Les mauvaises surprises des fonds garantis

Les fonds dits structurés garantissent aux épargnants de récupérer au moins leur mise de départ. Une promesse qui n'est cependant pas toujours tenue.

Des banques en faillite, des bourses qui plongent... Les conséquences de la crise financière poussent les épargnants vers des produits financiers avec lesquels ils peuvent retrouver au moins leur mise de départ.

Les établissements financiers ont trouvé une réponse au travers de fonds dits structurés. Ces fonds garantissent pour la plupart le capital investi et vantent les gains possibles. Et c'est un succès ! Selon une récente étude du cabinet de conseil britannique Greenwich Associates, les actifs gérés par ces fonds ont progressé de 135 milliards d'euros au sein des pays européens.

Obligations et diversification

fonds garantis
Les fonds garantis combinent obligations et produits plus ou moins risqués. © L'Internaute / Baptiste-Julien Blandet

Fonds à capital garanti, fonds à capital protégé, fonds à promesse... Derrière ces noms se cache une même technique. Sur 100 euros confiés, entre 70 et 80 sont investis en obligations. C'est ce qui permet d'assurer la restitution du capital initial si la performance n'est pas au rendez-vous. Le reste est placé sur les marchés : actions, matières premières, indices... C'est cette partie qui a vocation à créer la performance. Pour compléter la démarche, les sociétés de gestion mettent en concurrence deux ou trois stratégies différentes. Et la performance du fonds sera au final la moyenne des gains obtenus par ces trois moyens. Ainsi, ces fonds allient une forte diversification et une capacité à saisir les opportunités des marchés.

Des contraintes très fortes

Mais ces atouts rencontrent très vite des limites. Des limites telles que les fonds à capital garanti peuvent se révéler bien moins performants et bien plus contraignants qu'un simple Livret A. "Il est fortement recommandé de n'acheter des parts que si vous avez l'intention de les conserver jusqu'à la date d'échéance prévue", indique par exemple BNP Paribas dans la documentation de son fonds YinYang lancé en avril 2008. Généralement les horizons de placement proposés sont autour de 5 ans, parfois plus. En cas de coup durs nécessitant une mobilisation partielle ou totale de l'épargne, la sortie est possible mais au prix fort : une commission de 1 à 4 %.

Conscients du handicap, quelques fonds, commercialisés ces derniers mois, proposent des fenêtres de sortie. Là encore des frais sont facturés autour de 1 %, ce qui reste raisonnable. A ceci près que la promesse initiale ne sera pas tenue. Si au moment de la sortie du fonds, la performance actualisée est, par exemple, négative, la préservation du capital ne sera pas assurée.

Des fonds prévoient des durées de placements moins longues, ou des cas de sorties intermédiaires, qui garantissent au moins une partie du capital initial. LCL Garanti 100 propose un premier horizon à 4 ans puis un second à 6 ans, quand un autre produit du réseau, LCL Drakkar 27.12.2012, propose un premier rendez-vous en juin 2010 et si la promesse n'est pas obtenue, rendez-vous est pris pour décembre 2012. De leur côté, YinYang de BNP Paribas vise 2011 et Tripléo du Crédit Agricole vise 2014.

Des frais importants

Outre ces contraintes, une fois arrivée l'échéance, les fonds garantis peuvent proposer des rendements annuels inférieurs aux livrets d'épargne. Ainsi, Monéstar 2010 de Barclays assure, quoi qu'il se passe sur les marchés, un rendement annuel de 2,65 %, contre 4% pour le Livret A dans les mêmes contions. Et au maximum, le gain annuel de Monéstar 2010 s'élèvera à 11,67 %. En effet, les fonds garantis ne reversent pas toute la performance réalisée. Ainsi, LCL Garanti 100 a fixé le plafond à 27 %. Ce qui veut dire qu'une formidable reprise des marchés financiers sur une longue période ne profitera que partiellement aux épargnants.

Enfin, cette performance promise et cette garantie de capital s'appliquent sans prise en compte des frais. Or, c'est là que les mauvaises surprises pointent. En résumé, d'un côté les fonds prélèvent des frais autour de 2 à 3 % et de l'autre ils peuvent minorer les performances. Résultat, dans le pire des cas, le capital restitué en fin de période se retrouve inférieur à la mise de départ. La garantie du capital n'est donc pas absolue, juste relative.