le budget de la Sécurité sociale arrive en commission. Pour rappel, le gouvernement a déposé une "lettre rectificative" intégrant directement au texte la suspension de la réforme des retraites, promise aux socialistes en échange de leur non-censure. L'exécutif dispose toujours d'un timing serré pour promulguer le projet de loi de finances (PLF) et le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) au Parlement - jusqu'au 31 décembre - mais le pari est loin d'être gagné. En effet, les oppositions se montrent désormais relativement offensives et n'hésitent plus à menacer ouvertement le gouvernement Lecornu de censure si ce dernier ne se montrait pas davantage coopératif, comprenez : s'il n'arrivait pas à faire suffisamment de concessions.

Le 16 octobre dernier, le résultat de la motion de censure déposée par LFI a été très serré, mais il n'a pas réussi à renverser le gouvernement de Sébastien Lecornu. La motion a recueilli 271 votes, mais il fallait une majorité absolue de 289 députés pour faire tomber l'exécutif. Le texte a été soutenu par les 123 députés du RN, les 16 de l'UDR, 35 élus écologistes, 15 communistes et les 71 insoumis ainsi que 7 frondeurs du PS, 1 LR et 1 Liot, accompagnés de 2 non inscrits. Avec le vote de 18 socialistes supplémentaires, l'affaire était réglée et Sébastien Lecornu aurait dû quitter Matignon. Un scénario qui pend toujours au nez du Premier ministre.

"Tout est possible", le PS pourrait censurer dès cette semaine

Après avoir brandi la menace de la censure potentiellement dès ce lundi 27 octobre, le PS a décidé de tempérer en accordant quelques jours supplémentaires de répit à l'exécutif toujours en place. À la fin de la semaine prochaine, "nous saurons si nous allons à la dissolution ou pas", a prévenu ce dimanche 26 octobre sur LCI le patron du PS Olivier Faure. Ce lundi, le président des députés PS à l’Assemblée nationale Boris Vallaud affirme sur RTL que "tout est possible". "Je ne sais pas si (la censure), c’est cette semaine", explique-t-il, indiquant que cette arme constitutionnelle "fait partie des hypothèses" à la disposition du parti à la rose.

Une chose est sûre, le PS réclame davantage de "justice fiscale". "S’il n’y a pas une mise à contribution sérieuse des très hauts patrimoines, il manquera de l’argent pour boucler un budget autrement que sur le dos des gens", martèle Boris Vallaud. Une fiscalité renforcée pour les plus riches semble désormais érigée comme un totem par les socialistes, sous peine d'une censure dans les prochains jours. Pour le député PS de l'Essonne, Jérôme Guedj, une version allégée de la taxe Zucman pourrait suffire à satisfaire le PS. "On appelle ça un impôt minimum sur les très hauts patrimoines : on baisse la barre et on a entendu les objectifs, bref on est force de propositions", dit-il sur RMC. Une position partagée par Olivier Faure : "si d'aventure dans l'Hémicycle, nous n'arrivions pas à avancer sur cette taxe Zucman là, nous chercherons des amendements de repli", disait-il dimanche.

Jeudi 23 octobre, déjà, le parti à la rose piquait. Le chef des députés PS, Boris Vallaud, laissait planer la menace d'une censure du gouvernement si le bloc central ne se montrait pas "capable de justice fiscale" lors de l'examen de la partie recettes du budget 2026. "Si le bloc central n'est pas capable de voter la taxe Zucman, cet impôt minimal et indispensable sur les très hauts patrimoines, s'il n'est pas capable de voter l'ISF sur les milliardaires, sur lequel nous avons travaillé et que nous proposerons, s'il n'est pas capable de justice fiscale, je ne suis pas sûr qu'il sera possible de discuter de la suite", confiait-il au Parisien.

En revanche, le coordinateur de La France Insoumise, Manuel Bompard, "ne croit pas" que les socialistes ont réussi leur pari malgré l'entérinement - jusqu'en 2028 - de la lettre rectificative concernant la suspension de la réforme des retraites. Selon lui, en l'état, ce budget est "invotable" par la gauche, comme il l'a indiqué sur Sud Radio vendredi dernier. Lundi 27 octobre, sur Public Sénat, il affirme même que le PS a commis "une faute politique lourde" suite à la non-censure du gouvernement de Sébastien Lecornu, le 16 octobre dernier.

