Employée SNCF insultée : ce que montre la vidéo anti-fonctionnaires

Employée SNCF insultée : ce que montre la vidéo anti-fonctionnaires Une vidéo amateur montrant un cadre d'Orange insulter une salariée de la SNCF provoque bien des réactions depuis jeudi. Simple buzz ou révélateur d'un malaise plus profond ?

Le salarié d'Orange, filmé à son insu alors qu'il agressait verbalement une agente de la SNCF, a été identifié par l'opérateur mobile. C'est le dernier développement d'une affaire qui a pris d'importantes proportions ce vendredi 19 octobre. Dans une vidéo amateur publiée sur Internet la veille, on entendait cet homme s'emporter pendant près de 3 minutes à la gare de Viroflay, en région parisienne. Pendant qu'à l'image seuls ses pieds étaient visibles, on l'entendait affirmer qu'il gagnait "70k euros" et se moquer du faible salaire de l'employée de la SNCF. "J'en ai marre de payer 9 000 euros [d'impôts – NDLR] pour les fonctionnaires français", entend-on très clairement sur la vidéo. "Moi je suis supérieur à vous [...] je gagne 70k euros, vous êtes au Smic, alors vous fermez votre gueule !" L'usager de la SNCF explique ensuite qu'il "ne respecte plus" les fonctionnaires : "Vous n'auriez pas votre salaire, vous feriez quoi, vous seriez à la rue !" Puis de demander à son interlocutrice "quel est [son] salaire de merde ?" et de conclure par un "allez pauvre connasse..."

Lors de sa charge contre cette salariée de la SNCF au calme olympien, l'homme explique qu'il travaille pour Orange et se vante d'aller régulièrement à Saint Domingue pour son travail. Des "week-ends à la Baule" sont aussi mentionnés. C'est sans doute ce qui a permis à l'opérateur de l'identifier. "Tous les éléments relatifs à sa rémunération et ses déplacements sont fantaisistes", a tenu à préciser un responsable de l'entreprise. Face au tollé, Orange, comme la SNCF, a apporté son soutien à la salariée de la gare de Viroflay insultée. L'opérateur évoque des sanctions. En proie à "des difficultés personnelles", son salarié sera surtout aidé et suivi "dans le cadre du contrat social de l'entreprise".

Mais au-delà de cet échange houleux en lui-même, son traitement médiatique et ses conséquences pour les deux protagonistes posent question. Pourquoi cet accrochage, regrettable mais somme toute banal, a-t-il provoqué une telle avalanche de réactions ? Pourquoi cette vidéo, filmée en catimini par un autre client et postée sur YouTube comme des milliers d'autres, a-t-elle été aussi diffusée ? Enfin, pourquoi Orange a-t-il réagi aussi promptement jusqu'à mener une enquête en interne ?

L'opérateur a certainement voulu protéger son image et montrer qu'il ne s'associe nullement aux propos de son salarié. Mais si ce microphénomène a été monté en épingle, c'est peut-être aussi parce qu'il illustre les tensions qui traversent la société en période de crise. Le discours anti-fonctionnaire, qui ne date pas d'aujourd'hui, serait exacerbé par les difficultés que traversent les Français. Loin d'être un acte isolé, le clash révélerait un certain malaise des Français face aux privilèges, réels ou supposés, des employés de la fonction publique (et des entreprises publiques par la même occasion). Plus globalement, l'atmosphère politique et sociale délétère instillerait nombre de divisions dans différents segments la société. Autre hypothèse : c'est le traitement médiatique en lui même et la recherche du buzz qui sont en cause. Dans les deux cas, l'affaire de l'employée SNCF insultée par un salarié d'Orange semble dire bien plus que la vidéo par laquelle elle est née.

La vidéo originale de la dispute, diffusée sur YouTube