Cette maison ressemble à celle du facteur Cheval, elle est à quelques kilomètres de Paris

Cette maison ressemble à celle du facteur Cheval, elle est à quelques kilomètres de Paris Entièrement décorée de mosaïque des murs au plafond, cette maison est l'œuvre singulière d'un artiste autodidacte qui fit de ce lieu l'œuvre de sa vie.

Si dans la Drôme, le Palais Idéal du Facteur Cheval conçu par le facteur Ferdinand Cheval à partir de cailloux ramassés sur la route est devenu le deuxième monument préféré des Français, il n'est pourtant pas la seule maison en France créée par les mains d'un seul homme guidé par son imaginaire. Il existe dans la ville de Chartres, à une heure de Paris, une maison onirique similaire, construite avec des morceaux de vaisselle cassée...

En poussant la porte de la Maison Picassiette à Chartres, on découvre le travail fantastique de Raymond Isidore, qui, comme Ferdinand Cheval, a passé 33 ans de sa vie à ériger sa maison idéale. Ce jeune cantonnier de la ville de Chartres passait son temps à ramasser des tessons de verre, des débris de porcelaine et de la vaisselle cassée au hasard de ses promenades à travers les champs ou en fouillant dans les décharges publiques, "sans intention précise", mais "pour leurs couleurs et leur scintillement". C'est seulement en 1930 qu'il décide de se servir de cette immense collection pour décorer la maison qu'il avait construite pour lui et sa famille, s'improvisant mosaïste avec humilité et persévérance. Devenu balayeur du cimetière Saint-Chéron tout proche de sa maison à la fin de la seconde guerre mondiale, il entreprend la décoration extérieure de son domaine, achetant même des lots de vaisselle ébréchée à la salle des ventes de Chartres. De 1930 à 1962, "il a fait ça tout seul : il y a 29 000 heures de travail en 33 années en dehors de ses journées. Il a continué jusqu'à ce qu'il s'en aille, un an avant sa retraite, à 64 ans", avait témoigné sa femme après sa mort le 7 septembre 1964.

Dans la "cour noire" de la Maison Picassiette à Chartres. © PackShot - stock.adobe.com

Le créateur de la maison Picassiette laisse derrière lui un joyau de l'art brut. Dans cette maison et jardin désormais visitable et classés monuments historiques, chaque recoin est recouvert de mosaïques de vaisselle qui rendent compte des croyances de leur auteur. On y trouve beaucoup de références aux monuments de la ville de Chartres comme la cathédrale ou la Porte Guillaume, mais également des représentations de la culture populaire comme la Tour Eiffel, le mont Saint-Michel, la Joconde, des paysages de Beauce, des fleurs géométriques... Des sujets religieux trouvent place dans la chapelle qui renferme une mosaïque dans les tons bleus, rendant hommage à Marie. Dans la "cour noire" ont été construits un tombeau et un trône dit "du balayeur". Sur le mur de la cour s'élèvent 44 cathédrales entourant l'image de la Vierge représentée au-dessus de la grande rose de la cathédrale de Chartres. Le jardin décoré de statues et de fresques mène au "Trône bleu" puis au "Tombeau de l'Esprit". Autodidacte comme Ferdinand Cheval, Raymond Isidore a seulement été guidé par le pouvoir de son imagination et a ainsi fondé sa propre chapelle nourrie de ses multiples inspirations.

La visite de la Maison Picassiette, labellisée au "Patrimoine du XXe siècle", peut durer entre 30 minutes et 1h30 et coûte 9 euros (tarif réduit : 6 euros, gratuit pour les moins de 6 ans). Située dans un quartier pavillonnaire de la ville de Chartes, elle est accessible à pied à environ 10 minutes du centre historique, ou par bus.