Dis-moi comment tu joues, je te dirai qui tu es

Dis-moi comment tu joues, je te dirai qui tu es Les Galeries Nationales du Grand Palais se remplissent de peluches, de poupées, de petits trains et de jeux vidéo pendant quatre mois. Le temps d'une expo consacrée à l'histoire du jouet, riche en enseignements.

Jusqu'au 23 janvier 2012, l'exposition rassemble près de 1 000 jouets de l'Antiquité à aujourd'hui.
L'occasion d'une plongée anthropologique dans l'histoire de l'enfance, du divertissement et de la morale. L'occasion aussi de se forger une opinion sur la théorie (l'évidence ?) de la "construction du genre".  

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Plus de 1 000 jouets rassemblés au Grand Palais © Jean Tholance - Arts décoratifs

Distribuons les jouets, distribuons les rôles sociaux

Des jouets roses et des jouets bleus, les clichés ont la vie dure...

Comment faire comprendre aux enfants quelle figure sociale il leur faudra incarner à l'avenir ? Comment leur signifier ce qui est de l'ordre du masculin, ce qui est de l'ordre du féminin ?

Donnez-leur des jouets ! S'ils sont d'abord l'outil du divertissement, de la récréation et de la pédagogie, les recherches des historiens de la culture nous apprennent que ces objets ludiques sont aussi investis de messages sociaux participant au développement culturel et identitaire de chaque individu.

Le jouet semble ainsi reproduire tous les stéréotypes diffusés dans la société, d'autant plus que ces petits objets sont maniés, aimés, adorés dès le plus jeune âge.

L'exposition est en ceci très éclairante : à chaque époque, le jouet joue un rôle important dans l'incorporation lente des comportements socialement codifiés et valorisés distinguant clairement les hommes des femmes.
Avec douceur, calme et maîtrise de soi, ou au contraire, avec virilité, action, vitesse... Dis-moi comment tu joues, je te dirai qui tu es.

La société semble découvrir depuis peu que l'on "joue aux garçons" et que l'on "joue aux filles" toute sa vie.
Les jouets seraient-ils les vecteurs privilégiés d'un apprentissage sexiste ?

Sans doute pas -cela impliquerait la volonté explicite d'un groupe de dominer un autre-, mais d'un apprentissage genré inconscient, certainement.

Si tu joues à la poupée...

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Une poupée datant du 300 après J.C., un G.I Joe de 1964 et Goldorak © Rmn Grand Palais - H. Lewancowski - J. Tholance


...alors tu es une fille. Avec leurs jouets, les fillettes de toutes générations ont reproduit les gestes de leur mère. Bercer un nourrisson, laver la dinette... Ces jouets ont immanquablement tenté de copier l'univers social de maman, d'abord concernée par les choses de la maison.
Petite fille, avec des jouets d'intérieur du t'amuseras.

Si tu joues à la guerre...


...alors tu es un garçon. Si l'on fait jouer "bien sagement" les fillettes, les garçons sont quant à eux invités à explorer le monde, à exprimer leur rudesse, leur énergie et leur esprit de compétition tout en s'amusant.
Rien d'étonnant alors à ce que les jouets s'imprègnent et se réinventent en fonction de ces habitudes, transmises de génération en génération.
Petits soldats, courses de char puis de voitures, figurines de héros de télévision...
Jeune garçon, avec des jouets qui développeront ta virilité tu m'amuseras.

Une expo pour s'émerveiller et pour réfléchir


5 grandes thématiques structurent l'exposition :

Le don ritualisé, autour d'un père Noël en avion et une grande projection vidéo de Pierrick Sorin.

Les animaux avec deux petites maisons affectées aux cirques et aux chevaux à bascules.

Les filles et les garçons autour du fameux BarbieFoot où les joueurs sont plutôt des joueuses.

La guerre, autour d'un théâtre optique de Pierrick Sorin et un mur d'images des génériques de séries pour enfants.

Renoncer à ses jouets, qui se termine dans la rotonde par une grande installation en 3D : la neige qui tombe autour d'une cheminée où brûlent les jouets.

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Présentation de l'exposition

Le site du Grand Palais