Grippe A : des milliers de décès cachés

Grippe A : des milliers de décès cachés Selon une équipe de scientifiques américains, la grippe H1N1 aurait fait quinze fois plus de morts qu'officiellement annoncé.

La grippe A aurait fait au total 280 000 morts entre 2009 et 2010. C'est la conclusion d'une une équipe de chercheurs internationale pilotée par les Américains du Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC). C'est surtout quinze fois plus que les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), basés sur les cas confirmés en laboratoire dans chaque pays. Lors de l'apparition de la pandémie, l'OMS avait en effet demandé à chaque Etat de lui faire remonter les décès dus au virus en lui-même. Le résultat, 18 500 décès, est donc très éloigné des derniers chiffres publiés par le CDC dans la revue britannique The Lancet.

Un tel écart est d'abord imputable à la méthodologie de l'OMS : dans de nombreux cas de décès, des prélèvements n'ont pu être effectués ou ont été réalisés alors que les traces du virus avaient disparu. Beaucoup de pays touchés par la pandémie ne disposaient pas, en outre, des systèmes d'analyse suffisamment précis pour détecter avec certitude la cause des décès. L'équipe du Centre de contrôle et de prévention des maladies a donc procédé autrement, par extrapolation. Il s'agissait de croiser le nombre de cas de virus cumulé dans douze pays à revenu élevé, intermédiaire et faible et le taux de mortalité dans cinq pays à revenu élevé (Etats-Unis, Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, Danemark, Pays-Bas), puis d' appliquer un coefficient tenant compte des spécificités des différentes régions du monde. Au total, environ 200 000 personnes seraient ainsi mortes de difficultés respiratoires provoquées par le H1N1 et 80 000 suite à des problèmes cardio-vasculaires. En 2010, les craintes et les campagnes de vaccination coûteuses contre la grippe A avaient fait polémique, notamment en France, où le nombre de décès (200 à 300) s'était révélé au final plus faible que prévu.