Ce film provocateur et chaotique est définitivement à part, il nous a fait forte impression

Ce film provocateur et chaotique est définitivement à part, il nous a fait forte impression Servi par un casting de stars, ce long-métrage singulier a divisé la critique lors de sa présentation au Festival de Cannes.

Pour les cinéphiles, le Festival de Cannes est le temple de la découverte. On peut y voir de tout, de la comédie au drame, du blockbuster hollywoodien rempli d'adrénaline avec Tom Cruise (Mission Impossible : The Final Reckoning) au documentaire sur une photographe palestinienne (Put Your Soul on Your Hand and Walk). Autant dire que, souvent, le public peut avoir des surprises, et que bon nombre de propositions cinématographiques divisent.

C'est le cas d'Eddington, néo-western d'Ari Aster (Midsommar, Hérédité, Beau is Afraid), qui était présenté en compétition pour la Palme d'or cette année. En pleine pandémie liée au coronavirus, on y suit un shérif (Joaquin Phoenix), dont l'affrontement avec le maire (Pedro Pascal) va venir exacerber les tensions déjà palpables de la communauté d'une ville au Nouveau-Mexique. Le long-métrage a divisé la presse internationale (67% d'avis positifs sur Rotten Tomatoes), et les médias français. De notre côté, on peut vous affirmer que le film nous a beaucoup fait réagir.

© JP PARIENTE/SIPA (publiée le 17/05/2025)

"Tout est chaos", chantait Mylène Farmer, et ces paroles iconiques pourraient résumer Eddington en trois mots. Devant la caméra d'Ari Aster, l'Amérique est malade, elle ne s'écoute plus et ne cherche plus à se comprendre. La violence et la folie sont les seules issues. Ari Aster signe un film bordélique, hystérique et provocateur pour le meilleur, mais aussi parfois pour le pire.

Cette satire chaotique moque tous ses personnages : le maire progressiste mais hypocrite, le policier pétri de bêtise, sa belle-mère qui s'abreuve aux fakes news et aux théories complotistes, le gourou d'une secte, des jeunes anti-racistes perdus entre la conscience de leurs propres privilèges et les idéaux d'égalité et de justice qu'ils défendent... Difficile parfois de cerner quel est le propos du film, et ce qu'il cherche à critiquer véritablement, et c'est d'ailleurs l'un de ses principaux défauts.

Eddington fait (trop) monter la sauce. Il tire parfois sur la longueur en première partie, pour exploser dans un spectacle de violence jouissif dans sa seconde partie. Si l'excellent Joaquin Phoenix est de tous les plans, on regrette que des acteurs aussi talentueux que Pedro Pascal, Emma Stone ou Austin Butler soient tous relégués au second, voire au troisième plan.

La qualité d'Eddington, cette réflexion intense et explosive sur le chaos de la société américaine, est également son défaut : tout est dans l'excès. Le résultat se révèle par moment confus, et il faut laisser le temps au film d'infuser, y réfléchir quelques heures, pour en apprécier son intensité. A Cannes, Il n'a pas suffisamment séduit le jury présidé par Juliette Binoche et ne figurait pas au palmarès. Au public désormais de le découvrir en salles ce mercredi 16 juillet.