Eurovision : la date du concours est très spéciale cette année, c'est tout un symbole
La 68e édition du concours Eurovision de la chanson va débuter dès cette semaine, à Bâle, en Suisse, avec les demi-finales mardi et jeudi, puis la grande finale ce samedi 17 mai 2025. Parmi les pays qualifiés figurent les grands favoris comme la Suède, l'Autriche et la France, représentée cette année par Louane et sa chanson "maman". Mais au-delà de la compétition musicale, la date choisie pour le concours final a cette année une importance toute particulière.
Le 17 mai marque en effet chaque année depuis 2005 la Journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie. Initiée par la fondation "Émergence", basée à Montréal, cette journée commémore en réalité la date du 17 mai 1990, lorsque l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a retiré l'homosexualité de la liste des maladies mentales. L'objectif de ces 24 heures est de promouvoir les actions de sensibilisation et de prévention pour lutter contre la violence et la discrimination envers les personnes LGBT+ partout dans le monde.

Tout un symbole pour l'Eurovision, devenue une vitrine pour la communauté LGBT+ au fil des années. Considéré parfois comme la "Gay World Cup", le concours a en effet vu défiler de nombreux artistes emblématiques, de la victoire d'Abba, véritable icône gay en 1974, au chanteur français Bilal Hassani en 2019, en passant par le triomphe de Dana International en 1998, première star israélienne transgenre (qui devra s'exiler ensuite car menacée par les juifs intégristes), ou celui de la drag queen Conchita Wurst en 2014 .
Au-delà du strass, des paillettes et des chansons pop acidulées, l'Eurovision s'est en cela imposée comme une scène pour la visibilité et l'inclusion des personnes lesbiennes, gays, bi et trans. Fabien Randanne, journaliste spécialiste de l'Eurovision écrivant dans 20 Minutes, l'a déjà rappelé : ce concours a véritablement "fait bouger les lignes" pour les droits LGBT+ en Europe. "C'est un espace qui porte des valeurs progressistes, où les différences sont célébrées", a-t-il affirmé dans son livre "Queerovision", paru en avril. L'occasion aussi de rappeler que c'est une chanteuse lesbienne, Dany Dauberson, qui a représenté la France pour la première édition en 1956.
Grâce à son immense audience internationale (près de 190 millions de téléspectateurs chaque année dans une quarantaine de pays), le concours a même peut-être contribué plus que toute Journée mondiale à faire évoluer les mentalités sur le continent, d'Ouest en Est, même si les droits LGBT+ y restent fragiles. En Hongrie, une loi interdisant la "promotion" de l'homosexualité et la "propagande LGBT" auprès des mineurs, et faisant l'amalgame avec la pornographie, a récemment suscité une vive polémique. Elle avait par la suite été jugée contraire au droit de l'UE par la Commission européenne.