Clown tueur, faux clowns : pour Halloween, une réelle menace ?

Clown tueur, faux clowns : pour Halloween, une réelle menace ? Avec la multiplication d'agressions ces dernières semaines par des hommes déguisés en faux "clown tueur", Halloween risque d'être une période à haut risque. Doit-on craindre une déferlante de clowns maléfiques ?

[Mis à jour le 30 octobre 2014 à 12h05] Halloween approche et la mairie de Lille a annulé la traditionnelle Zombie Walk, organisée depuis plusieurs années dans ses rues et faisant défiler des milliers de plaisantins déguisés en morts-vivants. Quant au ministère de l'Intérieur, il commence à être préoccupé à l'approche de la Toussaint. Le phénomène grandissant des faux clowns méchants (ou "clowns tueurs" même s'il n'y a pas eu de décès jusqu'à présent) commence à prendre une ampleur imprévue en France. Depuis plusieurs semaines, des hommes déguisés en clowns maléfiques sèment la terreur dans plusieurs villes et notamment dans le nord du pays.

Aux origines du "clown tueur" - Ce phénomène, venu des États-Unis, est une des formes de la contre-culture, imaginée par des ados passionnés de films d'horreur et de jeux vidéo, se rapprochant du cosplay (jeux de rôle costumé plutôt lié quant à lui à l'univers du manga). Le personnage du clown en lui-même a déjà inspiré des générations de metteurs en scène, de cinéastes et de fans. Premier véritable succès contemporain : le projet artistique d'un couple de Wasco, une petite ville de Californie, qui, avec des photos effrayantes d'un clown dans les rues, a fini par provoquer la psychose. La série American horror story, le film "Ca" et sa suite "Il est revenu", inspirés des ouvrages de Stephen King, et des performances plus récentes de l'artiste DM Pranks, mettant en scène des clowns agressant des passants, ont fait le reste.

"Clowns maléfiques : d'où vient ce phénomène ?"

En Europe, c'est une société de production italienne qui a importé le phénomène avec des vidéos à vocation humoristique. Ce sont enfin des fans français de Pranks qui seraient à l'origine des premières "apparitions" dans l'Hexagone. Avant les différents passages à l'acte, Internet bruissait déjà depuis plusieurs années de courts métrages et de vidéos amateurs mettant en scène des clowns. Des vidéos pleines d'humour noir attirent depuis peu des millions de visionneurs. Sur Facebook, un compte au nom des "clowns kidnappeurs" affiche 75 000 "likes".

Faux clowns : une déferlante ?

Des agressions qui se multiplient - Ce qui restait jusqu'à présent un phénomène artistique marginal et un fantasme d'ados est devenu un véritable problème de délinquance. Depuis le 10 octobre, les agressions de "clowns tueurs" se sont multipliées, d'abord dans le Nord et le Pas-de-Calais, puis dans de multiples villes, à Guingamp, mais aussi à Périgueux, Perpignan, Palavas-les-Flots, Thézan-lès-Béziers, Cessenon-sur-Orb, Marseillan ou encore à Chelles... En banlieue parisienne, on rapporte qu'un ado de 14 ans a été interpellé après avoir tenté d'attaquer une passante. A Besançon, c'est un clown armé d'une hache qui aurait blessé un étudiant. 

Plus récemment, ce mercredi, une femme a été agressée par quatre hommes armés de barres de fer. Ces derniers se déplaçaient en scooter selon son témoignage. Ayant alerté la police par téléphone au moment de l'agression, elle n'a finalement pas porté plainte. A Mâcon lundi, on dénombrait un adolescent frappé et quatre individus menacés par des faux clowns. Dans le même temps une rumeur totalement infondé prenait de l'ampleur sur les réseaux sociaux sur un meurtre qui aurait été commis à Tour par un des ces clowns maléfiques...

Des condamnations ont déjà été prononcées : à Montpellier, un jeune homme a été condamné à 12 mois de prison, dont 4 fermes, pour une agression à la barre de fer avec vol de portable. Il était accompagné de mineurs, tous déguisés. A Béthune, un ado de 19 ans a écopé de six mois de prison avec sursis pour avoir semé la terreur, armé d'un bâton ressemblant à un long couteau... Le ministère de l'Intérieur a quant à lui déjà organisé une réunion spéciale sur la question, associant police et gendarmerie, rapporte Le Figaro.

Des chasseurs de clowns tueurs

Les milices anti-clown inquiètent aussi - Et si l'affaire des clowns menaçants se terminait en grande bagarre avec leurs opposants ? Car, exacerbés par le buzz sur le Web et les premières agressions, des "chasseurs de clowns", parfois organisés en milice, parcourent aussi le pays pour en découdre. Dans l'Hérault, on évoque déjà des interpellations d'individus armés "de pistolets, de couteaux, de battes de base-ball". Des groupes d'autodéfense fleurissent aussi à Bordeaux, Fréjus, Mulhouse ou Sarrebourg. Un phénomène qui inquiète tout autant les autorités qui ont pourtant, par endroits, participé à cette traque en demandant aux citoyens lambda de "signaler la présence d'un clown agressif, en composant le 17 ou le 112".

D'aucuns se sentent en effet investis d'une mission de traque depuis l'apparition des premiers clowns effrayants. Le Monde cite par exemple le cas de Marcus (un pseudo), "un jeune Lorrain de 14 ans" qui tente de prévenir du danger en postant des photos de clowns agissant aux quatre coins de la France.

Une menace pour Halloween ? Pour annuler sa Zombie Walk, la ville de Lille a invoqué une question d'ordre public, mais aussi d'image pour la municipalité, à une période de forte affluence pour les touristes. Elle propose de cantonner la fête des fans de films d'horreur dans le quartier de Saint-Sauveur. En annonçant qu'elle n'avait pas eu d'autorisation, "l'association les Hyènes", qui organise depuis 2009 cette marche des zombies plutôt bon enfant, a en tout cas provoqué la polémique. Certains participants annoncent sur les réseaux sociaux qu'ils braveront l'interdit. De quoi voir se multiplier les irruptions de "hordes de clowns maléfiques" le soir du 31 octobre ou le 1er novembre ?