Sur les traces des merveilles du Parc du Yellowstone

Savez-vous que depuis des milliers d’années l’espace naturel du Yellowstone est source de mystères et de curiosités pour l’homme qui a la chance de pouvoir le traverser ?

Un peu d’histoire
Qui étaient ces hommes, que cherchaient-ils et quels mystères recèle cette terre faisant partie des états du Wyoming, du Montana et de l’Idaho, dans les montagnes « Rocheuses » ?

Les premiers étaient sans nul doute les Indiens d’Amérique qui, suivant les troupeaux de bisons pour leur nourriture, traversèrent ce lieu énigmatique appelé « Mitzi-a-dazi » ou encore « la rivière de la roche jaune ». Ce qu’ils voyaient très certainement dans les paysages devait les fasciner et prendre des aspects spirituels. La seule tribu y résidant toute l’année était celle des « Sheppeaters », descendant des tribus Indiennes « Bannok-Shoshone » et dont le nom provenait de leur alimentation essentiellement préparée à base de moutons. La zone du Yellowstone a été pour la première fois inscrite sur une carte par les Indiens, non pas pour localiser la beauté et la fascination des paysages, mais pour pointer les gisements d’obsidienne, verre volcanique de couleur noire, exploité pour confectionner des outils tels des lances, des couteaux, des pointes de flèches….

Vinrent les trappeurs qui prirent le chemin de leurs prédécesseurs traquant la grande faune (grizzlis,  élan,  grands cerfs …) pour la vente des peaux. Les trappeurs français, très présents sur cette partie du territoire -la nomination « Grand Téton » du Parc National juxtaposant l’entrée sud du Parc du Yellowstone en témoigne- racontaient qu’ils y voyaient : « des rivières bouillonnantes, des fontaines d’où l’eau jaillissait et des volcans de boues crachant des vapeurs puisées en enfer ». Quels mystères pouvaient bien expliquer toutes ces histoires redondantes…. Plusieurs équipes de scientifiques furent chargées de contrôler la véracité des propos des montagnards et ils durent se rendre à l’évidence qu’au Yellowstone, rien n’était comme ailleurs et qu’il fallait protéger ce lieu à tout jamais.

C’est ainsi qu’en 1872 cette partie de terre devint le « Parc National du Yellowstone », premier parc national créé dans le monde. Un siècle plus tard, en 1972 les Nations Unies déclarèrent les terres entourant le parc « Réserve Mondiale de Biosphère » et en 1978, le parc fut classé « Site du Patrimoine Mondiale » pour sa particularité et son caractère écologique. Sept forêts nationales et trois réserves nationales d’animaux sauvages entourent les parcs du Yellowstone et de « Grand Téton », faisant de cette partie terrestre l’un des derniers écosystèmes intact des zones tempérées.

La Particularité du Yellowstone
Après l’Alaska, le Yellowstone représente le plus grand parc naturel d’Amérique (près de 9000 km²). Il est localisé au Nord-Ouest des Etats-Unis, à une latitude de 44.43 Nord et une longitude de 110.67 Ouest (photo 1).

Photo 1 – Localisation géographique du parc

Sa particularité vient du fait que cette zone est une immense « caldeira » volcanique, autrement dit le cratère effondré d’un méga-volcan, situé sur un plateau à une altitude moyenne de 2300 mètres. Cette découverte pendant les années 60 et 70 par le scientifique Bob Christiansen du « United States Geological Survey (USGS) » apporta des précisions sur les dimensions du cratère (45 km de largeur et 76 km de longueur). Plus tard, les photos prises par la Nasa validèrent son hypothèse. A l’échelle de l’homme, de telles dimensions ont effectivement de quoi passer inaperçues !!!!!

Rien n’y est comme ailleurs, à commencer par les différentes formes et dynamiques de l’eau
La présence de l’eau est permanente, les dynamiques sont différentes. Vous la rencontrerez calme dans le lac du Yellowstone « Yellowstone lake », plus tumultueuse lorsqu’elle parvient au niveau de deux chutes d’eau de 35 et 95 mètres, situées dans le Canyon du Yellowstone (photos 2 et 3). Et elle devient tempétueuse lorsqu’elle jaillit avec force et beauté des nombreux geysers parsemant le parc (photos 4 et 5). Elle sera froide, chaude ou bouillonnante et sera l’écosystème privilégié d’espèces microscopiques endémiques qui la coloreront. La ligne de partage des eaux Pacifique/Atlantique prend naissance et traverse le parc du Yellowstone. Ainsi les rivières du Yellowstone et du Serpent, « Yellowstone river » et « Snake river », s’écarteront progressivement pour alimenter le Colorado qui s’écoulera vers l’Ouest et se jettera dans l’Océan Pacifique ainsi que le Missouri qui partira vers L’Est pour finir dans l’Océan Atlantique.





C’est bien l’eau et la chaleur qui façonnent le paysage lui donnant un aspect flouté, mystérieux et envoûtant ; les processus géothermaux y sont multiples et variés.