"Larcher a poussé une gueulante", le Sénat hostile à Lecornu ?

Si la gronde est assumée et pas vraiment une surprise à gauche, la droite, elle aussi, commence à grincer des dents. Le Sénat a notamment fait part de son mécontentement ces derniers jours sur l'organisation des débats budgétaires. "Larcher a poussé une gueulante", mercredi dernier, lors de la conférence des présidents. "Il ne peut pas accepter que le Sénat soit la cinquième roue de la charrette", affirme un participant à l'AFP.

"On a un problème de confiance (...) Larcher veut qu'on respecte le bicamérisme. Et s'il n'est pas respecté, il usera de toutes les armes à sa disposition pour le faire respecter", dit un proche du patron du Sénat. En cas de nouvelle motion de censure déposée contre Sébastien Lecornu, pas sûr que ce dernier ne survive. À moins de donner du grain à moudre à la fois au PS et à LR, ce qui semble quasiment impossible, le Premier ministre pourrait être évincé lors d'un prochain vote.

Pour rappel, la motion de censure est prévue par l'article 49, alinéa 2 de la Constitution de la Ve République. Pour être recevable, elle doit être signée par au moins un dixième des députés, soit 58 signatures (sur un total de 577). Une fois déposée, elle ne peut être mise en discussion avant un délai minimal fixé par le règlement de l'Assemblée (48 heures). Pour être adoptée, une motion de censure requiert une majorité absolue de l'ensemble des députés (aujourd'hui 289 voix). Si la motion est adoptée, le gouvernement doit remettre sa démission au président de la République. Si une motion de censure était déposée en fin de semaine, comm le PS l'a laissé entendre, elle pourrait être discutée dès la semaine suivante, et verrait le Premier ministre être maintenu dans ses fonctions, ou tomber, dans les premiers jours du mois de novembre 2025.

Dernières mises à jour

16:27 - "Dans tous les scénarios, nous arrivons à une censure", estime Mathilde Panot (LFI)

Pour Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée, la censure contre Sébastien Lecornu et son gouvernement est inévitable. Elle souhaite toujours "une rupture avec la politique macroniste". "Nous n'avons pas été élus pour servir la soupe, ni à monsieur Lecornu, ni à monsieur Macron", a-t-elle lancé dans le "Grand Jury" RTL-Public Sénat-Le Figaro-M6 ce dimanche 26 octobre. "Le budget va être battu si on va au vote. Vous n'avez qu'à voir ce qui s'est passé en commission. Il va être battu (...) dans tous les scénarios, nous arrivons à une censure du gouvernement", conclut-elle.

16:08 - Philippe Brun (PS) n'écarte pas la censure si "des efforts" sont demandés aux classes populaires

"Jamais les socialistes ne voteront un budget dans lequel on demande des efforts aux classes populaires et aux classes moyennes. Ce n'est pas à eux de payer la mauvaise gestion des amis de monsieur Macron (...) On est prêt à accepter d'autres options que la taxe Zucman du moment qu'on a de l'équilibre. Ce qui est important pour nous c'est qu'il y ait de la justice fiscale", assure le député socialiste Philippe Brun, ce lundi 27 octobre au micro de BFMTV.

12:11 - Le PS va-t-il censurer le gouvernement ? "C’est à lui d’en décider"

Ce lundi, le président des députés PS à l’Assemblée nationale Boris Vallaud affirme sur RTL que "tout est possible". "Je ne sais pas si (la censure), c’est cette semaine", explique-t-il, indiquant que cette arme constitutionnelle "fait partie des hypothèses" à la disposition du parti à la rose. Une chose est sûre, le PS réclame davantage de "justice fiscale". "S’il n’y a pas une mise à contribution sérieuse des très hauts patrimoines, il manquera de l’argent pour boucler un budget autrement que sur le dos des gens", martèle Boris Vallaud.

Une fiscalité renforcée pour les plus riches semble donc érigée comme un totem par les socialistes, sous peine d'une censure dans les prochains jours. "Ce n’est pas l’avenir du gouvernement qui m’intéresse, c’est est-ce qu’on est capable d’avoir un budget juste", ajoute le député des Landes. Selon lui, c'est au gouvernement de déterminer "la façon dont se passeront les débats, dans les avancées dont il sera capable, dans la justice fiscale qu’il sera capable de proposer aux parlementaires ou d’accepter".