Attentat à Saint-Etienne-du-Rouvray : ce que l'on sait sur l'attaque de l'église près de Rouen mercredi soir

Attentat à Saint-Etienne-du-Rouvray : ce que l'on sait sur l'attaque de l'église près de Rouen mercredi soir ATTENTAT ROUEN - Un prêtre a été tué lors de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen. Les premiers éléments de l'enquête permettent d'en savoir plus sur l'identité des terroristes.

[Mis à jour le 27 juillet 2016 à 22h19] L'enquête continue au lendemain de l'attentat à Saint-Etienne du Rouvray, près de Rouen. Deux hommes se sont introduis dans l'église, à la fin de la messe, et ont pris en otage cinq personnes. Le prêtre a été égorgé et trois otages ont été blessés dont un grièvement. Daesh a revendiqué cet attentat. Le procureur de Paris, François Molins, a indiqué, lors d'une conférence de presse mardi soir, que l'un des deux terroristes, abattus par la police devant l'église, avait été identifié comme étant Adel Kermiche, un jeune homme de 19 ans déjà connu des services antiterroristes. Condamné pour avoir tenté de rejoindre la Syrie à deux reprises en 2015, il était surveillé par le biais d'un bracelet électronique et résidait chez ses parents, à Saint-Etienne du Rouvray. Le second terroriste n'est pour l'heure pas identifié officiellement mais, d'après l'AFP, les enquêteurs seraient sur la piste d'un certain Abdel Malik P. Lui aussi âgé de 19 ans, Abdel Malik P. était fiché S. Selon de nombreux médias, le jeune homme était recherché depuis quatre jours par les services de police antiterroristes. RTL, qui révèle l'info mercredi, explique qu'un service étranger aurait contacté les renseignements français le 22 juillet dernier pour les avertir qu'un homme s’apprêtait à commettre un acte violent sur le territoire français, avec pour seul indice, une photo de l'individu en question. De son côté, l'Etat islamique a diffusé une vidéo via son agence Amaq ce mercredi. Vidéo dans laquelle on voit deux hommes, présentés comme les auteurs de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, prêter allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l'organisation terroriste.

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L'église de Saint-Etienne-du-Rouvray n'a pas rouvert ses portes depuis l'attentat. Elle devrait de nouveau accueillir des fidèles pour une minute de silence interconfessionnelle vendredi. Les habitants, en deuil, devaient également participer à une marche blanche ce jeudi, à 17 heures. Dans la soirée de mercredi, la préfecture de Seine-Maritime a interdit cette marche blanche pour des raisons de sécurité. A la place, un rassemblement se tiendra à 18 heures au parc omnisports Youri Gagarine de la ville. Mais beaucoup n'ont pas attendu ces rendez-vous pour se recueillir, à l'instar de ce qu'on a pu voir lors des attentats à Paris : spontanément, ils se sont dirigés vers la mairie ou la maison du prêtre Jacques Hamel, sauvagement tué par les terroristes, rapporte France Bleu. L'émotion est vive à Saint-Etienne-du-Rouvray : le maire de la ville, Hubert Wulfranc, n'a pu retenir ses larmes lors d'une conférence de presse peu après l'attentat. "Soyons ensemble les derniers à pleurer et à être debout contre la barbarie et dans le respect de tous", a-t-il déclaré.

EN VIDEO - Le témoignage de Soeur Danielle qui a réussi à s'enfuir de l'église :

"Saint-Etienne-du Rouvray : Le témoignage bouleversant de Sœur Danielle (Vidéo)"

L'horreur à Saint-Etienne-du-Rouvray

Vers 11 heures, la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) de Rouen, ainsi que le Raid, sont rapidement intervenus pour neutraliser et abattre deux individus qui prenaient en otages 5 personnes dans une église de Saint-Etienne-du-Rouvray, dans l'agglomération de Rouen. L'attaque, qui a eu lieu alors que que la messe matinale était célébrée, a fait un mort parmi les personnes séquestrées, le prêtre Jacques Hamel. C'est une religieuse qui a pu sortir de l'église, située rue Gambetta, qui donné l'alerte.

