JPod : le roman de la génération X
Douglas Coupland est né en 1961sur une base de l'OTAN en Allemagne, puis a vécu à Vancouver au Canada. En 1991, il publie son premier roman "Génération X" qui devient rapidement culte en retraçant le destin de 3 personnages issues de la génération X, classification qui désigne les personnes nées entres les années 1959 et 1979. Ils sont les enfants des baby-boomers, marqués par l'explosion de la société de consommation, du marketing, de l'informatique, des jeux vidéo puis d'Internet... Et par une période de récession économique et de montée du chômage.
A partir de "Girlfriend dans le coma" publié en 2004 en France, l'écriture et le modèle de narration de Douglas Coupland commence à prendre des tournures psychédéliques, ses romans toujours délirants sont en plus émaillés d'événements improbables comme la chute d'une comète dans "Girlfriend dans le coma".
JPod : aux frontières du réel
Publié il y a déjà 4 ans aux Etats-Unis et au Canada, "JPod" raconte l'histoire d'Ethan Jarlewski codeur de jeux vidéo pour la société JPod. Lui et sa bande de geeks travaillent à la création d'un jeu de skate-board branché "BoardX" jusqu'à ce que Steve, leur manager, décide d'y implanter une "tortue charismatique" car son fils de 4 ans "adore les tortues".
Au même moment, la mère d'Ethan se retrouve avec le cadavre d'un biker sur les bras (rapport aux plants de cannabis qu'elle cultive dans la cave), pendant que son frère lui livre une cargaison de clandestins chinois dans son appartement. Le père d'Ethan n'est pas en reste puisqu'il essaie désespérément de décrocher des rôles de figurants au cinéma ; perpétuellement coupé au montage, il se console dans la danse de salon, qu'il exécute ponctuellement... Avec des objets.
L'art de restituer la réalité avec exactitude... ou presque
Multipliant les références et les marques : Google, Ebay, McDonald, Subway, les céréals Cherios, Coca Cola et Pepsi bien sûr... Douglas Coupland parvient à saisir avec pertinence une réalité polymorphe et totalement absurde, où n'importe quoi peut se produire n'importe quand, et où les slogans de publicités et les réflexions d'Ethan se mélangent très naturellement.
Plus anecdotique, Coupland s'amuse à insérer dans son récit des pages de code html, des suites de nombres premiers, ou encore quelques slogans dénués de sens en police 75, qui finissent d'ajouter au caractère totalement barré du livre.
Aussi le lecteur est à peine étonné quand au détour d'un voyage en Chine, Ethan croise... Douglas Coupland lui-même dans la classe affaire de l'avion. Une mise en scène plutôt étonnante qui oscille entre culte de la personnalité et schizophrénie.
Au final, "Jpod" est un livre totalement délirant, jubilatoire et (ce qui n'est pas rien) très drôle.
Quelques citations...
Page 22 : "- J'aimerais savoir ce que les gens font statistiquement quand ils se ramassent une mauvaise nouvelle monumentale, a dit John Doe. (...)
- Ne me demande pas John. Regarde sur Google."
Page 175 : "J'ai remporté le tournoi de Tetris du 2e étage qui s'est tenu dans la salle de conférence cet après-midi - le premier prix était une bouteille d'azote liquide ! Du coup, nous avons fouillé les bureaux à la recherche de trucs à surgeler. Effets de l'azote liquide sur les objets du bureau :
La moitié d'un sandwich au thon : s'est désagrégée comme de la craie
Une calculette souvenir Arnold et Willy d'époque : fonctionnait toujours
Du papier (75g/m²) : pas d'effet visible
Un donut à moitié mangé récupéré dans la poubelle de Kaitlin : s'est émietté
Une feuille de philodendron : a pris l'aspect d'une chips"
Page 242 : "J'oublie toujours que ta famille fonctionne sous logiciel Microsoft, a dit Kaitlin"
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