Les petites histoires rendent-elles justice à la grande histoire ?
Les Français aiment l'Histoire. Leur histoire. Tous les invités des "Éclaireurs", réunis pour ce débat culturel, s'accordent sur cette passion de nos compatriotes pour leur passé. Pour Jean-Pierre Azéma, historien spécialiste de la Seconde Guerre Mondiale et conseiller historique sur la série "Un village français", "nous aimons l'histoire parce que nous nous posons mille questions et que nous voulons savoir si on nous a raconté des bobards... " "Et par nécessité d'avoir des balises afin de comprendre le monde tourmenté dans lequel nous vivons", rajoute Eric Pincas, rédacteur-en-chef d'Historia. "La vulgarisation n'est pas antinomique de l'histoire et ne la remet pas en cause, analyse Michel-Édouard Leclerc, président des centres E.Leclerc. Mais il faut savoir faire le tri entre mythe et réalité : la véracité historique reste primordiale car elle est notre mémoire, notre référent".
Cette passion pour l'histoire de notre pays s'expose aujourd'hui sur YouTube, où fleurissent les chaînes d'histoire comme celle de Lucie Card, co-auteur de la chaîne "On va faire cours" : "nous aimons tous qu'on nous raconte des histoires, explique-t-elle. Notre histoire s'offre tous les jours devant nous, avec nos bâtiments historiques et nos paysages". Mais cette vulgarisation de l'histoire ne comporte-t-elle pas des risques ou, au contraire, comme le demande avec ironie Frédéric Taddeï, "les amateurs ne sont-ils pas meilleurs que les historiens professionnels ?" Je me sens comme un digicode, affirme Laurent Deutsch, acteur et écrivain. J'ai envie de dire aux gens "Venez, c'est formidable, vous allez voir que l'histoire que l'on va vous raconter, ce n'est pas l'histoire de Peter Pan mais ce qui nous est réellement arrivé !" ". "Mon challenge de "passeur" est de convaincre des universitaires d'arriver à rendre accessible l'histoire par le biais de récits, explique Eric Pincas car, avant d'être une science, l'histoire est une enquête".