Procès Bernard Senet : il a aidé des dizaines de patients à mourir, que risque-t-il ?

Procès Bernard Senet : il a aidé des dizaines de patients à mourir, que risque-t-il ? Le docteur Bernard Senet comparaît ce lundi 15 septembre avec onze autres prévenus. Militant de l'aide à mourir depuis quarante ans, il est jugé pour complicité d'importation de pentobarbital, un produit mortel et interdit en France.

Qui est Bernard Senet et pourquoi comparaît-il à partir de ce lundi 15 septembre au tribunal judiciaire de Paris ? La justice reproche à ce médecin d'avoir conseillé des malades qui souhaitaient se suicider sur la façon de se procurer un produit connu pour ses effets mortels. D'ailleurs, le fameux produit est interdit en France, rapporte Radio France dans un article sur son site internet.

Une dizaine d'autres prévenus sont également jugés à ses côtés. Au total, douze personnes sont concernés par le procès. Elle ont entre 74 et 89 ans. Ils sont pour la plupart professeurs à la retraite avec casier judiciaire vierge. Les faits présumés portent sur une période comprises entre août 2018 et novembre 2020, explique le média local Ici.

Interrogé un peu plus tôt ce matin, l'avocat de la défense, Me Arnaud Lévy-Soussan, explique également que ses clients sont adhérents à l'association "Ultime Liberté" qui revendique le droit à un suicide "serein", que l'on soit malade ou pas, à partir du moment où, selon elle, la personne qui fait ce choix est en pleine possession de ses moyens et que sa décision est le fruit d'une réflexion. Bernard Senet, pour les faits qui lui sont reprochés, encourt une amende de 375 000 euros et une peine de 5 à 10 ans de prison. 

"On accompagne les gens jusqu'au bout"

Dans un article paru sur le site de France 3, Bernard Senet témoigne de cas qu'il a réalisés auprès de personnes souhaitant être aidées à mourir. "On accompagne les gens jusqu'au bout, et s'ils le demandent, les accompagner à mourir [...] par humanité et par compagnonnage médical. On accompagne aussi les gens qui veulent arrêter leur traitement", revendique le médecin aujourd'hui à la retraite. Il poursuit : "Actuellement, on ne peut aller qu'en Belgique ou en Suisse. Donc les gens qui n'ont pas assez d'argent ou sont trop dépendants, il faut les accompagner sur place. La loi devrait apporter un peu d'égalité entre les malades".

Sur le procès qui est aujourd'hui en cours, Bernard Senet semble serein, et prêt à faire de ce procès une tribune : "Je vis bien l'arrivée du procès, parce que la condamnation ne devrait pas être très lourde. J'en attends en revanche beaucoup de médiatisation. On est dans une période charnière, c'est important qu'il y ait une pression médiatique", explique-t-il.

Dans sa carrière, le médecin estime avoir pratiqué une soixantaine d'euthanasies. Au cours du procès, plusieurs médecins vont témoigner en faveur de Bernard Senet, rapporte France Inter. Parmi eux, des psychiatres, des médecins hospitaliers et des spécialistes en soins palliatifs… Le procès devrait s'achever le 9 octobre prochain.