Le sable du Sahara, qui circule dans le ciel de France, est-il dangereux pour la santé ?

Le sable du Sahara, qui circule dans le ciel de France, est-il dangereux pour la santé ? Un vent chaud venu du Sahara a commencé à balayer la France cette semaine, transportant avec lui des poussières de sable. Ce phénomène, qui se produit régulièrement, a des conséquences importantes sur la qualité de l'air.

[Mise à jour le 06 septembre à 10h30] Un nuage de sable du Sahara a traversé la France ces derniers jours, provoquant une baisse de la qualité de l'air dans plusieurs départements du sud-ouest du pays. Le nuage, qui a également traversé l'Espagne et le Portugal, a atteint la France dimanche 3 septembre. Il a entraîné une hausse des concentrations de particules fines dans l'air, notamment dans les Pyrénées-Atlantiques, où le seuil de recommandation a été dépassé.

En conséquence, le préfet des Pyrénées-Atlantiques a déclenché "la procédure d'alerte, qui correspond au second niveau du dispositif de gestion des épisodes de pollution".  Plusieurs mesures ont été prises comme la limitation de la vitesse sur les autoroutes, les routes nationales, départementales et les voies rapides de 20 km/h.

Le phénomène amène une sensation de brume, une plus grande densité des nuages et teinte parfois le ciel d'une couleur orangée. Au-delà de son caractère visuel impressionnant, ce nuage de poussière dégrade la qualité de l'air.

Dans les communes de Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Orientales, qui figuraient parmi les premières touchées, l'indice de qualité est passé de "bon" à "mauvais" entre dimanche 3 et lundi 4 septembre, d'après l'observateur ATMO. Pendant le survol du nuage, il est conseillé d'éviter un maximum les activités physiques en plein air. Il est aussi recommandé d'aérer deux fois par jour pendant dix minutes.

Bien que le terme de "nuage" soit couramment utilisé pour désigner ce phénomène, il s'agit en réalité d'une "brume". Cette distinction est importante car les brumes sont plus denses que les nuages et peuvent donc avoir un impact plus important sur la visibilité.

Selon le météorologue Guillaume Séchet, qui s'exprime régulièrement sur Twitter, l'arrivée de ce sable est lié aux fortes chaleurs qui vont sévir durant toute la semaine. Une carte interactive de la Nasa permet de constater que seul une partie de l'est du pays ne sera pas concerné par le phénomène.

Pas de retombées de sable en France

Le sable ne devrait pas atterrir sur le sol français en raison du beau temps sec qui est prévu jusqu'à dimanche. Le ciel pourrait cependant avoir un aspect laiteux par endroits en fonction de la concentration de sable.

Cette situation est plutôt fréquemment observée en hiver. En effet, une goutte froide a été observé le week-end dernier. Ce phénomène "est une poche d'air très froid située à plus de 5000 m d'altitude" selon Météo France. François Jobard, ingénieur prévisionniste à Météo France,  a expliqué à Ouest-France que "cela fait remonter de manière très significative des masses de chaleurs d'Afrique".

La dépression, avec les vents forts qu'elle génère, soulève le sable du désert du Sahara. Et avec un flux de sud qui s'étend du Maghreb à l'Europe, les particules de sable transportées vont alors donner cette couleur si particulière au ciel et venir se déposer sur le sol à cause des pluies. Le phénomène est plus souvent visible dans le sud de la France, car le sable vient se déposer du côté des Pyrénées ou des Alpes, et ne remonte pas dans le Nord de la France.

Le sable du Sahara est-il radioactif ?

Les experts s'accordent pour dire que les retombées des essais nucléaires effectués dans les années 1960 ont durablement marqué le désert du Sahara, comme le rappelle l'Institut de radioprotection et de sureté nucléaire. Ces retombées proviennent d'une centaine d'essais atmosphériques réalisés par plusieurs grandes puissances : au score final, l'URSS et les Etats-Unis sont au coude à coude avec 219 tirs, puis vient le Royaume-Uni avec 23 tirs, la Chine avec 22 et la France avec seulement 4 au Sahara (mais 46 en Polynésie).

Le sable contient en effet du césium 137, un élément radioactif qui a une durée de demi-vie de 30 ans et qui peut donc agir sur ces particules. Pour autant, les spécialises de la radioactivité se veulent rassurants puisque le phénomène s'était déjà produit en février 2021, sans grandes conséquences sur la qualité de l'air. En effet, si, durant ce mois de février, les activités volumiques du césium 137 avaient été supérieures à la moyenne des activités mesurées en février 2019 et 2020 (mesures prises par l'IRSN dans le cadre de sa mission de surveillance de la radioactivité de l'air), la concentration du césium 137 présente dans les particules fines de sables sahariens étaient "en février 2021 extrêmement faible dans l'atmosphère et au niveau du sol" rappelle Jean-Christophe Gariel, directeur général adjoint en charge du pôle santé-environnement à l'IRSN (propos rapportés par le Parisien).

L'impact sanitaire de ces épisodes météorologiques est ainsi considéré comme négligeable par l'IRSN. Si des risques pour la santé existent, ils ne sont pas pires que ceux de la pollution atmosphérique classique : de la même manière qu'en mars, Météo-France n'a pas communiqué de prévisions opérationnelles de couleur, car ce phénomène n'aura normalement pas d'impact véritable sur la sécurité des personnes.

Pourquoi ne faut-il pas laver sa voiture ?

Ce phénomène de dépôt de sale sur les voitures entraîne une grande tentation de laver son véhicule afin de ne pas conserver ces particules sur la carrosserie. Cependant, les grains de sable peuvent provoquer des rayures, ne serait-ce qu'en passant le doigt dessus. Il est donc fortement recommandé de ne pas la nettoyer au rouleau d'un centre de lavage, mais plutôt d'attendre que le temps fasse son œuvre pour le nettoyage. Pour les plus pressés, mieux vaut la rincer à la main et éventuellement appliquer un produit nettoyant à l'aide d'une éponge.