Cette arnaque bien rôdée a explosé en 2024 : toujours plus de Français se font escroquer
C'est l'arnaque la plus en vogue ces derniers mois et, certainement, la plus inquiétante. En un an, 15% de victimes supplémentaires recensées, après, déjà, une hausse de 80% entre 2022 et 2023. Il faut dire que l'histoire est bien rôdée, le procédé parfaitement huilé et la méfiance ainsi envolée. Mais après, il ne reste plus que les yeux pour pleurer devant un compte en banque vidé.
Marc, Catherine, Thierry (prénoms d'emprunt) en ont tous été victimes il y a quelques semaines. Et ils ne sont pas tout seul : un ancien juge antiterroriste a lui aussi été lésé, ainsi que de nombreuses stars. Beaucoup d'autres particuliers ont également été piégés. L'arnaque est d'autant plus difficile à digérer pour les personnes escroquées que ce sont elles mêmes qui ont fourni aux malfrat l'accès à leurs finances.
Le procédé est toujours le même : au-départ, un faux SMS d'amende, de colis, de carte vitale ou autre, avec un lien demandant de payer. Certains se font piéger et rentrent les coordonnées de leur carte bancaire, pensant régler un PV, reprogrammer une livraison ou renouveler la carte vitale. Or, ces codes tombent entre les mains d'escrocs.
Ces derniers appellent presque dans la foulée pour "prévenir" qu'une opération frauduleuse a été effectuée sur leur compte. Le malfrat se fait passer pour un employé du service anti-fraude de la banque. Au cours de la conversation, soit un lien redirigeant vers un faux site de connexion à la banque est envoyé, soit les codes d'accès sont demandés au téléphone. Dans les deux cas, l'arnaqueur parvient à accéder à tous les comptes, prétextant des opérations de sécurisation.
Comble de la roublardise, les escrocs expliquent même envoyer quelqu'un au domicile pour récupérer la carte bancaire afin qu'elle soit détruite en toute sécurité. Celle-ci est en réalité utilisée pour vider les comptes : de 5300 à 200 000 euros, selon les principaux récits cette année.
Les vols d'argent par des faux conseillers bancaires pullulent. "C'est un phénomène capté par une petite délinquance car ça ne réclame pas de compétence technique. Cela demande juste du baratin. Il y a une équipe fait un faux site de banque, copie-conforme de la vôtre, une équipe fait l'hameçonnage, une équipe chargée d'appeler la personne, de se faire passer comme un conseiller du service anti-fraude pour obtenir un code validant une opération", nous confie Jean-Jacques Latour, directeur expertise cybersécurité au sein de Cybermalveillance.gouv.fr.
Si toutes les victimes s'en veulent de s'être faites avoir, toutes expliquent être facilement tombés dans le piège car l'interlocuteur instaure facilement un climat de sérieux. "Un homme s'est présenté en me disant : 'Bonjour, c'est le service antifraude de la Société générale. Nous aimerions vous avertir qu'il y a eu des tentatives de prélèvements frauduleux sur votre compte d'un montant de 700 euros'. Quand il m'a raconté cela, je n'ai pas réfléchi...", reconnaît l'une d'elles auprès du Point. Une confiance aveugle finalement fatale.