La France va-t-elle détruire des milliers de contraceptifs ? Des alternatives proposées

La France va-t-elle détruire des milliers de contraceptifs ? Des alternatives proposées Ce vendredi 1er aout, la France a déclaré ne pas pouvoir réquisitionner les stocks de contraceptifs destinés à être détruits sur ordre de Donald Trump. Plusieurs ONG proposent des alternatives.

Un ordre de l'administration Trump pourrait conduire à la destruction de millions de contraceptifs en France D'après les calculs du Washington Post, plus de 50 000 stérilets, 900 000 implants, près de 2 millions de doses injectables, et autant de plaquettes de pilules, achetés par les Etats-Unis pour 9,7 millions de dollars sont stockés dans un entrepôt à Geel, en Belgique, dans l'attente d'un acheminement vers une usine française de traitement de déchets médicaux. 

Ces produits, financés sous l'administration Biden via l'USAID – l'agence américaine pour le développement international – étaient initialement destinés à des femmes vivant dans des pays à faibles ressources, notamment en Afrique subsaharienne. Washington justifie cette décision par la "politique de Mexico", rétablie par Donald Trump en 2017, qui interdit de financer les ONG étrangères pratiquant ou promouvant l'avortement. L'administration Trump évoque également auprès du Guardian, à l'origine des révélations le 18 juillet, une coupe de 9 milliards de dollars dans l'aide internationale à partir du 18 juillet et une péremption imminente des contraceptifs. Pourtant, selon plusieurs sources médiatiques, ces produits resteraient utilisables entre avril 2027 et septembre 2031. 

Sous pression depuis annonce, la France a déclaré ce vendredi 1er août n'avoir "aucun moyen de réquisitionner" ces produits. "Dans la mesure où les contraceptifs ne sont pas des médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM) et qu'en l'espèce nous ne sommes pas dans le cadre d'une tension d'approvisionnement, nous n'avons aucun moyen pour réquisitionner les stocks", a indiqué à l'AFP le ministère de la Santé, rapporte BFMTV. Le gouvernement ne dispose par ailleurs d'aucune information sur le lieu exact où les produits doivent être incinérés en France. 

La France n'a "aucun moyen de réquisitionner" le stock

Deux jours plus tôt, le 30 juillet, le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités affirmait pourtant sur France Culture vouloir "trouver une solution pour éviter la destruction des contraceptifs", tout en suivant la situation "avec attention". "La défense des droits et santé sexuels et reproductifs fait partie des priorités de la politique étrangère de la France", a rappelé le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités. 

En Belgique, où les produits sont toujours stockés, le ministère des Affaires étrangères a confirmé avoir "engagé des démarches diplomatiques" auprès de l'ambassade des États-Unis à Bruxelles. "Toutes les pistes sont explorées pour éviter la destruction de ces produits, y compris le transfert temporaire des produits", a assuré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères à l'AFP cité par France 24.

Le coût de l'opération est estimé à 167 000 dollars, soit environ 146 000 euros. En raison de la forte concentration en hormones de ces contraceptifs, ils devront "être incinérés à deux reprises", a indiqué un assistant parlementaire américain à CNNLeur transport jusqu'en France nécessiterait plusieurs dizaines de camions et environ deux semaines de trajet, selon une source citée par Reuters.

Des alternatives proposées

Face à cette "immense gâchis", plusieurs ONG ont proposé des alternatives. L'organisation internationale MSI Reproductive Choices s'est dite prête à "acheter, reconditionner et gérer la logistique" sans aucun frais pour le gouvernement américain, tout "en veillant à ce que les produits parviennent aux personnes dans le besoin". La Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF) a fait la même offre, prête à "collecter les produits à Bruxelles, les transporter et les reconditionner dans son entrepôt aux Pays-Bas" pour les distribuer aux femmes dans le besoin à travers le monde. Mais ces propositions ont été systématiquement refusées par Washington.

En France, un collectif d'associations, parmi lesquelles le Planning familial, Osez le féminisme ou encore la Ligue des droits de l'Homme, a lancé une pétition contre ce projet de destruction. Lancée le mercredi 30 juillet sur Change.org, elle a déjà recueilli plus de 12 000 signatures. Le groupe écologiste à l'Assemblée nationale a également adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron, l'exhortant à intervenir : "Notre pays ne peut se rendre complice, même indirectement, de politiques rétrogrades", ont-ils écrit.