Ce territoire couvre à lui seul le plus grand ensemble de phénomènes géothermiques mondial. Sa localisation, juste au-dessus d’un point chaud et au sommet d’un réservoir de magma situé à moins d’une dizaine de kilomètres de profondeur, est une singularité. L’énergie permanente en découlant réchauffe les eaux souterraines qui remontent en surface sous la forme liquide ou vapeur et à différentes températures. Cela en fait un observatoire unique de phénomènes liés au géothermalisme, à ciel ouvert et sur une surface étendue.

Des centaines de geysers, des marmites de boues bouillonnantes, des rivières effervescentes et fumantes, des sources d’eau chaudes et de nombreuses fumerolles font partie des curiosités que l’on peut y observer.

Quelles sont les particularités liées à l’eau qu’ont bien pu voir les Indiens et Trappeurs à travers le parc ?

Tout d’abord, une cristallisation blanche opaque ou brillante rendant éblouissante la surface ainsi habillée.

Les dépôts blancs, de nature calcaire (CaCO3) ou siliceuse (SiO2), sont observables autour de chaque source d’eau chaude et de geysers. Ils sont le fruit du phénomène de dissolution/re-déposition. Les eaux chauffées, de manière permanente par la proximité de la chambre magmatique, vont en profondeur dissoudre le matériau rocheux (roches calcaires ou roches silicatées) dans lequel elles circulent. Cette dissolution partielle de la roche va enrichir les eaux en minéraux calciques ou siliceux (Ca2+, Si4+). Arrivées en surface, les eaux vont par refroidissement s’évaporer et être ainsi plus concentrées en ions dissous. Cette forte concentration ionique permettra alors la cristallisation et/ou l’encroutement de surface L’encroutement calcaire prend la forme de terrasse dans la zone de mammoth Hot Spring au Nord du parc (photos 5 et 6), quant à la cristallisation, elle peut être angulaire ou arrondie sous forme de perles (photo 7 et 8). Les végétaux qui tombent dans ces eaux auront la chance d’être cristallisés et ainsi de persister un peu plus. Peut-être deviendront-ils fossiles dans les temps géologiques ?















Une autre observation de cette blancheur est celle que l’on peut faire sur quelques arbres par endroits. Les pieds des arbres tout blancs semblent se pétrifier progressivement et se transformer en roche blanche (photo 9). Le processus en cause est celui de la remontée par capillarité des eaux, chargées minéralogiquement en calcium ou en silice, dans les tissus des végétaux. Les eaux des sources chaudes transforment ainsi le vivant en minéral.

Photo 10 : Arbres morts se pétrifiant par la base

Avaient-ils remarqué que les multiples couleurs prises par l’eau pouvaient être des indicateurs de températures ?

Les couleurs des eaux de sources varient, du bleu au marron, en passant par le vert et le jaune vif et l’orange. Ces couleurs ne sont pas le reflet de l’arc-en-ciel apparaissant parfois de manière furtive par temps d’orage, mais bien le fruit de la VIE. Les eaux de ces sources peuvent s’élever à des températures supérieures de celle de l’eau à ébullition selon l’altitude concernée (93°C). L’étude microscopique des eaux a mis en évidence des micro-organismes appelés « Thermophiles » ayant besoin de températures élevées pour se développer. Ces micro-organismes contiennent des pigments qui leur permettent de faire leur photosynthèse et ainsi de croître, c’est aussi ce qui donne la couleur à l’eau. Ainsi un gradient thermique a pu être réalisé à partir des couleurs des eaux chaudes, ce gradient est décroissant, du bleu souvent central (eau la plus chaude) au marron que l’on observe plus en périphérie d’une source chaude. C’est le cas des sources chaudes des très célèbres « Grand Prismatic » et du « Morning Glory Pool » (Photo 11 et 12).



















Il existe une échelle mettant en relation les micro-organismes, la température et la couleur de l’eau (photo 13) :



Photo 13
: Un des nombreux panneaux explicatifs du Parc

Les micro-organismes vivant dans les conditions les plus chaudes (≥ 93°C) sont les archées, elles donnent la couleur bleu intense à l’eau, les cyanobactéries (62°C ≤ T ≤ 73°C) celle de la couleur jaune (photo 14), les champignons (60°C ≤ T ≤ 62°C) et les algues (56°C ≤ T ≤ 60°C) la couleur verte; les protozoaires (50°C ≤ T ≤ 56°C) celle de l’orange ; les mousses (T ≤ 50°C) la couleur marron (photo 15).








On comprend bien que cet espace naturel ait suscité la curiosité de ceux qui l’ont traversé. Il provoque encore et toujours cette fascination des premiers jours, comme lorsque l’on découvre pour la première fois quelque chose de splendide et d’intriguant. Les phénomènes géothermiques sont en permanence en évolution et chaque année de nouvelles découvertes réalisées par les scientifiques mettent en avant son renouvellement perpétuel dans le temps et l’espace.

Le Parc du Yellowstone, un des plus visité au monde, est traversé chaque année par plus de trois millions de visiteurs qui, comme les indigènes et pionniers de l’époque s’extasient et se laissent envouter devant tant de splendeurs merveilleusement bien conservées depuis 1872.

Si cette invitation au voyage vous tente, n’hésitez pas à me rejoindre pour partager une de mes prochaines explorations de ce fabuleux parc.

Pour plus de détails, consultez le site :
http://www.escursia.fr/detail-voyage-Etats-Unis-descriptif-143.html