Pourquoi l'Olympique Lyonnais peut vraiment descendre en Ligue 2 ?

Pourquoi l'Olympique Lyonnais peut vraiment descendre en Ligue 2 ? L'OL est avant-dernier de Ligue 1. Si beaucoup de suiveurs ont encore du mal à l'imaginer, il y a des raisons de penser que la relégation est un risque bien réel pour les Lyonnais.

Avec seulement deux points en six journées de championnat, l'Olympique Lyonnais réalise le pire début de saison de son histoire, à égalité avec la saison 1979-80. Cette année-là, les Gones avaient fini 18e de Ligue 1 et avaient dû disputer les barrages pour se maintenir. S'il est encore trop tôt pour affirmer que cet exercice 2023-24 sera aussi catastrophique, la saison est désormais bien engagée et la tendance n'est pas à l'amélioration du côté de Lyon. Décryptage de la situation d'un club mythique au bord du précipice.

Un nouveau coach déjà à la peine

Le match de samedi dernier à Brest aurait dû marquer le début d'un nouveau cycle, un "reset" mental et sportif pour le club rhodanien. Fabio Grosso faisait ses débuts sur le banc de l'OL, après l'éviction plus que prévisible de Laurent Blanc. Mais les Lyonnais ont livré une prestation bien terne, dominés par des Brestois en pleine confiance qui ont mérité leur victoire (1-0). Il est certain qu'il faudra du temps à Fabio Grosso pour insuffler une nouvelle dynamique et inculquer ses principes de jeu. Mais les attitudes des joueurs, sans repère sur le terrain, ressemblent parfois à un véritable abandon collectif. Certains médias font d'ailleurs écho de tensions en interne, y compris entre les joueurs, et l'ambiance générale au club ne semble pas être propice à une réaction d'orgueil.

L'OL mérite sa place de relégable

Les statistiques sont accablantes pour l'OL en ce début de saison, et montrent bien que le club est à sa place dans la zone rouge. Les Lyonnais sont ceux qui courent le moins et perdent le plus de duels en Ligue 1 cette saison, comme à Brest où ils ont gagné 47 duels pour presque le double de perdus (79). Les statistiques avancées sont aussi alarmantes. L'OL compte seulement 6,3 xG ("expected goals" ou buts attendus), troisième total le plus faible du championnat, pour 13,8 xGA ("expected goals against" ou buts encaissés attendus), total le plus élevé de Ligue 1. Des chiffres proches de la réalité, puisque les Lyonnais ont la pire attaque du championnat (3 buts) et la deuxième pire défense (11 buts encaissés). Ils n'ont d'ailleurs marqué que lorsqu'ils étaient déjà menés d'au moins deux buts. En bref : à la peine physiquement, sans idée offensivement et vulnérable derrière, cet OL semble incurable.

Des maux anciens et profonds

Cette ankylose est en partie imputable à l'absence totale de plan de jeu ou d'idée directrice sous Laurent Blanc, qui n'a eu de cesse de demander des joueurs expérimentés et "physiques" pour obtenir les mêmes résultats catastrophiques une fois ces recrues acquises. John Textor, en prenant le contrôle du club, aurait dû acter l'échec de l'entraîneur cévenol, et profiter de l'été pour relancer un nouveau cycle en choisissant un coach plus "moderne". Mais tout n'est pas de la faute de Laurent Blanc : il n'a fait qu'anesthésier un groupe déjà endormi, et surtout appauvri en qualité. Les départs de nombreux talents (Gusto, Lukeba, Barcola) mal remplacés et un mercato au rabais ont largement réduit la richesse de l'effectif, qui n'a désormais plus rien d'une équipe de haut de tableau. A cela s'ajoute une planification lacunaire, illustrée par la vente pour seulement 3,5 millions d'Abdoulaye Ndiaye à Troyes, alors qu'il était déjà prêt à prendre la succession de Lukeba et que l'OL est toujours à la recherche de ses titulaires en défense centrale.

Le club avance dans le brouillard

Pour ne rien arranger, la situation extra-sportive est plus que floue. Sanctionné par la DNCG cet été, nul ne sait si John Textor pourra ou voudra investir lors des prochains mercatos pour renouveler un effectif malade. La guerre de pouvoir avec Jean-Michel Aulas est terminée depuis son départ du club, mais la direction économique et sportive n'a pas été clarifiée. Le nouveau Président Exécutif, Santiago Cucci, n'a jamais travaillé dans le monde du sport et ressemble plus à un homme d'affaires qu'à un dirigeant de club. Il est d'ailleurs très discret dans les médias, comme John Textor, alors même qu'OL Groupe risque très gros économiquement en cas de saison catastrophique voire de descente en deuxième division. 

La direction sportive semble entre les mains de Matthieu Louis-Jean, directeur du recrutement, et Benjamin Charier, coordinateur du recrutement. Ceux-ci ont réussi à concrétiser de belles pistes (Mata, Nuamah, Alvero) mais doivent composer avec des moyens très limités et l'absence de ligne directrice concernant le projet de jeu des coachs successifs. Il faudra un investissement généreux des nouveaux propriétaires pour relancer la machine, mais aussi que la greffe prenne rapidement avec Fabio Grosso, car l'OL a déjà du retard et n'a plus le luxe de patienter. L'urgence est de prendre des points, et la mission sauvetage commence par un déplacement périlleux à Reims ce dimanche.