Dopage dans le rugby : amphétamines, ordonnances... Les révélations de l'ancien médecin des Bleus

Dopage dans le rugby : amphétamines, ordonnances... Les révélations de l'ancien médecin des Bleus Le dopage dans le rugby n'est plus un sujet tabou. La preuve avec le livre du journaliste Pierre Ballester, à paraître début mars. Il y est question d'amphétamines, de fausses ordonnances et de dopage organisé en équipe de France.

Le dopage dans le rugby est un sujet qui revient régulièrement sur le tapis depuis quelques années. Le livre de l'ancien joueur Laurent Bénézech l'an passé, "Rugby, où sont tes valeurs ?", Editions La Martinière) évoquait déjà la "sur-médicalisation" des rugbymen. L'ouvrage du journaliste Pierre Ballester ("Rugby à charges, l'enquête choc", Editions La Martinière), à paraître début mars 2015, va encore plus loin. A travers les nombreux témoignages d'acteurs du monde du rugby, notamment des anciens médecins, l'auteur dresse un constat inquiétant sur la situation du rugby face au dopage. Le livre, dont les bonnes feuilles ont été publiées par L'Express ce mardi, aborde notamment le recours fréquent aux amphétamines.

Des pilules dans les assiettes des Bleus

Jacques Mombet, médecin d'Agen entre 1960 et 1975, puis du XV de France entre 1975 et 1995, témoigne : "Les amphétamines ont toujours existé dans le rugby et ailleurs. Dans les années 1970, des équipes entières en prenaient, d'autres non. Je me souviens d'un match de championnat, entre Fleurance et Marmande je crois, au cours duquel l'arbitre a pris peur ! Les joueurs avaient tous la bave aux lèvres, ils se mettaient des marrons même entre équipiers! Il a dû arrêter le match". Selon le médecin, c'était "une autre époque", sans agence antidopage et sans prévention. "C'était comme ça, à l'époque", confie-il. Dans ce livre, le XV de France n'est pas épargné. Le Dr Mombet, toujours : "Comme c'était généralisé, je l'ai vu également en équipe de France. Ils avaient chacun leur pilule devant leur assiette lors du repas d'avant match. C'était comme ça à tous les matchs. Du Captagon surtout, du Maxiton parfois". Il épargne toutefois certains grands noms du rugby comme Blanco, Sella ou Berbizier ("Non, pas eux. Ou alors c'était très exceptionnel"). Il affirme également que Albert Ferrasse, à l'époque président de la Fédération française de rugby (FFR) était au courant : "Oui, il était au courant. Mais il faisait entièrement confiance à Pène (NDLR : un autre médecin de l'équipe de France), avec qui il était très ami. [...] Vous savez, je me répète, mais, à l'époque, on n'avait pas la même approche que maintenant. Et puis la confiance, ça voulait dire aussi fermer les yeux".

Des ordonnances douteuses pour les Sud-Africains

Témoin le plus marquant de cet ouvrage, Jacques Mombet exprime également ses doutes sur des ordonnances fournies par des dirigeants pour justifier le recours de certains joueurs à des produits interdits. A ce sujet, il livre une anecdote sur une rencontre entre la France et l'Afrique du Sud en 1997. "Ce jour-là, je n'étais pas le médecin du XV de France, mais j'officiais en tant que responsable de la commission médicale de la fédération. Dans les heures qui précédaient la rencontre, il était question de contrôles antidopage et cette indiscrétion était revenue aux oreilles du staff sud-africain. Une heure environ avant le coup d'envoi, leur médecin m'accoste dans les couloirs des vestiaires. Il sort alors de sa mallette une liasse de papiers. C'était des ordonnances motivées. Il y en avait une grosse dizaine", raconte-t-il. "Quand il m'a remis ce paquet, je ne vous cache pas avoir un peu tiqué. Qu'on en présente une ou deux, soit, mais une douzaine, il y avait quelque chose qui clochait... Je crois bien que c'est le jour où on m'en a remis le plus".

EN VIDEO - Dopage : vers l'adoption de sanctions plus lourdes ?

"Dopage : vers l'adoption de sanctions plus lourdes"

A lire aussi