Dernières infos sur l'attentat de Rouen

- L'un des terroristes a été identifié. Il s'agirait d'Adel Kermiche, un jeune de 19 ans originaire de Saint-Etienne-du-Rouvray. Le second individu n'a pas été formellement identifié mais quelques informations ont déjà filtré dans les médias (lire ci-dessous)

- Le bilan fait état d'un mort, le prêtre Jacques Hamel. Un paroissien de 86 ans a également été blessé. Il était entre la vie et la mort les premières heures suivant l'attaque mais son pronostic vital n'est désormais plus engagé.

- Un individu a été placé en garde à vue : un mineur proche qui serait le "frère cadet d'un homme parti en Syrie au printemps 2015 avec les papiers d'identité d'Adel Kermiche", a indiqué François Molins.

Le second terroriste identifié ? Une source proche du dossier citée par l'AFP assure qu'une "piste est privilégiée" par les enquêteurs. Ils auraient retrouvé une carte d'identité au nom d'Abdel Malik P. lors d'une perquisition au domicile familial d'Adel Kermiche, mardi. "Plusieurs éléments laissent à penser qu'il s'agit du deuxième assaillant", a précisé l'une des sources de l'agence. Cet individu serait un jeune homme de 19 ans originaire de Savoie. Son casier judiciaire serait vide ce qui aurait retardé l'identification, ses empreintes n'étant pas enregistrées dans le fichier de la police. Le Dauphine Libéré et France 3 Normandie complètent ces informations : d'après eux, le deuxième terroriste est originaire d'Aix-les-Bains, en Savoie, où des perquisitions auraient été menées dans la nuit. Le Point avait auparavant révélé que les initiales du second terroriste étaient A.M.P. Par contre, d'après le site d'information, il aurait 20 ans et serait né à Saint-Dié-des-Vosges. Il aurait fait l'objet d'une fiche S. Plus tard dans la soirée de mercredi, RTL a révélé une information selon laquelle le jeune homme serait l'individu recherché depuis plusieurs jours par les services de police antiterroristes. En effet, un service étranger aurait contacté les renseignements français le 22 juillet dernier pour les avertir qu'un homme s'apprêtait à commettre un acte violent sur le territoire français, avec pour seul indice, une photo de l'individu.

Nicolas Sarkozy a réagi à l'attentat de Rouen et a donné ses propositions pour lutter contre le terrorisme dans une interview au Monde. Ainsi, il aimerait que les personnes fichées S soient assignées à résidence et propose "pour les plus dangereux le placement dans un centre fermé". "Toutes les personnes qui sont aujourd'hui sous contrôle judiciaire pour des faits de terrorisme doivent être placées en détention provisoire et non plus laissées en liberté", ajoute l'ancien président. Dans cette interview, Nicolas Sarkozy revient également sur le principe de la double peine : "il est indispensable que tout étranger condamné pour un crime ou un délit à une peine de plus de cinq ans d'emprisonnement soit expulsé immédiatement". Le président des Républicains s'en est également pris au gouvernement en lui demandant que "tout la lumière (soit) faite" sur le parcours des terroristes mais également sur le dispositif de sécurité durant l'attentat de Nice. Sur ce dernier point, Nicolas Sarkozy craint un "mensonge d'Etat". Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a déclaré mercredi à la mi-journée que "si nous sortons des principes constitutionnels pour protéger la liberté (...), alors nous aurons consacré la victoire des terroristes".

Renforcement des forces Sentinelles. En réaction à l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, le gouvernement a annoncé un renforcement des forces Sentinelle avec "une répartition plus importante en province, notamment lors des rassemblements de foule".  Ainsi, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a précisé que 4000 militaires sont déployés sur Paris et 6000 dans les autres régions de France. Un renforcement possible grâce au "renoncement" des forces militaires à "une partie de leurs congés", a-t-il ajouté. Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur, a de son côté affirmé que l'exécutif avait pris de la décision "de faire monter en puissance la réserve opérationnelle de la gendarmerie". Par ailleurs, Marion Maréchal Le Pen a annoncé mardi soir sur Twitter son souhait de s'engager.

