Yannick Agnel accusé de viol : l'affaire expliquée

Yannick Agnel accusé de viol : l'affaire expliquée L'ancien nageur Yannick Agnel a été accusé de plusieurs viols sur des mineurs.

L'ex-champion français de natation voit la justice poursuivre ses investigations dans le dossier des accusations de viol sur mineure dont il fait l'objet. Mis en examen en décembre 2021, l'ancien nageur pourrait faire face à de nouvelles poursuites après l'audition d'une deuxième victime potentielle, révélée par RTL. Selon la radio, il s'agit à nouveau d'une jeune fille, âgée de moins de 15 ans à l'époque des faits qu'elle a racontés : ceux d'attouchements, sans notion de viol. Suffisant pour être répréhensible aux yeux de la loi. La datation des propos n'est pas connue, mais la jeune fille aurait été entendue par les enquêteurs de Mulhouse. Il s'agirait d'une potentielle victime issue du cercle familial du double champion olympique. 

Le Parisien s'était déjà fait l'écho de ces soupçons, en juin 2022, indiquant que le nageur en aurait lui-même parlé lors de son audition. Il s'agirait d'un flirt avec une mineure, donc, lors d'une soirée terminée dans le même duvet. Yannick Agnel aurait alors procédé à des attouchements sur l'adolescente. Des faits qui viendraient donc d'ajouter à la première affaire dans laquelle il a reconnu la "matérialité des faits", pour lesquels il a été mis en examen, et dont L'Equipe, ce jeudi 8 décembre 2022, livre des dessous éclairants.

Quelle est l'accusation de viol qui pèse sur Yannick Agnel ?

Les faits remonteraient autour de 2016 lorsque le nageur appartenait au club de natation de Mulhouse. A l'époque, le nageur est entraîné par Lionel Horter. Sa fille nage également à ce même club. Elle est alors âgée de 13 ans. Yannick Agnel et la jeune fille se fréquentent alors. Selon une enquête menée par Radio France, tout aurait débuté le 31 décembre 2015, lorsqu'un baiser a été échangé entre les deux, dans l'appartement du double champion olympique.

S'en sont suivis des rapports sexuels, au domicile de l'adolescente où s'est installé, par la suite, Yannick Agnel afin d'être plus encadré par son entraîneur, mais aussi en Thaïlande, lors d'un stage organisé en janvier et février 2016. Selon le récit de la victime présumée, dévoilé par L'Equipe, "on était dans un hôtel, les chambres étaient proches. En général, il me disait de venir par SMS après manger." Des faits qui ont également eu lieu à Rio, lors des JO 2016. Quant aux rapports sexuels en question, Yannick Agnel jure qu'il n'y a eu que "des échanges de caresses, des masturbations mutuelles" selon le quotidien sportif, quand la plaignante affirme que c'est allé plus loin.

Yannick Agnel mis en examen

Tous ces faits ont été racontés dans une plainte déposée par la fille de Lionel Horter au cours de l'été 2021. Après des investigations, Yannick Agnel a été placé en garde à vue le 9 décembre 2021, dans les locaux de la Direction territoriale de la police judiciaire, dans le cadre d'une information judiciaire pour "viol et agression sexuelle sur mineur de 15 ans". Lors de son audition, le nageur a reconnu "la matérialité des faits", sans pour autant avoir "le sentiment qu'il y ait eu contrainte". Il a ainsi été mis en examen mais laissé en liberté, sous contrôle judiciaire : interdiction de quitter la petite couronne parisienne, de se rendre à Mulhouse, sauf convocation judiciaire, d'entrer en contact avec la famille de la victime, ni avec son agent, Sophie Kamoun.

Le règlement de comptes comme ligne de défense

Une agent, cadre du monde de la natation française, qui a tenté d'influencer Yannick Agnel. C'est vers elle que le nageur se tourne, en décembre 2021, lorsqu'il est dans la tourmente face à l'accusation de viol dont il fait l'objet. La plaignante : N. Horter, la fille de Lionel Horter, ex-entraîneur d'Agnel au club de natation de Mulhouse, présidé par son frère, Franck Horter. Dans le cadre des investigations, la ligne téléphonique de Yannick Agnel a été placée sur écoute. Dans l'une des conversations avec Sophie Kamoun, retranscrites par L'Equipe, le mis en cause reconnaît avoir "une mini-amourette", "un truc que moi, je ne pouvais pas assumer, parce qu'elle était mineure." Il assure ne pas avoir eu de rapport sexuel avec l'adolescente d'alors, mais confie des "attouchements."

C'est à partir de là que Sophie Kamoun donne sa vision des choses sur l'attitude à adopter, après que Yannick Agnel a affirmé que la plaignante ne disposait pas de preuve écrite : "je pense que la meilleure ligne de défense c'est de dire : 'Encore un coup de la famille Horter'. Tu ne peux pas faire autrement que nier. Il y aura toujours un doute, jamais de preuve." Pourquoi s'en prendre à la famille de la jeune fille ? Yannick Agnel est en conflit depuis plusieurs années avec le club de natation de Mulhouse en raison de salaires qui ne lui avaient pas été versés en 2012 : 60 000€ que le tribunal judiciaire de Mulhouse a contraint le club à payer, malgré l'appel interjeté. La gestion du club et de ses finances avait également été pointées du doigt dans une enquête de Radio France. Pour l'agente, il s'agit d'un règlement de comptes.

Des pressions sur les nageurs auditionnés

Dans les échanges téléphoniques avec Sophie Kamoun, Yannick Agnel confie "trembler" depuis 2016, par peur que l'affaire ne jaillisse sur la place publique. Réponse sèche de celle qu'il appelle "belle-maman" : "Tu n'en as rien à foutre, t'as rien à avoir sur ta conscience, elle était consentante ! [...] C'est elle qui aura ça sur sa conscience jusqu'au restant de ses jours ! Accuser quelqu'un de viol alors qu'elle était consentante, oh ! [...] Tu plaisantes ou quoi ?" Mais face aux enquêteurs, Yannick Agnel craque et reconnaît des attouchements.

Lors des investigations, d'autres nageurs ont été auditionnés. Aucun ne semblait être étonné par les faits, raconte L'Equipe. Cependant, des pressions auraient été exercées par Sophie Kamoun sur ces nageurs afin qu'aucun propos négatif ne soit prononcé contre Yannick Agnel devant les enquêteurs, affirmant, en filigrane, qu'elle pourrait faire et défaire des carrières en conséquence. "Je réagis, à l'époque, de façon épidermique", a-t-elle répondu à L'Equipe.