Les drôles de techniques de drague des oiseaux

Les drôles de techniques de drague des oiseaux Deux études publiées récemment ont démontré que pour les parades amoureuses, les oiseaux avaient de la ressource ! Les coucous et les mandarins se parent de jolis camouflages pour attirer le regard des femelles, tandis que les mérions splendides préfèrent leur faire peur.

Ces recherches, dont les résultats ont été publiés en novembre et décembre 2010, nous en apprennent un peu plus sur les volatiles, et prouvent qu'il nous reste bien des choses à apprendre sur leurs méthodes de séduction. 

Un camouflage inutile

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Le coucou gris a des rayures sur le ventre, tandis que le diamant mandarin les a sous le bec. © Marianne Meunier / Norbert Laïs

Les ornithologues avaient depuis longtemps découvert que les fines rayures sur le plumage des oiseaux correspondaient à un camouflage. Une étude réalisée à l'université de Melbourne prouve que pour certains, comme les coucous ou les diamants mandarins, il peut s'agir d'un signal envoyé aux femelles. La constatation est la suivante : si les rayures servent à dissimuler l'oiseau dans les feuillages, pourquoi sont-elles placées sous le bec ou le ventre, là où elles ne servent à rien ? Les zoologistes Thanh-Lan Gluckman et Gonçalo Cardoso sont arrivés à la conclusion que, contrairement à ce qu'on pouvait penser jusqu'ici, ces motifs pouvaient avoir une signification sexuelle, tout comme les couleurs. En effet, leur position leur permet d'attirer l'œil des femelles lorsqu'ils sont de face.

Une petite frayeur pour briser la glace

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Un mérion splendide mâle (en bleu) et sa femelle, observés par les scientifiques. © Mitchell Walters, Cornell University

Du côté du mérion splendide, un passereau australien, on préfère effrayer sa compagne pour la séduire ! Technique largement éprouvée par les amateurs de cinéma d'horreur, elle résulte d'un comportement étrange. Le mérion est un oiseau qui chante à l'unisson avec son principal prédateur, le cassican, lorsque celui-ci pointe le bout de son bec. Selon Emma Greig, co-auteure de l'étude, "si cela peut paraître dangereux que le mérion mâle signale ainsi sa présence au prédateur, il ne faut pas oublier qu'il lui répond. Le prédateur a certainement moins l'air menaçant lorsqu'il chante que lorsqu'il chasse en silence."

Cette réaction toutefois risquée peut avoir des conséquences positives sur la vie amoureuse du passereau, car il s'empresse bien évidemment de chanter lorsqu'il n'y a aucun prédateur, afin d'attirer l'attention de madame. Emma Greig nous a précisé que cela impliquait "qu'il pouvait y avoir un avantage pour l'émetteur (dans notre cas, le mérion splendide mâle) de capter l'attention du récepteur (la femelle), avant de commencer à communiquer. Utiliser un chant qui appelle le prédateur est assez inhabituel, mais visiblement, c'est une stratégie particulièrement efficace". L'étude, très sérieuse, a été publiée dans le dernier numéro de Behavioral Ecology, et co-écrite par Emme Graig et Stephen Purett-Jones, des scientifiques de l'université de Chicago.
 

Plus d'informations :

  L'article de T-L Gluckman et G Cardoso dans Journal of Evolutionnary Biology

  L'article de Emma I.Greig et Stephen Pruett-Jones dans Behavioral Ecology

 

Voir aussi

Les parades amoureuses animales les plus insolites