50 Nuances de Grey : de grosses différences entre le livre et le film !
Vendu à plus de 100 millions d'exemplaires dans le monde, le livre de la Britannique E.L. James est devenu un véritable phénomène commercial qui devrait encore s'intensifier avec la sortie de son adaptation au cinéma pour la Saint-Valentin. Plus de 100 000 personnes ont déjà réservé leur place en France pour aller voir 50 Nuances de Grey en salles. Elles seront ainsi parmi les premières à découvrir sur grand écran l'histoire d'amour passionnée, sur fond de sadomasochisme, entre l'étudiante en littérature Anastasia Steele et le riche homme d'affaires Christian Grey. Il faut dire que le distributeur du film, Universal Pictures, a savamment orchestré la promotion du film afin de rassurer les fans du best-seller érotique, soucieux de retrouver à l'écran la forte connotation sexuelle présente dans le roman. Pas sûr cependant qu'ils y retrouvent ce qui faisait le sel du premier tome...
Des scènes de sexe édulcorées
Avec 20 minutes de scènes de sexe pour une durée totale de 2h, le long-métrage se retrouve interdit aux moins de 12 ans en France et aux moins de 17 ans non accompagnés aux Etats-Unis et au Canada. Rien de bien choquant pourtant à l'écran ! Alors que le roman contenait plus d'une douzaine de passages sexuellement très explicites, seuls cinq d'entre eux sont effectivement retranscris dans le film et de façon extrêmement suggestive en comparaison. On savait déjà que la scène où Christian Grey retire le tampon hygiénique d'Anastasia pour lui faire l'amour à la hussarde ne figurerait pas dans l'adaptation au cinéma, car jugée bien trop crue par la réalisatrice Sam Taylor-Wood. Mais elle a aussi laissé de côté des scènes moins trash et plus sensuelles, qui permettaient de comprendre davantage l'alchimie physique qui lie Anastasia à Christian, comme celle de leur premier bain ensemble très écourtée dans le film.
Pas d'orgasme, ni de nudité frontale à l'écran
Autre élément absent du film, qui aidait pourtant les lecteurs à accepter l'idée que l'inexpérimentée Anastasia se plie aussi rapidement aux désirs SM de son amant : leur jouissance mutuelle. On n'est en effet témoin à aucun moment des orgasmes à répétition d'Ana qui la font "toucher le soleil", "s'enflammer et retomber sur terre, éblouie, aveuglée", ni de ceux de Christian Grey d'ailleurs. A croire que les récentes déclarations au magazine Variety de son interprète, Jamie Dornan, angoissé à l'idée que le public découvre l'expression de son visage lors du point culminant de l'acte sexuel, n'était encore une fois qu'un moyen de faire monter la pression autour du film. Il s'est en revanche bien gardé de révéler qu'on ne verrait aucun plan dévoilant l'intégralité de son anatomie à l'écran, ni celle de sa partenaire, Dakota Johnson.
Un Christian beaucoup moins autoritaire et menaçant
Dans le roman, l'humeur de Christian Grey se montre particulièrement changeante, passant du chaud au froid à la moindre contrariété. Il utilise également l'impératif à profusion, lui donnant des ordres à tout bout de champ ("Mange !", "Ne bouge pas !", "Ne me touche pas !"...), tout en la menaçant régulièrement de lui donner la fessée, ce qui ne transparaît guère dans le film. Le riche homme d'affaires se révèle même à certains moments un véritable monstre de froideur, insensible et égoïste, comme lorsqu'il interdit à Ana de jouir dans le hangar à bateaux chez ses parents, mais se satisfait lui-même (scène inexistante à l'écran). Bref, une version très adoucie de l'intraitable Christian Grey du livre.
Une résistance à (presque) toutes épreuves
Cette version adoucie de Christian Grey à l'écran explique peut-être le fait qu'Ana semble également beaucoup mieux supporter le traitement qu'il lui fait subir, à la fois physiquement et psychologiquement. Elle se remet ainsi presque immédiatement de sa première fessée, alors que la douleur consécutive à cette première séance est clairement évoquée dans le roman. Christian allant même jusqu'à passer de l'huile pour bébé sur ses fesses endolories, l'obliger à prendre du paracétamol et elle-même avouant avoir du mal à s'asseoir les heures suivantes. Mentalement ce n'est guère mieux, la jeune fille fondant en larmes après le départ de son amant et se morfondant à maintes reprises à propos des pratiques particulières de ce dernier. La grande confusion qui règne dans son esprit tout au long du livre ne transparaît en revanche qu'à de très rares moments dans le film.
Des cadeaux démesurés acceptés avec facilité
Christian Grey se montre tout d'abord moins généreux à l'écran que dans le roman, où il offre à sa dulcinée un BlackBerry en plus de l'édition originale de Tess d'Urberville, d'un MacBook Pro et d'une Audi. Celle-ci accepte pourtant avec davantage de facilité ses présents, alors qu'elle insistait à plusieurs reprises dans le livre sur le fait qu'il ne s'agissait que de prêts et qu'elle allait jusqu'à faire don du roman de Thomas Hardy à une ONG au Darfour. Aucune mention n'est d'ailleurs faite dans le film sur sa culpabilité vis-à-vis de ces cadeaux qui l'amène à se considérer comme une prostituée.
Plus d'obsession pour la nourriture et l'épilation
Alors que Christian Grey force Anastasia à manger dans plusieurs passages du roman, allant même jusqu'à compter chacune de ses bouchées avalées au restaurant et à vouloir établir une liste d'aliments autorisés dans le contrat qui doit les lier, cette obsession disparaît presque à l'écran. Il en est de même concernant les clauses qui devaient obliger la jeune fille à faire de l'exercice quatre fois par semaine et à se raser intégralement. Le riche homme d'affaires apparaît alors beaucoup moins comme un "maniaque du contrôle" tout à coup...
Encore plus de mystère autour de M. Grey
De la même façon, le début d'explication aux tendances SM de Christian Grey et à sa terreur à l'idée d'être touché par Anastasia est à peine survolé dans le film, qui ne s'attarde guère sur les brûlures de cigarettes qui parcourent son torse et ses difficultés à accepter d'être aimé. Une part d'ombre qui reste trop inexploitée pour intéresser.
Et guère d'animosité de la part de Kate
La colocataire d'Anastasia, Kate Kavanagh, n'hésite pas à faire part de son antipathie vis-à-vis de Christian Grey dans le livre. Elle se montre clairement hostile envers lui et incite d'ailleurs son amie à plaquer celui qu'elle surnomme M. Bourré-de-fric à plusieurs reprises. Une aversion inexistante dans le film qui ne fait que renforcer l'impression de personnages complètement creux gravitant autour d'Ana, alors qu'ils étaient évidemment plus approfondis à l'écrit. Bref, le genre d'écueils que l'on retrouve trop souvent dans les transpositions de romans à l'écran.
EN VIDEO - Christian Grey évoque pour la première fois ses tendances un peu particulières devant Anastasia dans cet extrait de "50 Nuances de Grey"