Mort de Marceline Loridan-Ivens : ses illusions perdues sur le monde actuel

Mort de Marceline Loridan-Ivens : ses illusions perdues sur le monde actuel MARCELINE LORIDAN IVENS - La cinéaste française est décédée ce mardi. Dans les dernières années de sa vie, elle n'avait pas hésité à pointer du doigt un monde "en train de changer vers le pire".

[Mis à jour le 19 septembre 2018 à 14h59] A 90 ans, Marceline Loridan-Ivens est décédée ce mardi à Paris, a-t-on appris via son entourage proche. La cinéaste française, survivante du camp d'Auschwitz, avait été admise il y a quelques jours à l'hôpital Saint-Antoine. Elle restera comme l'une des premières personnes à avoir témoigné face à une caméra sur la déportation des juifs durant la Seconde guerre mondiale. C'était dans le film documentaire "Chronique d'un été", en 1961.

Proche de Simone Veil, avec qui elle a connu les camps de concentration, Marceline Loridan-Ivens a laissé un souvenir ému à Jean Veil, le fils de l'ancienne ministre décédée l'année dernière. "Marceline était quelqu'un qui avait une vitalité exceptionnelle. On avait gardé, les uns et les autres, des relations quasiment filiales. Mon frère et moi étions très proches d'elle, sa présence était importante pour nous", a-t-il confié sur France Inter. Née Rozenberg, Marceline Loridan-Ivens a utilisé son métier de cinéaste pour dénoncer la barbarie de la déportation. Mais sa vision du monde actuel n'était pas pour autant reluisante.

Marceline Loridan-Ivens en 2015 : "J'ai perdu toutes mes illusions" 

En 2015, invitée sur France Inter peu de temps après les attaques terroristes de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, elle n'avait pas hésité à faire savoir qu'elle avait "perdu toutes [s]es illusions". Et d'ajouter, pleine de dépit : "Il ne faudrait pas faire semblant que le monde a changé. Il est en train de changer vers le pire, la barbarie la plus stupide, la plus totale, et l'obscurantisme le plus honteux, dont nous devrions tous avoir honte". Marceline Loridan-Ivens avait même expliqué pourquoi elle n'a pas souhaité avoir d'enfant. "Pourquoi mettre un enfant au monde pour qu'il revive la même chose ?", avait-elle lancé à Patrick Cohen, qui l'interrogeait, le laissant sans voix.

A l'annonce de la mort de Marceline Loridan-Ivens, les hommages ont afflué. Outre Jean Veil évoqué plus haut, Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, parle, sur Twitter, d'"une leçon de vie, à méditer et perpétuer". "La France perd un grand témoin de la Shoah, et une femme engagée pour la défense de la dignité humaine. Ses combats, ses témoignages et ses films resteront", écrit de son côté François Hollande.