François Hollande a reçu mercredi matin les représentants des cultes à l'Elysée. A la sortie de cette réunion, Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris, a fait part de la "sidération psychologique" que les musulmans ressentent "devant l'annonce de ce sacrilège blasphématoire". L'ancien président du CFCM a par ailleurs appelé de ses voeux une "réforme" des institutions de l'Islam de France. "Nous avons espéré que dans l'avenir, (...) les musulmans de France soient à l'initiative d'une formation de nos religieux beaucoup plus attentive, et que de ce fait, un sentiment aussi d'une certaine réforme dans nos institutions soit à l'ordre du jour", a-t-il affirmé. Il a également demandé une sécurité renforcée autour des lieux de culte de toutes religions. 

Bilan de l'attentat de Rouen

L'un des otages, le prêtre Jacques Hamel, a été assassiné par les terroristes. Selon une source policière interrogée par Le Figaro, il aurait été égorgé. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet, a indiqué que l'attaque avait fait également un autre blessé grave, qui se trouvait dans un état critique dans les heures suivant l'attentat. Son pronostic vital n'est désormais plus engagé. Deux autres personnes ont été blessées plus légèrement. Les deux auteurs de la prise d'otages étaient armés d'armes blanches.

Le prêtre assassiné est le père Jacques Hamel, ordonné prêtre en 1958. Il était âgé de 86 ans, selon Dominique Lebrun, l'archevêque de Rouen, interrogé par la chaîne d'informations i-Télé. Le vicaire général de Rouen, Philippe Maheut, sur place, a fait part de son émotion : "C'est un des nôtres qui a été assassiné. C'est un prêtre âgé, fidèle parmi les fidèles. Il assurait la messe ce matin avec quelques fidèles, dont un couple". L'abbé Jacques Hamel avait fêté son Jubilé d'or en 2008, indique sa fiche du site de la paroisse de Saint-Etienne-du-Rouvray. Il officiait comme prêtre auxiliaire depuis 10 ans dans cette église.

EN VIDEO - Qui était le prêtre Jacques Hamel ?

"Qui était Jacques Hamel, le prêtre assassiné à Rouen ?"

Normandie Actu a contacté l'ancien curé de la paroisse, Pierre Belhache, également responsable "du dialogue avec les Musulmans". L'homme appelle à ne "ne pas faire d'amalgame". Et d'ajouter : "Nous avons reçu beaucoup de messages de soutien de la part de la communauté musulmane, notamment du président de la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray".

Le JDD est parvenu à recueillir les témoignages de quelques personnalités de la paroisse. Ainsi, soeur Annick évoque "un homme très effacé, très discret et très gentil. C'était quelqu'un proche des gens et de très fidèle." Soeur Julie, qui travaillait avec le prêtre, fait elle aussi part de son émotion : "Nous l'appréciions beaucoup, C'était un homme extraordinaire. Un vrai homme de Dieu. C'était quelqu'un de très accueillant. Les personnes de toutes les religions pouvaient venir le voir".

On ignore encore l'identité de l'autre victime qui elle-aussi aurait été égorgée et qui a été hospitalisée entre la vie et la mort en milieu de matinée. Son pronostic vital ne serait plus engagée, indique 20 Minutes, qui rapporte un propos du porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Par ailleurs, deux autres paroissiens ont également été blessés dans l'attaque. L'information a été donnée par l'archevêque de Rouen dans un communiqué.

Auteurs de l'attentat de Rouen

Le procureur de Paris, François Molins, a confirmé mardi soir ce que les médias avaient déjà commencé à révéler. L'un des deux assaillants a été identifié grâce à ses empreintes papillaires. Il s'agit d'Adel Kermiche, un jeune homme originaire de Mont-Saint-Aignan, une commune proche de Rouen et donc de Saint-Etienne-du-Rouvray où l'attentat a été commis. Le terroriste, âgé de seulement 19 ans, n'avait "aucune condamnation sur son casier judiciaire" mais était tout de même connu de la justice antiterroriste : il a en effet tenté par deux fois de rejoindre la Syrie. Placé en détention provisoire, il a ensuite été mis sous contrôle judiciaire avec bracelet électronique en mars dernier. Il habitait chez ses parents à Saint-Etienne-du-Rouvray.

