Autoroute A69 : pas de ZAD sur le site, mais la contestation demeure

Autoroute A69 : pas de ZAD sur le site, mais la contestation demeure Des opposants au projet d'autoroute A69 avaient tenté d'installer une zone de contestation pérenne, mais les autorités ont mis un terme à toute velléité de ce type.

Après que des manifestants contre le projet de l'autoroute A69 Toulouse - Castres dans le Tarn et la Haute-Garonne ont instauré une " zone à défendre " (ZAD) sur les lieux dimanche 22 octobre, la cellule anti-ZAD du gouvernement a été saisie, d'après le ministère de l'Intérieur. 

Les manifestants protestaient depuis samedi et avaient installé une petite "zone à défendre" (ZAD) dans le lieu-dit La Crémade, près de Castres. En fin d'après-midi, dimanche, les petits bâtiments et les branches utilisées comme barricades étaient ont été récupérés par les forces de l'ordre, avec le soutien de deux véhicules blindés et de poids lourds. Sept interpellations ont eu lieu. 

Sur X (anciennement Twitter), Gérald Darmanin a confirmé les interpellations et a regretté que "les forces de l'ordre subissent des violences inouïes et inacceptables" lors de cette intervention pour évacuer la ZAD. Le ministre des Transports, Clément Beaune, a lui aussi réagi dimanche : "Je vais être très simple, très ferme, très clair : il ne peut pas y avoir de ZAD et il n'y aura pas de ZAD sur l'A69", a-t-il affirmé dans l'émission Questions politiques sur France Inter. 

Un recours en annulation de l'autorisation environnementale avait été déposé par 14 associations en juin dernier, avec un référé suspension contre cette autorisation de construction de l'autoroute. Ils estiment que cette autorisation ne tient sur aucun argument sérieux. Le ministère de la Transition énergétique a expliqué que pour chaque infrastructure construite, une analyse de l'impact environnemental est réalisée. Les associations cherchent à casser l'autorisation accordée à la suite de ces analyses, en déposant des recours juridiques. 

Le sénateur Thomas Dossus a déclaré qu'il attendait également une réponse politique et qu'il espérait que la présidente de région prendrait la décision d'arrêter ou de suspendre le projet, le temps que tous les recours juridiques soient purgés.

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Quel est le tracé pour l'A69 entre Toulouse et Castres ?

Ce projet de nouvelle autoroute est schématisé comme un nouvel axe entre Toulouse et Castres. En réalité, le tracé ne démarrerait pas à la sortie de la quatrième ville de France. Plus précisément, c'est au niveau de Verfeil, commune de Haute-Garonne située à 25km à l'est de Toulouse, qu'elle débuterait, pour rejoindre Castres, à un peu moins de 45km encore plus à l'est. L'autoroute passerait alors près de nombreuses communes du Tarn, longeant la Nationale 126 qui permet déjà d'assurer la liaison. Tout au long du parcours, quatre échangeurs seraient créés : à Verfeil, Villeneuve-lès-Lavaur Maurens – Maurens-Scopont, Soual et Saint-Palais. En parallèle, celui déjà existant à Puylaurens serait réaménagé.

Pourquoi construire une autoroute entre Toulouse et Castres ?

Aujourd'hui, relier Verfeil à Castres prend environ 50minutes, temps nécessaire pour parcourir les 55km qui séparent les deux villes, sur la N126, une route en 2x1 voie. Avec ce projet d'autoroute, l'Etat, la région Occitanie, les départements de Haute-Garonne et du Tarn, ainsi que les agglomérations entendent "désenclaver et favoriser l'attractivité économique du sud du Tarn, tout en offrant aux usagers une liaison rapide sécurisée de haute qualité entre Toulouse et Castres". La présence de 49 000 emplois et de 132 000 habitants dans le secteur de Castres est un argument de poids aux yeux des pouvoirs publics pour engager un tel chantier. Selon leurs calculs, entre 25 et 35 minutes pourraient être gagnées grâce à l'autoroute. Pour les défenseurs du projet, il s'agit également de "restreindre le trafic routier autour de certaines zones urbanisées" et de "réduire les nuisances associées", notamment le bruit.

Quels sont les arguments des opposants ?

Pour contrer les arguments économiques et temporels des pro-A69, les opposants -principalement des associations écologistes- agitent plusieurs drapeaux rouges. L'association La voie est libre -initiative locale d'opposition au projet- remet en question le trafic généré par l'équipement. En se basant sur une étude de la Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL) Occitanie réalisée en 2019, elle n'évalue qu'à 7 000 le nombre de véhicules qui l'emprunteraient chaque jour. Une estimation similaire a été livrée par la commission d'enquête consécutive à l'enquête publique, qui l'estime à 8 000 par jour, avec un pallier à 11 000 en… 2045. Et tous les tronçons ne seraient pas aussi fréquentés les uns que les autres. La voie est libre affirme également que le gain de temps annoncé est trompeur et mise plutôt sur 12 à 15 minutes seulement.

Surtout, la création de cette autoroute engendrerait une artificialisation de 400ha de terre selon La voie est libre : une hérésie pour ces opposants qui brandissent le dernier rapport du GIEC. Une affirmation soutenue par l'Autorité environnementale pour qui "le projet apparaît anachronique au regard des enjeux et ambitions actuels (sobriété, réduction des émissions GES, moindre pollution de l'air, arrêt de l'érosion de la biodiversité et de l'artificialisation du territoire)."

Où en est-on juridiquement du projet de l'A69 ?

Mardi 18 avril, à quelques jours de la mobilisation contre l'A69 entre Toulouse et Castres, La Dépêche affirmait que les travaux avaient débuté il y a "plus d'un mois".  Objectif des autorités ? Une mise en service à l'automne 2025. Selon le quotidien régional, le projet aurait même été classé priorité nationale, l'autoroute ayant été déclarée "d'utilité publique".

Dans une réponse apportée en séance publique le 1er février 2023, à une question du sénateur Thomas Dossus, le ministère auprès du ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports, avait, lui, précisé qu'à la suite de "l'entrée en vigueur, en avril 2022, du contrat de concession, le projet est à présent entré dans une phase opérationnelle". Et d'ajouter : "Le concessionnaire, ATOSCA, conduit actuellement les procédures administratives nécessaires au démarrage des travaux, dans la perspective de la mise en service de l'infrastructure à l'été 2025."