Affaire Vueling : deux ministres accusent les autorités espagnoles d'antisémitisme et exigent des explications
"Jamais nous n'accepterons la banalisation de l'antisémitisme" écrivent les ministres français Aurore Berger et Benjamin Haddad dans un communiqué de presse publié ce mercredi 30 juillet. Respectivement chargé de la Lutte contre les discriminations et de l'Europe, les deux membres du gouvernement se sont entretenus avec l'accompagnatrice du groupe de 47 adolescents juifs qui ont été débarqués du vol Vueling à destination de Paris. Une affaire qui suscite "une vive et légitime émotion" d'après les ministres.
Le 23 juillet dernier, les adolescents, venus en Espagne pour une colonie de vacance, ont été expulsés d'un avion à l'aéroport de Valence après avoir entonné une chanson en hébreux, selon plusieurs témoignages de passagers. L'accompagnatrice, elle, a été plaquée au sol et menottée par la Guardia Civil, la police espagnole, comme constaté sur une vidéo postée sur les réseaux sociaux. Dans un communiqué du 28 juillet, la compagnie aérienne a de nouveau justifié ce débarquement en évoquant un "comportement conflictuelle" du groupe, affirmant que certains jeunes auraient tenté de manipuler les masques à oxygène, de retirer une bouteille d'oxygène sous pression et de libérer des gilets de sauvetage.
La monitrice dénonce une "ambiance hostile"
Vueling soutient que les adolescents avaient une "attitude de confrontation" persistante malgré les multiples avertissements de l'équipage, nécessitant alors "l'activation des protocoles opérationnels et de sécurité prévus". Une version que plusieurs passagers, anonymes, peuvent confirmer selon la compagnie. De son côté, la Guardia Civil indique dans un communiqué que la monitrice "a résisté et n'a pas obéi aux injonctions des agents", précisant qu'elle avait été "expulsée par la force" sans jamais être arrêtée. Une "enquête interne rigoureuse"
a été ouverte, a assuré la PDG de Vueling au ministre Jean-Noël Barrot, qui lui a demandé des "éléments d'explication". L
es conclusions seront partagées avec les autorités françaises et espagnoles, d'après la note publié sur France Diplomatie.
Lors de son échange avec les ministres, la monitrice a contesté "avec force" les versions avancées par la compagnie et la Guardia Civil. Elle a dénoncé une "ambiance hostile" de la part de l'équipage, et ce, "dès l'embarquement". Face aux deux sons de cloche, les ministres se montrent fermes face à de possibles violences antisémites : "Aucun acte ne justifie le débarquement et l'usage excessif et brutal de la force de la Guardia Civil à l'encontre de la jeune femme" estiment Aurore Bergé et Benjamin Haddad, précisant qu'elle vient d'être informée d'un arrêt de travail de 15 jours.
Un antisémitisme condamnée par les ministres
Les ministres condamnent également "avec fermeté" un message publié, puis supprimé, sur les réseaux sociaux par le ministre espagnol des Transports, Óscar Puente. Selon Le Journal du Dimanche, le membre du gouvernement socialiste a qualifié le groupe d'adolescents de "gamins israéliens", alors qu'ils sont des citoyens français. Une déclaration vivement critiquée par les ministres, "comme si elle justifiait d'une quelconque manière le traitement subi par ces adolescents".
Aurore Berger et Benjamin Haddad appellent Vueling et les autorités espagnoles "à faire toute la lumière sur cet événement". Ils assurent par ailleurs être "toujours en soutien [des] compatriotes qui ont à subir la haine antisémite et nous ne transigerons jamais."
Invitée de la matinale de TF1 ce mercredi 28 juillet, la ministre chargée de la lutte contre les discriminations a dénoncé plus largement "un climat malsain" qui s'installe "dans notre pays, dans les démocraties". Elle a évoqué à la fois l'affaire de la colonie de vacances exclue de l'avion Vueling, et celle de l'humoriste Marie S'inflitre, chassée d'une terrasse de café à Marseille parce que juive, d'après son post Instagram.
L'organisme organisateur du séjour, "Club Kineret", a annoncé avoir déposé plainte le 24 juillet contre la compagnie Vueling, dénonçant le traitement infligé au groupe d'enfants et à leurs accompagnateurs, dans un communiqué transmis par son avocat.