Le loup, espèce protégée, va pouvoir être tuée plus facilement

Le loup, espèce protégée, va pouvoir être tuée plus facilement Les conditions de tirs contre les loups qui menacent les élevages agricoles vont être "simplifiées" conformément aux demandes de la FNSEA a annoncé le gouvernement.

"Nous aurons un arrêté de tir [...] simplifié conformément aux demandes de beaucoup d'éleveurs" d'ici à la fin de semaine a promis le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, le mercredi 21 février. Derrière cet arrêté, c'est la pratique du tir sur les loups qui va être facilitée dans le cadre du "plan loup" pour la période 2024-2029. La version définitive de ce plan, modifiée après avoir été jugée insuffisante par les éleveurs et décriée par les organisations environnementales, prévoit la possibilité de mobiliser deux tireurs, voire trois de manière exceptionnelle et avec autorisation du préfet, sur le tir de défense d'un troupeau contre un loup. Un seul tireur est autorisé pour l'heure.

Seuls les louvetiers, des bénévoles chargés de la gestion de la faune sauvage, resteront autorisés à pratiquer ces tirs de défense. Ils sont d'ailleurs les seuls à pouvoir utiliser des équipements spécialisés comme les lunettes à visée thermiques pour chasser les loups. Non seulement de pouvoir être plus nombreux à réaliser des tirs de défense, les louvetiers doivent être "plus disponibles", "plus mobiles" et "plus efficace" selon le plan. Il est prévu pour cela que les préfets de chaque département, notamment les soixante concernés par la présence de l'animal sauvage, puissent désigner des louvetiers spécifiquement chargés de la gestion des tirs autorisés sur les loups. Le protocole de tir va également être simplifié avec la fin de l'obligation pour les louvetiers d'éclairer l'animal avant de tirer.

Un "très mauvais" signal pour la défense de l'environnement

En annonçant de telles mesures de simplification pour les tirs de loups, le gouvernement répond aux demandes de la FNSEA, le principal syndicat agricole, qui se plaignait du trop grand nombre de bêtes attaquées par les loups au sein des élevages. Mais ce plan loup suscite la colère des associations et organisations environnementales qui dénonce et regrette un "très mauvais" signal avec la facilitation et l'augmentation des tiers en 2023. "Ca ne réglera absolument pas le problème" selon Sandrine Bélier qui représente l'association Humanité et Biodiversité et contactée par l'AFP. "Pire, ça risque même de l'aggraver en dispersant les meutes, ce qui entraînera davantage d'attaques de loups solitaires" a ajouté Cédric Marteau, directeur général de la Ligue pour la protection des oiseaux, auprès de l'agence de presse.

La politique sur les tirs de loup n'est pas justifiée pour Jean-David Abel de France Nature Environnement (FNE) qui assure sur franceinfo que malgré le développement "assez important" de la population de loups ces dernières années, "les dommages [sur les élevages] stagnent depuis six ans. L'année dernière encore, ils ont même baissé". Le défenseur de l'environnement comprend d'autant moins la simplification des tirs que ce n'est selon lui pas la méthode la plus efficace pour éviter les attaques en comparaison avec "les chiens de protection, les clôtures électriques et la présence humaine" : "Ce sont les chiens qui sont d'abord les plus efficaces. [Ils] font 90% du boulot".

Les loups, encore une espère en danger ?

Les loups sont toujours considérés comme une espèce protégée, car leur conservation est menacée malgré leur retour observés dans les Alpes et d'autres territoires depuis trente ans. "Contrairement à ce que dit le ministre de l'Agriculture, le bon état de conservation n'est absolument pas avéré en France" insiste Jean-David Abel qui estime que le plan loup va "surtout [conduire] à tuer plus de loups".

Plus de 1100 loups étaient recensés en France lors du dernier décompte de l'Office français de la biodiversité en 2023. Mais ce nombre serait sous-estimé selon les éleveurs qui imputent aux loups les attaques de 12 000 bêtes d'élevage en 2022. Sur ce millier de loups, le plan en vigueur permet d'en abattre 209, soit 19% de la population totale. Une régulation de la population des loups semble toutefois nécessaire à en croire les propose de Nicolas Jean, spécialiste des grands prédateurs à l'office français pour la biodiversité, rapportés par franceinfo, qui juge l'animal est en capacité de se réinstaller sur l'ensemble de la France à l'horizon 2045 ou 2050.