Plus tôt dans la journée, les journalistes de M6 indiquaient que l'un des assaillants était fiché S, une information qui n'a pas été confirmée par le procureur de Paris. Selon Libération, la fiche aurait été "mise en sommeil" depuis son inculpation en France. Lors de son arrestation en Suisse, le journal La Tribune de Genève avait interrogé le directeur du centre genevois d'analyse du terrorisme. Au sujet du jeune homme, il disait : "Ce garçon n'a aucun ancrage religieux profond, il est en échec scolaire et bascule. Tout va très vite. Il passe énormément de temps sur Facebook. En analysant ses postes, on voit son évolution. Il ne s'en cache pas. Des éléments montrent qu'il sait qu'il va se battre, dans une vision idéalisée du combat".

Adel Kermiche aurait pu par ailleurs souffrir de troubles psychologiques. D'après Le Monde, il était suivi depuis l'âge de six ans et a régulièrement été hospitalise pour ces maux.

Pour l'heure, le second terroriste et auteur de cet attentat n'a pas encore été identifié. Selon des sources de l'AFP, il pourrait s'agir d'Abdel Malik P., un jeune homme de 19 ans originaire de Savoie. Une carte d'identité à son nom aurait été retrouvée lors d'une perquisition menée mardi au domicile familial d'Adel Kermiche. Le Dauphiné Libéré complète en avançant la ville d'Aix-les-Bains comme lieu d'origine de l'individu. Le Point donne, quant à lui, une version légèrement différente en affirmant qu'il serait âgé de 20 ans et natif de Saint-Dié-des-Vosges. Il aurait fait l'objet d'une fiche S, d'après le site d'information.

L'AFP rappelle mardi matin que plusieurs jihadistes dans le viseur de la justice sont originaires de Normandie. Les renseignements ont notamment identifié un bourreau du groupe Etat islamique, qui a grandi dans la banlieue de Rouen, nommé Maxime Hauchard. Ce jeune homme âgé de 24 ans, avait été identifié comme l'un des bourreaux de 18 otages syriens égorgés en octobre 2014. En France, il vivait dans le village du Bosc-Roger-en-Roumois. 

Revendication attentat de Rouen

Le mode opératoire ainsi que l'importance des moyens déployés laissaient supposer un acte à caractère terroriste islamiste, c'est désormais une certitude : l'attaque menée à Saint-Etienne-du-Rouvray a été revendiquée par Daesh. L'organisation terroriste a fait des établissements religieux une cible de leurs attaques.

Le parquet antiterroriste a été saisi de l'enquête. Plus précisément, elle est confiée conjointement à la sous-direction antiterroriste (SDAT) et à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Des "sources concordantes" du Point indiquent que les deux assaillants auraient crié "Daesh !" en entrant dans l'église. France 24 assure qu'ils auraient prononcé "Allahou Akbar". Selon la religieuse qui a pu rapidement sortir du bâtiment durant l'attaque, les assaillants auraient poussé des cris à caractère religieux. Contactée par Le Figaro, cette religieuse a donné davantage d'informations : "Ils sont entrés brusquement [...] Ils parlaient en arabe. J'ai vu un couteau. Je suis partie au moment où ils commençaient à agresser le père Jacques. Je ne sais même pas s'ils ont réalisé que je partais".

Son témoignage se poursuit sur BFM TV : "J'ai réagi au moment où il s'est attaqué à Jacques et qu'il l'a mis à genoux et qu'il a failli le faire tomber. Là j'ai pris la fuite et je suis sortie vite. Il était occupé à lui envoyer le couteau, il ne m'a pas vu sortir". Et d'ajouter : "Ils se sont enregistrés. Ils ont fait un peu comme un sermon autour de l'autel en arabe".

Selon des informations du Figaro, Sid Ahmed Ghlam, qui a assassiné une professeure de fitness en région parisienne, avait été soupçonné d'avoir visé l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray. Le terroriste avait par ailleurs pour projet d'attaquer une église catholique de Villejuif.