Première Guerre Mondiale : octobre 1914 - c'était il y a 100 ans !

Alors que nous célébrons le centenaire de la Première Guerre Mondiale, nous vous proposons de revivre le mois de septembre 1914, à travers le regard de L’Illustration, premier magazine au monde au début de la Grande Guerre.

3 octobre 1914 : Kamerad …Pardon ! C’est par la reddition d’un soldat allemand en couverture, que L’Illustration démarre le mois d’octobre 1914.

Alors que Lavedan disserte sur les mérites de la patience, Gustave Babin dresse un portrait élogieux du Chef d’état-major général des armées, le Général Joffre. Evidemment, l’intégralité du numéro est consacrée à la guerre. On y découvre un imposant reportage photographique sur l’incendie de la cathédrale de Reims. On y voit aussi les cadavres, allemands, au côté d’images de destruction de la Belgique envahie, qui ne laissent guère de doute au lecteur, sur l’intensité et la violence des combats en cours. Deux articles, dont l’un est intitulé « la guerre des taupes », nous font découvrir la tranchée. Alors que la course à la mer va bientôt s’achever, les contours de la future guerre de position sont déjà esquissés par les journalistes de L’Illustration. 

Le 10 octobre 1914, c’est une France confiante et conquérante que L’Illustration met en avant. Il y a évidemment cette cérémonie aux Invalides, qui fait la couverture et célèbre la prise de six nouveaux drapeaux allemands, en présence du Président de la République, tout juste rentré de Bordeaux ! Lavedan nous dessine les contours « d’une autre vie », celle des français dans la guerre. Des reportages photographiques nous montrent comment notre armée traite les prisonniers allemands, et nous font aussi découvrir les opérations victorieuses de l’armée serbe, les contingents algériens et tunisiens de la France, les contingents indiens de l’Angleterre. De nouvelles images illustrent l’ampleur des dégâts infligés à la Cathédrale de Reims. Le titre d’un article « la guerre, comme ils la font » est sans équivoque. Indignation, dégoût, se mêlent à une forme de crânerie, comme dans cet article faisant écho à un rapport du Général French sur les obus de 21 allemand. Bien que lors de l’impact au sol, ils creusent « une sorte de cratère assez vaste pour que l’on puisse y enterrer cinq chevaux », des officiers français racontent qu’explosant à moins de deux mètres d’eux, les obus n’avaient eu pour seul résultat que de les recouvrir de poussière … 

Le 17 octobre 1917, c’est le roi des Belges qui est à l’honneur. Les Belges opposent une résistance héroïque, que le plan Schlieffen n’avait pas prévue. Le roi Albert parcoure sans relâche le front, au plus près de ses soldats. En octobre, il manque de peu d’être blessé par l’explosion d’un Shrapnel. En Belgique, c’est aussi la bataille d’Anvers. Au même moment arrive sur le sol français les premiers contingents indiens, alors que L’Illustration met en image l’épisode du tricot du combattant qui illustre le lien permanent entre l’arrière et le front. Déjà se dessine cette mobilisation générale qui implique directement les civils dans l’effort de guerre. Contrairement à ce qui a pu parfois, à tort être dit, L’Illustration ne cache pas la réalité de cette guerre. Ainsi dans ce numéro, Lavedan écrit « En cinq minutes l’autre jour, j’ai eu autours de moi, cinq morts et seize blessés », dans un reportage de Julien Tynaire, intitulé « Tout près de la bataille », les images sont sans détour, comme le montre l’une des légendes « La recherche des morts au sommet d’une colline où l’on se livra un violent combat ». 

Le tricot du combattant fait la couverture du numéro du 24 octobre 1914, de L’Illustration, avec cette légende : «  Dans toute les familles françaises, grand’mères, jeunes filles, petites filles, tricotent la laine tout le jour en pensant à ces vaillants, parmi lesquels elles ont un fils, un frère ou un père, et qui vont avoir si froid, bientôt dans les tranchées ! ». Pierre Loti nous propose « Une autre vision du front de bataille », le journal nous emmène aussi sur le front d’Alsace et de Lorraine, et au-delà des événements liés au combat, c’est aussi la vie quotidienne des soldats que L’Illustration commence à nous raconter, avec évidemment la vie dans les tranchées. Après le « crime de Reims », L’Illustration revient sur le « crime d’Arras ». 

C’est la reine des Belges, Elisabeth, qui fait la couverture du 31 octobre 1914 : « Elle est là-bas avec le roi Albert, au milieu des troupes qui combat. … Elle console de vivre et console de mourir ; elle sourit et panse les blessures ». Lavedan nous raconte les blessés, et L’Illustration revient sur le martyre de la ville d’Arras. Nos fusiliers-marins s’illustrent à Ypres. Le journal revient en image sur le comportement déplacé des allemands dans les territoires occupés de la Belgique : « Les inconvenances de la soldatesque allemande ». Georges Scott croque une héroïque galopade des dragons, dessin qui sera bientôt repris par la propagande allemande, qui en détournera le sens. Le journal nous raconte aussi la chute d’Anvers, et nous fournit des croquis détaillé des tranchées allemandes. La guerre de position vient de commencer …

Retrouvez l'intégralité de ces articles et des images associées sur le site de L'Illustration.