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Petites planètes : d'étranges panoramiques
Ces images sont le fruit du travail d'Alexandre Duret-Lutz, docteur en informatique. Pas étonnant donc si la fabrication de ces images fait appel à des concepts mathématiques assez poussés comme la projection stéréographique ou la projection équirectangulaire.
Qu'est-ce qu'une projection ?
Nous visualisons le monde en 3 dimensions. Les photographies le restituent en 2 dimensions. Le passage de l'un à l'autre consiste en une "projection" de l'univers 3D sur une surface 2D.
Pour bien comprendre, imaginez que votre image se présente sous la forme d'une sphère posée sur une table. En vous positionnant au centre, cette sphère représente le monde tel que vous le voyez à 360 degrés. Au point le plus haut de cette sphère se trouve une source de lumière. La lumière part de cette source, traverse la sphère (votre image donc) et vient frapper la table (disons que c'est l'écran), exactement comme lorsque vous visionnez vos vieilles diapositives avec un projecteur.
Et bien voilà, vous venez d'effectuer une projection stéréographique, la différence étant que cet écran peut afficher une vue bien plus large qu'une simple diapositive (quasiment à 360° si l'écran avait une taille infinie). Bien sûr, cette projection génère des distorsions bien visibles sur les images finales. Et la position de la "lampe" va impacter le résultat final : une projection stéréographique ne génère pas forcément une "petite planète".
Comment créer une petite planète ?
La réalisation de ces petites planètes s'avère assez fastidieuse et nécessite beaucoup de temps et de précision. Pour l'image du lac des Minimes dans le Bois de Vincennes par exemple, l'auteur précise avoir passé près de 2 heures de travail et 19 heures de calcul réalisées par son ordinateur, l'image finale pesant 2,5 GB. Autant dire qu'il faut s'armer de patience. Heureusement, des outils informatiques sont là pour aider à la réalisation.
Globalement, voici comment se déroule la création :
Première étape : prendre les photos
Le but est de prendre suffisemment d'images pour réaliser un panorama d'un champ de vision de 360x180°, c'est-à-dire une sphère complète dont vous êtes le centre. Il faut cadrer soigneusement ses images en veillant à les superposer de 20 à 30% afin de faciliter l'opération d'assemblage. N'oubliez pas le zénith et le nadir afin de finaliser la sphère.
Il vous faut donc prendre des photos dans toutes les directions. Pour bien réussir cette étape, il faut idéalement que l'appareil tourne autour de son point nodal (point de l'objectif par lequel passent tous les rayons lumineux), afin d'éviter tout parallaxe, et non autour de vous. Il existe des têtes panoramiques facilitant ce travail comme la "Nodal Ninja" ou la "Manfrotto 300N ou 303SPH".
Le plus efficace consiste à utiliser un objectif fish-eye (très large champ de vision), vous aurez ainsi moins de clichés à prendre. Si vous le faites à main levée, ayant à l'esprit que plus vous serez prêt des objets, plus les images seront difficiles à assembler.
Positionnez votre appareil photo en mode manuel (mise au point, ouverture, vitesse et balance des blancs) de manière à réduire les différences de contraste et de couleurs.
Deuxième étape : assembler les photos
Avant de procéder à l'assemblage, corrigez les erreurs les plus visibles à l'aide de l'outil tampon d'un logiciel de retouche.
L'assemblage est une étape délicate : les images peuvent en effet présenter des différences d'exposition visibles sur le résultat final. Des logiciels d'assemblage comme Autopano-sift et Hugin peuvent grandement vous aider dans cette tâche, ainsi que Enblend pour améliorer les raccords (à utiliser dans cet ordre). L'objectif est d'en sortir un panorama "équirectangulaire".
Troisième étape : réaliser la projection stéréographique
Pour créer la petite planète, il faut utiliser un logiciel de retouche comme The Gimp associé au module MathMap, ou Photoshop associé au plug-in Flexify, ou avec Hugin à nouveau. C'est la partie la plus "mathématique" de la création. Vous devez utiliser le panorama précédemment créé : le logiciel l'interprète comme une image sphérique et va en générer une projection stéréographique.
A noter : ce type de projection donne un résultat bien meilleur qu'une transformation polaire (filtre disponible par défaut dans les logiciels de retouche).
Contribuez
Vous avez réussi à réaliser une "petite planète" ? Témoignez et déposez votre image.
