La justice européenne donne raison à la Super Ligue contre l'UEFA et la FIFA : quelles implications pour l'avenir du football européen ?

La justice européenne donne raison à la Super Ligue contre l'UEFA et la FIFA : quelles implications pour l'avenir du football européen ? La justice européenne a déclaré "illégales" les sanctions envisagées par l'UEFA et la FIFA en cas d'organisation de la Super Ligue. Quel avenir pour les compétitions européennes ?

Un arrêt historique de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), publié ce jeudi matin, a déclaré "illégales" les règles de la FIFA et de l'UEFA "soumettant à leur autorisation préalable la création de tout projet de nouvelle compétition de football interclubs, telle que la Superligue, et interdisant aux clubs et aux joueurs de participer à celle-ci, sous peine de sanctions." Ces mesures, prises pour empêcher la création d'une éventuelle Super Ligue européenne, sont un "abus de position dominante" aux yeux de la justice européenne, violant le droit de la concurrence.

Le litige a débuté en avril 2021, lorsque douze des meilleurs clubs d'Angleterre, d'Espagne et d'Italie ont annoncé leur intention de créer une Super Ligue européenne, dans le but de rivaliser avec la Ligue des champions de l'UEFA. Le projet de ligue s'est rapidement heurté à l'opposition des supporters et à la menace de sanctions de la part de l'UEFA, ce qui a finalement conduit à son abandon. 

Bien que la décision inédite de ce jeudi 21 décembre soit concentrée sur le monopole présumé de l'UEFA, elle s'est délibérément abstenue de porter un jugement sur la viabilité d'une ligue séparée, laissant la porte ouverte à d'éventuelles propositions futures : "Une compétition telle que le projet de Superligue ne doit pas pour autant être nécessairement autorisée. En effet, la Cour étant interrogée, de façon générale, sur les règles de la FIFA et de l'UEFA, elle ne prend pas position, dans son arrêt, sur ce projet spécifique."

Une victoire historique pour les acteurs de la Super Ligue

Bernd Reichart, président de A22, la société de gestion sportive qui promeut la Super Ligue, a célébré l'arrêt comme une victoire importante : "Nous avons remporté le droit d'exister. Les clubs sont désormais libres de la menace de sanctions ET libres de déterminer leur propre avenir. " Avant d'ajouter un affirmation étonnante : "Pour les supporters : nous proposons la diffusion gratuite de tous les matchs de la Superligue."

Le président du Real Madrid, Florentino Perez, a salué la décision en déclarant que "le football européen de clubs n'est pas et ne sera plus jamais un monopole", soulignant que les clubs sont désormais maîtres de leur destin. Le FC Barcelone, l'une des forces motrices du projet de Super League, s'est aussi félicité de cette décision via son président, Joan Laporta.

Après le verdict, l'UEFA a pris acte de la décision mais a précisé qu'elle n'approuvait pas le concept de Super Ligue. L'UEFA a exprimé sa confiance dans ses nouvelles règles, affirmant qu'elles étaient conformes aux lois et règlements européens. Pour l'instant, la FIFA n'a pas fait de déclaration officielle à ce sujet. La Ligue espagnole, fermement opposée à ce projet depuis sa naissance, a réagi : "Aujourd'hui plus que jamais, nous réitérons que la "Super Ligue" est un modèle égoïste et élitiste. Tout ce qui n'est pas totalement ouvert, avec un accès direct seulement à travers les championnats nationaux, saison par saison, est un format fermé."

Un nouveau projet de Super Ligue ?

La tentative inachevée de créer une Super Ligue européenne en avril 2021 impliquait douze grands clubs d'Angleterre, d'Espagne et d'Italie (le Real Madrid, le FC Barcelone, l'Atlético Madrid, Manchester United, Manchester City, Chelsea, Arsenal, Tottenham, Liverpool, la Juventus, l'Inter et AC Milan). Neuf d'entre eux se sont d'abord retirés en raison des réactions négatives, mais le Real Madrid, le FC Barcelone et la Juventus ont maintenu leur engagement. La Juventus a ensuite annoncé son intention de se retirer de tout projet futur en juin 2023.

Les organisateurs ont récemment dévoilé un nouveau format pour la Super Ligue, visant une compétition en trois divisions, avec 64 équipes qualifiées uniquement sur la base des performances sportives avec des promotions et des relégations, éliminant ainsi l'idée d'une affiliation permanente. De quoi convaincre les plus petits acteurs du football européen, qui craignaient d'être définitivement écartés des grandes compétitions avec ce projet de Super Ligue ?

Pas nécessairement. Les championnats nationaux restent dans l'ensemble opposés à l'ampleur que prendrait ce "championnat européen", qui empièterait sur leur stature sportive et économique. Et ce malgré la promesse que les matchs se jouent en milieu de semaine, sans incidence sur les ligues nationales. Surtout, les supporters ont montré une opposition virulente aux quatre coins de l'Europe lors du précédent projet.